La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mardi 21 avril 2020

Précieux plaisirs, mentaux


Que représente l’opéra ?
S’exalter intellectuellement en regardant, affalé dans un fauteuil,
le jeu théâtralisé de sentiments modélisés et sensibleries mièvres,
chanté, crié, sur des voix de tête. Spectacle pour cerveaux las de calculer.
Une occasion idéale d’exhiber ses vêtements les plus chers, ainsi que ses bijoux.

Le jazz ?
Plaisir masturbatoire cérébro-émotif
excitant les 87’456’263,45 neurones alcoolisés,
occupés à résoudre une équation servant à prouver le génie humain.

La littérature ?
Suite de mots bien agencés formant une histoire à consommer pour tromper l’ennui*,
en se convainquant de se cultiver, après avoir mangé un gros gâteau.
Passe-temps mental servant également à récolter du grain-paroles à moudre,
pour pouvoir argumenter au travail et à la prochaine soirée entre amis.

*Ennui : effet indésirable touchant l’esprit égaré du bourgeois civilisé.

La poésie ?
Enrobée d’une crème caviar sucrée au champagne, la cerise sur le gâteau littéraire.
Jouissance extatique intellecto-émotive. Le must culturel,
pour se donner l’illusion d’une haute perception particulière,
ainsi que d’une grande intelligence délicate, éprise de merveilles.

Un musée ?
Plaisir mental de regarder, après avoir payé son droit d’être là,
de désignées beautés dites artistiques considérées supérieures.
Et des ô, et des ah, des ôoh, et waouh, t’as vu la technique
La visite d’un musée, un cimetière d’objets,
stimule les mémoires de façon partielle et sélective.
On reconnaît un musée en le fait que ses objets exhibés
ont d’abord été outragés,
puis arrachés de leur milieu naturel, d’origine,
pour être expatriés, puis sacrifiés, cloués sur des murs sécurisés,
pour la bonne cause. Mal nécessaire pour un demain encore plus beau et sain.
Un musée se donne comme mission de préserver la culture,
alors que de s’y rendre fait l’effet d’une mise à jour subliminale
de notre conditionnement à nous conformer aux normes édictées.

Etc.


Ces activités parmi d’autres, tout autant culturelles, sont, en fait, des distractions.
Distraction ? Distraction par rapport à quoi ?
Par rapport à soi-même et par rapport à ce qu’il se passe dehors ici et maintenant.
Fuite face au Réel et Soi, pour se réfugier dans une bulle tout-confort de rêveries,
d’où visionner mentalement ce dont il a été décidé de se souvenir du passé.

Notons, au passage,
que la plupart des œuvres reconnue$ sont des histoires ou des travaux de riches,
écrites ou commandées par des nobles, riches.
Ces personnalités ont influencé et participé à la programmation du Système,
dont la définition de ce que doit être l’art industriel, pour être vendu en supermarché-moins-cher.

Et d’où nous vient ce goût de la littérature, de l’opéra, etc. ?

Eh oui, tout fonctionne en circuit fermé : les riches, sans qui nous ne serions pas,
nous imposent leurs idées, modes de vie et sens de la culture.

Cette culture mentale, de musées, réfléchit-elle la culture de l’humain :
riche ou pauvre, général ou plombier, agriculteur ou docteur,
fonctionnaire ou chômeur, sédentaire ou nomade ?

💣

💥

♫ la la la la laaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAA ♫ ♪


_____________________________________


Lien
* Leurre d'art (selon Gurdjieff, ce qu'était l'art avant la civilisation)



______________________________________________________________

6 commentaires:

  1. C'est drôle et acide ... je crois comprendre le sens que tu veux donner à ce côté "m'as-tu vu" ... mais au-delà de ça ... l'art peut nourrir l'âme et là j'adhère :-D

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. :)) salut Redelf, pas l'feu au lac j'espère
      ;)
      L'art doit nourrir, oui, et remuer, questionner...
      Pour les plus courageux, suivre le lien et lire le point de vue de Gurdjieff.
      Et aussi l'échange eu avec Tmor (en commentaires sous : https://souffledesonge.blogspot.com/2020/04/citadelle-sciences-et-efforts-ii.html

      J'l'ai relu, "leurre d'art", après plus de 2 ans, et j'ai bcp rigolé.

      Supprimer
  2. J'aime bien al radicalité de ton article ! L'institution qu'elle soit culturelle ou autre est toujours une affaire de grands. Il existe des alternatives, des engagements dans des voies (voix ?) qui renouent avec l'essence de ces pratiques. Faut fouiller et certains se découragent. Ce qui se passe en ce moment va faire un tri chez les artistes. Les grands vont s'en frotter les mains en disant qu'on est de trop sans même imaginer qu'ils pourraient faire partie de ce trop. Je considère qu'on n'est pas de trop, la créativité est vaste et correspond ou pas à un goût et quand bien même ça ne plaise qu'à une personne c'est déjà ça. Quant au mythe de la "redistribution" des cartes le propos ne me parle pas, j'attends pas, j'avance, pour le moment. Merci de nous amener à continuer à cogiter.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ton témoignage, Thierry.
      Oui, ne pas se décourager (pour les autres suivant la voie alternative renouant avec l'essence...)
      Ce qu'il se passe dans le milieu artistique se passe dans tous les milieux.
      Modélisation : offrir un modèle à suivre au plus grand nombre.

      Accroches-toi, l'ami, persévères sur ta voie.
      La créativité est à créer, à chaque instant
      ;)

      Supprimer
  3. Oui bien sûr nous ne sommes qu'un cas parmi tant d'autres. On continue d'avancer en gardant les yeux ouverts ! Merci de nous aider à les garder biens grands ouverts.

    RépondreSupprimer