Tambour battant

L’humain est comme un tambour usé, délaissé chez un brocanteur,
qui aurait été emballé dans un carton fermé, enrobé d’un joli papier décoratif.

Peut-on jouer d’un tambour en le laissant dans son emballage ?

La peau du tambour est censée vibrer,
mais sous prétexte de prévoyance anti-accident,
une couche plastique solide recouvre cette peau.
Inutile d’ajouter que le tambour est assuré contre tout-risques.

En mettant son tambour protégé dans le carton,
l’humain n’a pas fait gaffe au fait que la peau était restée figée  en une vibration de peur.

Dans cette métaphore, la peau du tambour correspond à l’émotion.

Depuis près de 10’000 ans l’homo sapiens a peur… de se laisser vibrer.

L’humain civilisé a peur de vibrer.

L’émotionnel collectif, général, ne "vibrotte" plus que sur peur :
peur du lendemain, peur du patron, peur du qu’en dira-t-on, peur de déplaire,
peur de vieillir, de ne plus séduire, peur d’être déçu, de souffrir à nouveau,
peur d’une crise économique, peur des orages, peur des autres animaux,
peur des femmes, et des hommes, peur du noir, peur de la différence,
peur des microbes, peur de mourir, peur d’aimer, peur de vivre, etc.

Depuis l’industrialisation intensive, l’humain ne joue plus guère du tambour,
sauf pour le mettre en scène, comme vu à la TV et lu dans les romans.
Selfies, sourire « cheese », selfies avec maman, puis avec papa.

L’humain a peur de son émotion qui, pourtant,
pourrait osciller vers joie de vivre, d’éprouver les relations.

L’humain s’est persuadé que, sans émotion, l’idéal progressé serait atteint facilement,
ce qui revient à croire que le chien nous a incité à nous enivrer plus que de raison.

L’émotion n’est ni ennemie ni trouble-fête.

L’émotion est festival de musiques variées, sans genre/tout genres.

Un tambour, se ferait-il entendre sans la peau qui le recouvre ?

La vibration émotive informe concernant l’interaction avec l’environnement, avec ce qu’il se passe.
L’émotion varie, module ses harmonies de cent mille façons,
allant et venant de la peur, de la colère, de la contrariété, du contentement, de la tristesse, de la joie…

En se calmant, en s’apaisant, en se détendant,
et sans stimulations extérieures ni auto-stimulations mentales,
on découvre que l’émotion est… neutre ;
je veux dire qu’elle n’est ni bien ni mal,
juste indispensable pour se sentir vivre et relié avec le monde.

L’émotion nous met en garde, nous allume parfois, nous fait pleurer, rougir,
ou peut nous transporter dans le délice subtil d’une expérience transcendante.
L’émotion informe, au même titre que le regard, les sensations, l’odeur, l’ouïe, etc.

L’émotion, comme l’eau calme d’un lac, peut se troubler,
changer de couleur, être transparente ou boueuse,
se démonter et faire des vagues, etc.
C’est durant ces variations que l’émotion n’est plus neutre.
C’est durant ces moments pulsants qu’apprendre à se maîtriser est important.

Il ne s’agit ni de lutter contre l’émotion ni de la mépriser ni la dénier
ni, surtout, la contenir trop longtemps, en voulant lui imposer une autre émotion à la place.

Ce n’est pas l’émotion qu’il faut s’efforcer de contenir,
mais la réaction.

Apprendre à se maîtriser, c’est parvenir à vivre et éprouver l’émotion de l’instant,
sans perdre le contrôle sur sa réactivité, ce qui amène à agir avec discernement, intelligence.


Prendre soin de soi implique de prendre soin de son tambour émotif,
en calmant régulièrement (le plus souvent possible durant nos activités quotidiennes)
cette "fibre" délicate qui peut nous faire vibrer vers ce que chacun espère : davantage de bonheur.

Croyez-vous vraiment que la technologie ou que sais-je d’autres d’extérieur à soi
peut nous faire éprouver la joie de vivre, demain-sera-mieux ?

C’est comme chercher Dieu à l’extérieur de soi, le patron des patrons,
et passer son existence à refouler et à piétiner sa propre divinité (lumière intérieure)
en ne respectant ni la Nature ni les autres formes de vie, ni même les autres humains ;
pourtant, le tout est créé à l’image de Dieu, vénéré par la parole uniquement.


Eh ben, en ce moment, notre tambour émotif est mis à rude épreuve, je trouve.
Il y a encore 1 mois, je n’aurais pas cru voir le ciel sans fumées d’avions.
Il y a encore 1 mois, il aurait été inimaginable d’arrêter l’économie
et là que, ploufff  mondial,
pas ou peu de réactions ;
comme si on (des milliards de gens) attendait,
de pouvoir reprendre la voiture pour aller à l’aéroport,
l’émotion nouée sur sourire-dents-blanches-rien-à-me-reprocher.

Après le confinement, orgie générale,
le tambour dans le carton.

La révolution sera intérieure

(entendu dans un reportage intitulé « En quête de sens ») .

Qui sait, peut-être qu’il suffit de sortir le tambour du carton

et, surtout, d’ôter la couche plastique recouvrant sa peau ?

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Liens
* Handicap émotivo-sexuel
* Fonction centrale du sentiment
* Colère, émotion ou sentiment ?
* Oser vibrer

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