La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

jeudi 30 août 2018

Dæmenzia vs Essenzia

Dæmenzia s’épanouit lorsqu’on agit à l’encontre de sa propre conscience,
en se convaincant que c’est le bon choix, qu’il n’y a pas d’autre possible
que de souffrir en faisant ce qu’une part de soi déteste et répudie.

Justification, rationalisation, banalisation, normalisation.

Au quotidien, on agit à l’encontre d’une part de soi-même
pour paraître adapté, conforme, séduisant-souriant
et ce, afin de pouvoir gagner sa vie endettée.

Se dresser soi-même
selon la discipline de l’ignoble Dæmenzia,
quelle idée funeste !




Dæmenzia s’étend dans les territoires intérieurs,
un peu comme, à l'extérieur, le béton, le goudron,
les champs de pesticide et autres excès industriels
qui rongent notre planète Terre bourrée de tumeurs suspectes.


Histoire d’Essenzia
Au commencement, une essence, une graine,
et le Mystère Ovarien cosmique.

Dans le ventre de la mère, la graine se fend.
Et croît l’essence,
le fœtus.

Le fœtus est expulsé,
un bébé apparaît à la lumière... des néons,
et son ombre se développe en même temps que son essence.

Le petit enfant s’écoute et apprend.

Rapidement, selon les parents,
et dès l’âge de trois ans en France,
on lui apprend à ne pas s’écouter
afin de respecter des consignes et des horaires,
la politesse, les civilités et autres codes de comportement,
ainsi que la hiérarchie, les lois (c’est interdit), etc.

Obstruction à la germination de l’essence.

L’ombre est importante,
autant veiller à son développement.
Cependant, une ombre,
peut-elle être, demeurer,
sans le corps qui absorbe la lumière en produisant cette ombre ?


De veiller à l’épanouissement de l’essence,
en laissant l’élan se déployer,
est le véritable défi, le seul.


L’ombre ne permet que les apprentissages mécaniques,
institutionnalisés, garantis conforme©Qualité-d’État.

Essence et ombre doivent grandir ensemble, autant que se peut,
l’une devant, durant une période, puis l’autre devant, et ainsi de suite.


L’ombre danse et tourne autour de l’essence,
essence qui impulse le vivant, le rythme, la vibration.


Dans notre monde, selon d’où proviennent les rayons du soleil,
il arrive que l’ombre devienne plus grande et imposante que le corps,
et il arrive trop souvent que l’ombre ambitieuse se prenne pour l’essence.

L’ombre veut aller son chemin, pour contrôler et commander,
n’acceptant de danser, que pour gagner des sous, et de tourner,
uniquement si c’est pour y gagner du prestige et des privilèges.
L’ombre, au commande de la personnalité, rêve de marquer l’Histoire.



Revenons à nos moutons-enfants :
Les enfants font tout pour plaire, convenir, être acceptés,
ayant tant besoin d’être aimés, tendrement.
Lorsqu’un enfant adopte le cadre qui lui est proposé
sans son entière adhésion intérieure,
il se voit obligé (inconsciemment) de se scinder en, au moins, deux parts.
Et alors, dans le fossé devenu terrain propice,
Dæmenzia germe et commence à croître en l’enfant,
d’abord dans son cœur,
puis de grimper au cerveau ;
ce qui, au fil du temps, finit par rendre insensible la personne.
Indifférence intérieure face à l’agonie du Soi.


Interférences intérieures, à tous niveaux.
Confusion.
Douleurs.
On n’est pas des fillettes,
y a qu'à supporter et ne plus y porter d'attention
.

Si l’enfant se croit "aimé" de devenir conforme,
– en se comportant comme l’attendent les divers éducateurs –
et qu’il ressente les adultes satisfaits lorsqu’il exhibe son ombre civilisée,
alors il développe un faux-moi, de fausses motivations, etc.

Dæmenzia guette le moindre faux-pas éloignant de son élan propre.

Un rappel :
Comment est-il possible de perdre le soi ?
Cette trahison inconcevable et méconnue, de l’homme à l’égard de lui-même,
a son origine dans la mort secrète de son psychisme, durant son enfance,
s’il n’est pas aimé et s’il est coupé de la source de sa spontanéité.
La victime peut « dépasser cela » mais c’est un double crime parfait
dans lequel il n’y a pas seulement le meurtre de la psyché.
Le soi naissant, progressivement et sans le savoir, « participe » à l’entreprise.
Il n’a pas été accepté tel qu’il est. « Oh ! ses parents l’aiment,
mais ils veulent ou ils espèrent qu’il sera différent et ils le forcent à l’être. »
Donc il est inacceptable.
Il apprend à le croire et finit par en être convaincu.

