La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

dimanche 5 août 2018

Être tout à fait présent

Essai.

Essayons de comprendre ensemble le « rappel de soi ».

Que se passe-t-il lorsque, paf, je me lève, pas de bol,
je me tape la tête contre le battant de la fenêtre ouverte, aïeuh ?

Je veux dire, que comprendre de ces incidents fréquents ?

Faut-il y chercher une signification, un sens, un genre de message,
ou non ?

Le thérapeute en moi me dit que c’est un peu comme un acte manqué ;
et donc, oui, ces incidents signifient quelque chose.
Quoi ?
Que l’on n’est pas suffisamment à son affaire,
l’attention éparpillée ou ailleurs.
L’incident agit un peu comme un avertissement, une mise en garde,
par exemple que l’on est trop "dans sa tête", en train de penser, ressasser,
c’est-à-dire que, en quelque sorte, l’incident peut nous faire prendre conscience
qu’on pense à autre chose qu’à ce qu’on fait.
On est ailleurs ou insuffisamment présent, tout en étant physiquement ici.

(L’incident peut, aussi, nous mettre en garde contre autre chose,
comme de faire un mauvais choix ou ne pas se trouver à sa place,
être excessif, exalté, etc.)

L’incident de cet exemple (se cogner la tête) agit tel un « rappel de soi »,
puisque la douleur nous ramène à nous-mêmes (avoir senti le coup et ressenti le mal)
ainsi que dans la situation dans laquelle on s’active physiquement.

Si vous comprenez, nous pourrions nous montrer reconnaissant
de nous être tapé la tête, malgré la douleur,
puisque cela nous a fait revenir dans nos baskets,
pour nous permettre de sentir à nouveau et pleinement nos pieds dans les chaussures,
le contact des doigts aux talons avec la matière, etc.,
ne serait-ce que durant quelques secondes (le temps que la douleur passe, pour le moins).

C’est désagréable, la douleur, mais elle permet de réintégrer pleinement l’instant présent.
L’incident agit donc comme un rappel à revenir en soi.

Pour ceux/celles qui s’intéressent à la rubrique « initiation »,
l’incident de notre exemple semble correspondre au « choc additionnel »
dont parle G. I. Gurdjieff.
Un choc peut advenir de façon « accidentelle », comme dans notre exemple,
et un choc peut être provoqué intentionnellement.


Se rappeler soi-même pour être, par instants, et de plus en plus longtemps,
le plus en conscience possible, autant des phénomènes intérieurs qui nous traversent
que des phénomènes extérieurs auxquels on est confronté.
Conscience de soi et du monde. Attention à soi et au monde.

Sans rappel de soi fréquent et régulier,
on se fait comme aspirer par notre rythme de vie scandé,
par nos innombrables activités, par nos incessants blablas, etc.,
tout comme on se laisse entraîner par la pensée ou la rêverie,
ailleurs que ici et maintenant.

* * *

À chacun d’être le plus honnête possible avec soi-même :
Dans cette vie de ouf que nous menons à courir après l’argent
et à vouloir satisfaire notre ambition,
durant laquelle quasiment tout est minuté et agendé, organisé d’avance,
est-ce que je suis à mon affaire, en conscience, bien dans mes baskets,
la plupart du temps ?

J’en suis à me dire que les personnes Éveillées voient les autres endormis
car, justement, une partie de nous s’active ailleurs (penser, rêvasser, imaginer,
fantasmer, se construire des scénarios intérieurs ou des stratégies d’enfer,
se souvenir de son enfance, d'une partie de jambes en l'air, etc.)
Notre corps est là, s’activant automatiquement (habitudes et routine), mais la tête ?
Par exemple : au travail, quand on fait la vaisselle, etc., où est notre tête
et sur quoi porte notre attention ?

* * *

Voilà comment je saisis le rappel de soi, qu’il s’agit, bien évidemment,
de provoquer soi-même, plutôt que de se cogner quelque part, ou pire.

Régulièrement, durant le quotidien-train-train, il faut, car c’est important,
se rappeler soi-même pour revenir dans son corps sensitif et émotif,
ici et maintenant, avec toute son attention (le plus possible) ;
en étant attentif à son ressenti et à son sentiment (impression générale),
ainsi qu’aux autres (les personnes présentes)
et aussi, à ce qu’il se passe autour de soi, etc.

En pratiquant le rappel de soi régulièrement,
notre noyau intérieur se consolide de lui-même.
Pour le dire autrement,
le Soi (l’être profond) se renforce et s’impose de plus en plus,
quelque chose en nous devenant solide et permanent
et ce, quoi qu’il se passe à l’extérieur, dans le monde.

En essayant, en pratiquant le rappel de soi, on remarque, par exemple,
que le flux de pensées et images se calment (d’une façon générale),
qu’on s’écoute mieux et, surtout, qu’on agit le plus possible en fonction,
qu’on devient davantage intuitif…


En bref

Chaque jour, à chaque instant, le plus souvent possible,
il s’agit de se rappeler de se rappeler soi-même,
quoi qu’on fasse, où que l’on soit,
seul(e) ou en compagnie (de qui que ce soit).
Et de la sorte, peu à peu, au fil du temps,
on se sent plus intègre, entier, aligné, en phase,
et on marche de plus en plus sa parole,
en se sentant bien avec soi-même,
dans ses baskets.

