La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 17 août 2018

Idéaliser, est-ce sérieux ? (G XXXIIII)

Dans cette rubrique paraît une série d’articles portant sur la connaissance de soi,
articles se composant d’extraits de l’enseignement de G. I. Gurdjieff,
selon les notes prises par P. D. Ouspensky, l’un de ses élèves.
G. I. Gurdjieff tenait sa connaissance de la « tradition ancienne ».

Ma motivation : se désenvoûter (un max. d'entre nous).
 
     Soyez votre propre flambeau et votre propre recours.
– Sagesse orientale
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Qu’entend G. I. Gurdjieff, au juste, par « être sérieux » ?
Beaucoup de choses vous restent incompréhensibles
parce que vous ne tenez pas compte de la signification
de quelques-uns des mots les plus simples ; par exemple,
vous n’avez jamais pensé à ce que veut dire « être sérieux ».
Essayez de répondre vous-mêmes à cette question.
Que signifie : « être sérieux ? »
- Avoir une attitude sérieuse envers les choses, dit quelqu’un.
- C’est bien là ce que chacun pense, dit Gurdjieff ;
en réalité, c’est exactement l’inverse.
Avoir une attitude sérieuse envers les choses ne signifie pas du tout être sérieux,
étant donné que toute la question est de savoir « envers quelles choses ».
Un très grand nombre de gens ont une attitude sérieuse envers des choses insignifiantes.
Peut-on dire qu’ils soient sérieux ? Bien sûr que non.
L’erreur vient de ce que le concept "sérieux" est pris dans un sens très relatif.
Ce qui est sérieux pour l’un ne l’est pas pour l’autre, et inversement.
(…)
Une seule chose est sérieuse pour tout le monde et en tous temps.
L’homme peut plus ou moins s’en rendre compte,
mais le sérieux des choses n’en sera point altéré pour autant.
Si l’homme pouvait comprendre toute l’horreur de la vie des gens ordinaires
qui tournent en rond dans un cercle d’intérêts et de buts insignifiants,
s’il pouvait comprendre ce qu’ils perdent,
il comprendrait qu’il ne peut y avoir qu’une chose sérieuse pour lui :
échapper à la loi générale, être libre.
Pour un homme en prison et condamné à mort, que peut-il y avoir de sérieux ?
Une seule chose : comment se sauver, comment échapper.
Rien d’autre n’est sérieux.

Concernant l’engagement de quelqu’un dans un travail sur soi,
G. I. Gurdjieff précise :
Avant tout, il doit savoir jusqu’où il veut aller,
et ce qu’il est prêt à sacrifier.
Rien n’est plus facile, ni plus vain, que de répondre : « tout ».
L’homme ne peut jamais tout sacrifier
et cela ne peut jamais lui être demandé.
Mais il doit définir exactement ce qu’il est prêt à sacrifier,
et ne plus marchander à ce sujet par la suite.
Ou bien il en sera de lui comme du loup du conte arménien.
Vous connaissez le conte arménien du loup et des moutons ?
Il y avait une fois un loup qui faisait de grands massacres de moutons
et semait la désolation dans les villages.
A la longue, je ne sais trop pourquoi,
il fut soudain pris de remords et se repentit ;

aussi décida-t-il de se réformer et de ne plus égorger de moutons.
Afin de tenir sérieusement sa promesse, il alla trouver le curé
et lui demanda de célébrer pour lui une messe d’actions de grâces.
Le curé commença la cérémonie ;
le loup y assistait, sanglotant et priant.

La messe dura longtemps.
Le loup avait exterminé pas mal de moutons du curé
et celui-ci priait donc avec ardeur afin que le loup s’amendât réellement.
Soudain le loup, ayant jeté un regard par la fenêtre,
vit les moutons qui rentraient au bercail.
Il ne pouvait plus tenir en place ;
mais le curé s’éternisait dans ses prières.
A la fin, le loup ne put se contenir davantage et cria :
« Finissons-en, curé ! ou tous les moutons seront rentrés,
et je n’aurai plus rien pour dîner ! »
C’est un conte très savoureux, parce qu’il dépeint admirablement l’homme :
l’homme est prêt à tout sacrifier, mais quant à son diner d’aujourd’hui,
c’est une autre histoire…
L’homme veut toujours commencer par quelque chose de grand.
Mais c’est impossible ; nous n’avons pas le choix :
il nous faut commencer par les choses d’aujourd’hui.

* * *

Ensuite, G. I. Gurdjieff a expliqué des méthodes par rapport à la respiration
que je ne recopie pas ici car il est dangereux d’intervenir sur la respiration.
Il faut savoir que nos mouvements ainsi que nos postures
sont directement reliés à notre façon de respirer.
Par exemple, si vous respirez mal ou que vous vous sentez anxieux, angoissé(e),
commencer par changer de posture (si vos bras sont croisés, décroisez-les
et levez-en un pour le poser sur l’accoudoir, par exemple,
ou si vous êtes prostrés, redressez-vous ; etc.)


Un résumé 

Le travail sur soi doit commencer par le corps et ses habitudes,
ainsi que par l'attention à la respiration 
(respirer profondément durant des moments de détente physique,
ou si vous faites du yoga, etc., en se rappelant soi-même). 

Le but, disait Gurdjieff, est la maîtrise de l’organisme,
et l’assujettissement de ses fonctions conscientes et inconscientes à la volonté.

La visée du travail sur soi consiste en le sacrifice de la fausse-personnalité
et de sa souffrance, ce qui permet la croissance de l’être.
Plus précisément,
il s’agit de parvenir à sacrifier l’illusion du moi-je et de ses savoirs,
ainsi que l’illusion de liberté que l’on croit disposer.
Se rappeler que :
fausse-personnalité = faux-moi = faux-désir = fausse-volonté = fausses motivations.

Apprendre à distinguer la volonté automatique, conditionnée par Mère Culture,
d’une volonté propre et consciente nous poussant à avancer, évoluer, croître…
Se rappeler, comme vu avec D. Quinn et défis de l'humain, que :
la culture et l’activité psychique sont interdépendantes.
Si la culture s’appauvrit, le psychisme s’appauvrit ;
et vice-versa, si le psychisme s’appauvrit, la culture s’appauvrit.
On comprend l’indignation de certains du niveau des TVréalitéshow, par exemple.
Si la culture s’enrichit, l’activité psychique s’enrichit (et vice-versa)…

* * * * * * * * *

Nous voilà au bout du livre d’Ouspensky.
Bien que ce ne soient que des extraits, vous profitez d’un tour complet.

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