Il s’est complètement anéanti lui-même.
Quoi qu’il fasse, qu’il leur obéisse, ou qu’il se rebelle, se révolte, les refuse,
son comportement est en référence à eux.
Son centre de gravité est en eux, non en lui-même
et, pour autant qu’il s’en rende compte, il trouve cela naturel.
Et tout cela se fait impunément, de façon invisible et insoupçonnable.
C’est un paradoxe parfait. Tout semble normal.
Il n’y a pas eu crime : il n’y a pas de cadavre. Donc pas de culpabilité.
(…)
Mais qu’est-il arrivé ? Un homme a été rejeté non seulement par les siens,
mais par lui-même.
Qu’a-t-il perdu ?
La part essentielle et authentique de lui-même.
Sa propre appréhension, sa capacité de développement, ses racines.
Hélas ! Il n’est pas mort. La vie continue et lui avec.
A partir du moment où il s’est abandonné lui-même,
il a commencé inconsciemment à créer et maintenir un pseudo-soi.
Mais c’est un expédient, un soi sans enracinement.
(…)
A partir de là il va être déchiré par les pulsions (inconscientes) de ses besoins,
ou paralysé par ses conflits, chacun de ses mouvements
neutralisant un peu plus son soi, son identité.
Avec tout cela il a le déguisement d’une personne normale
et on s’attend à ce qu’il se comporte ainsi !
En un mot, nous devenons névrosés en cherchant ou en défendant un pseudo-soi,
et nous sommes névrosés dans la mesure où nous sommes dépourvus de soi.

– A. H. Maslow

La revanche d’Essenzia

On pourrait dire qu’il existe, pour chacun,
sa Voie et les voix de Dæmenzia.

L’unique moyen de repousser Dæmenzia consiste à revenir à Soi,
en se reconnectant avec les aspirations profondes de son essence.

Pour sa santé et aussi,
pour la paix de son âme,
le choix fondamental de chacun peut se résumer ainsi :
servir Dæmenzia, la tyrannique insatiable,
ou écouter Soi, afin de suivre la Voie d’Essenzia ?

Actuellement, dans le monde entier, Dæmenzia mène la danse ;
c’est pourquoi tant de personnes se laissent influencer,
entraîner dans ce courant malsain et malodorant
qui tue le vivant, au fur et à mesure de son écoulement.


Jusqu’à son dernier souffle de vie,
une personne peut renoncer et lutter contre Dæmenzia
afin de revenir à Essenzia, qui attend sagement de l'attention.

D’Essenzia se propagent Intelligence, Pardon et Amour.

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4 commentaires:

  1. Eric,
    Une séparation profonde qui ouvre un vaste gouffre de réflexions.
    Passionnant, merci.
    Thierry

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    1. Ne pas trop s'engouffrer dans le gouffre, quand même.
      Salut Thierry

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  2. Dans la vie, à l'intérieur de sa personne, tout est imbriqué.
    Je veux dire que ce n'est pas comme dans un texte, avec d'un côté l'essence
    et de l'autre la démence, par exemple. Quand on en parle,
    on tente de comprendre, on s'efforce de distinguer, d'analyser, d'étudier.
    Alors, on peut avoir l'impression de "choses" rangées, chacune dans une case.
    Mais à l'intérieur de soi, chacun le sent-sait que tout cela est pêle-mêle, emmêlé.

    J'avais hésité à arranger les paragraphes autrement, dans ce texte-ci,
    mais je me suis dit que, comme en soi-même, tout est confondu...

    NB : il me semble qu'à partir de l'image de Manara, on comprend le début
    de la psychopathologie (quelle qu'elle soit), comment ça commence...
    Quand on veut prendre soin de soi, il est nécessaire de revenir à ce commencement.
    C'est derrière ou au fond de notre difficulté que se tient la "solution", ainsi que notre essence...

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  3. Fournir quelques efforts pour comprendre ce propos,
    c'est déjà se prendre en charge, prendre soin de soi.
    Autoguérison.
    Personne, je dis bien personne, ne peut prendre soin de soi aussi bien que soi-même.
    Ne pas sous-estimer son propre pouvoir de guérison.

    Pratique (absolument rien de théorique) :
    que font les animaux quand ça ne va pas ou qu'ils sont blessés ?
    Ils s'isolent, jeûnent et dorment (se reposent, repliés sur eux-mêmes).

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