Pensée confinée

En ces jours pénibles, difficiles pour tous,
mortifères pour certains,
une pensée aux prostituées, qui ne doivent guère avoir de boulots ?
Avec le couvre-feu, elles deviennent belles de jour, au chômage technique.
Voilà qu’elles se refont une virginité maintenant.
Tous ces zizis en berne et ces couilles pleines !

Notons que, pour le symbole,
le confinement général tombe en période de Carême.
Une pensée aux drogués (aux produits durs) qui doivent peiner à se ravitailler.
Aïe, les crises de manque.
Aïe, des en-manque chez eux, je peine à me l’imaginer.
Aïe, comment vont réagir les en-manque lorsqu’ils n’en pourront plus d’être en manque ?

Que les alcooliques se rassurent, pour l’instant les rayons sont pleins.

Étonnamment, c’est plutôt calme dans les villes. Pour l’instant.

Une pensée aux libertins, partouzeurs, échangistes, hédonistes, gays performeurs, etc.,
qui doivent avoir mis une ceinture de chasteté, avec vibromasseur IA intégré.
Vivement les robots-sexe.

Une pensée aux SDF, clochards, travailleurs pauvres, squatteurs, etc.,
qui, vu la foule dehors, doivent se sentir soudain bien seuls sur le bitume.
De ce que j’ai lu, ils se font confiner également. Doit y avoir de l’ambiance.

Une pensée à celles et ceux qui supportent une ambiance familiale tendue, ou pire.

Une pensée aux enfants, que j’entends peu, pourtant nombreux, chez eux,
derrière des écrans ? On leur fait bien l’école par Internet.
Du coup, une pensée aux parents. Heureusement qu’existent la TV et Internet !

Manquerait plus qu’une coupure d’électricité prolongée.

Une pensée aux chiens qui voient leurs promenades quotidiennes
se limiter drastiquement aux pipis-cacas devant la porte d’entrée.
Et la balade ? J’ai pas fait de bêtises, pourquoi qu’il me punit, mon maître adoré ?
Peut-être qu’on leur apprend à faire dans des caisses, à la maison, comme les chats ?

Une contre-pensée aux méchants microbes qui, eux, semblent en pleine orgie.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Z'ont pigé l'esprit, les microbes, apparemment civilisés, adaptés à l'époque du Progrès.

Une contre-pensée aux salopards. Que calculez-vous et planifiez-vous en ce moment ?

Une contre-pensée à toutes celles et ceux qui s’accrochaient,
qui s’accrochent encore par l’espoir ?,
à ce Système industriel de production excessif, devenu inhumain
et, comme chacun peut le constater, complètement inconséquent et délirant de ravages divers et variés,
qui, en plus, nous a ôté, au fil des siècles, la joie de vivre.


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