________________________

11 commentaires:

  1. Eric,
    Ici et maintenant, pas toujours évident et pourtant le bol nous en est reconnaissant.
    @+

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    1. pas évident, surtout au début, puis, à force, ça devient une nouvelle habitude, un automatisme...
      (j'veux dire que, par ex., plus on pratique le "rappel de soi",
      plus ça devient quasi un besoin de se "rappeler soi-même"
      (même mécanisme que tout ce qui devient des habitudes)

      Dis, t'aurais pas inversé quèque chose (le bol ... reconnaissant) ?
      :))
      Bon jour Thierry (à cheval ?)

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  2. Bonsoir Eric.
    tu vas bien avec le chaud so fun. Pas évident non plus chez moi comme un peu partout
    cela devient comme tu le dis si bien un monde de ouf et parcours du combattant.Justement je me suis cognée la semaine passée dans ma cuisine = mini bleu dans la jambe:-) pourtant je me souviens pas que j'étais ailleurs ou pas concentrée.Dans cette société nous somme obligés de minimiser dans notre esprit les choses négatives sinon notre esprit sera mal mais tout en restant réaliste. C'est sûre que de rêver cela aide aussi expl: un tour en calèche,un voyage , une roulotte et partir visiter des endroits et etc.Cela aide à avancer car la vie passe vite.
    Et peut être parfois des rêves se réalisent.La vie n'est pas évidente même si elle est belle je parle surtout de la nature. J'ai pas compris pour: (il s’agit de se rappeler de se rappeler soi-même)mais quoi?
    Bonne soirée Eric

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    1. Coucou Lucette,
      oui, Rêver...

      Gurdjieff n'a pas expliqué, précisément, ce qu'est le "se rappeler soi-même", rien de plus que dans les extraits publiés
      (j'avais lu aussi des ouvrages d'autres de ses élèves, nada mas)
      Je ne peux en dire que ce que je comprends :
      par exemple, se rappeler à ce qu'on est essentiellement, dans le fond de soi.
      Se rapeler soi-même, comme dans l'exemple de se cogner, afin que tête et corps soient alignés et en phase, car si je m'active automatiquement en pensant à autre chose, ils ne sont pas en phase. Décalage. Une part de soi ici, une part par-là...
      Je ne peux en dire plus.
      Soi = l'entièreté de sa personne, physique, émotive et cérébrale (tête),
      mais aussi "l'autre en soi", c'est-à-dire la personnalité sociale et celle qui reste à l'intérieur de soi (façon de dire) ; et aussi, l'enfant-en-soi (rêve et désir originaux, purs, qui nous sont personnels), donc : se rapeler à ce tout qui est soi, à tout ce qui constitue ma personne (et non uniquement un ou deux aspects)...
      Se rappeler d'être bien présent dans la situation du moment, entièrement présent (le plus possible).

      A +

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  3. Ne pas confondre la "concentration" avec l' "attention".

    Lorsqu'on se concentre, il n'y a plus que soi et l'objet.

    Lorsqu'on porte son attention à..., on garde une vue sur l'ensemble (de notre champ de vision) tout en étant plus particulièrement vigilant à l'objet d'observation.

    Par exemple, dans un contexte relationnel :
    si je me concentre sur ce que l'autre dit, le reste reste en second plan (comme en photo, l'objet visé en gros plan apparaît clair alors qu'alentour c'est un peu flou) ; ce qui n'est pas le cas avec l'attention : je porte une spéciale attention à ce que l'autre dit, tout en maintenant de l'attention sur ce qu'il se passe alentour et encore, tout en portant de l'attention sur mes propres mouvements intérieurs (ressentis, sensations, sentiments, pensées, éventuelles intuitions).

    Quand on contemple, par exemple, on laisse l'attention embrasser le tout, à l'extérieur et à l'intérieur de soi, sans, justement, se concentrer sur quoi que ce soit ; et, à l'intérieur de soi, on instaure le silence (le plus possible) = pas de concentration ni sur un objet extérieur ni sur un objet intérieur).

    Quand on cherche à comprendre quelque chose de précis (en cas d'investigation, par exemple) on se concentre et on réfléchit...
    = ce sont deux fonctions différentes.

    Un truc comme ça.
    ;)

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  4. Merci bcp pour les explications Eric la j'ai bien compris, je t'es fais écrire bcp de lignes:-)Concentrée sur le sujet :-)
    Bonne soirée

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  5. Salut,
    sa fonction avec les piercings ou les tatouages le rappel de soi?
    Bonne nuit :))
    https://www.youtube.com/watch?v=JozVfR-XavQ

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    1. :))
      Tu sens le contact du métal contre la peau de ton oreille (ou ailleurs ; j'peux pas dire pour les tatou car 0 tatou sur mon corps de rêve)

      Youhou, un peu de muse. A + Cres

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  6. Bon, va falloir que je me rappelle bien à moi parce des bleus j'en ai un peu partout ! Quoique durant ma petite dizaine de jours de vacances je ne me suis fait qu'un seul bleu en ratant une porte ! C'est mieux ! :D

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    1. :)) on comprend pourquoi en lisant sous "sans argent, mourir".
      Ffffff (j'souffle sur ton bleu)

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