La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

jeudi 5 mars 2020

S'ouvrir, telle une fleur


Que ressent une fleur ?



Sensations. Activité en son intérieur.

De ses racines bien accrochées, qui s’enfoncent en terre,
Fleur s’étire vers le haut, attirée probablement par la chaleur.

Interactions entre son être et le terrain où elle pousse
ainsi qu’avec l’environnement ambiant, dangereux.

Un peu comme notre corps, sa tige grandit,
entourée d’une sorte de peau protectrice.

La partie à l’air libre affronte stoïquement les tempêtes,
le passage des animaux et autres périls.

La tige de Fleur se noue afin de développer des branches transversales
ainsi que des feuilles sensitives percevant notamment la lumière.
Nouvelles sensations intérieures.
Relations intenses avec l’extérieur.
Impressions agréables (pour autant qu’on ne lui marche pas dessus
ou qu’un humain ne la coupe pas afin de la laisser agoniser dans un vase,
ce qui signifie pour Fleur qu’elle ne retournera pas à Terre, pour le grand recyclage,
l’humain n’ayant plus conscience des conséquences de ses actes, de son "bon" vouloir).

Fleur grandit encore et développe, en plus des feuilles, un ou des bourgeons.

Sa(es) tête se met à gonfler, grossir.

Fleur se sent soudain mal, désemparée, angoissée.
Elle pressent qu’il va se passer quelque chose d’important.

Imagine, lecteur, que ta tête (ou autre partie de ton corps) grossisse, grossisse,
et que des douleurs fulgurantes te fasse craindre une déchirure.
Souffrance insupportable. Peurs.
Perte de la notion du temps.
Confusion.
Ressentis à leurs paroxysmes.
Que m’arrive-t-il, vais-je mourir ?, pourrait se demander Fleur.

Et peu à peu, en douceur,
l’ouverture…
Le bourgeon s’est fissuré.
De l’intérieur du bourgeon,
des pétales se déploient et frémissent au vent.
Jouissance. Extase. Plaisir intense, transcendant.




Fleur se sent épanouie.

Fleur est fière de s’offrir au monde.
Elle peut maintenant donner d’elle-même,
participer à ce grand échange de nourritures,
en recevant cette bénéfique lumière qui vient d’en haut,
cette chaleur qui l’attirait tant depuis ses racines.

Les abeilles et coccinelles de venir la chatouiller, la butiner.
Fleur expérimente encore de nouvelles sensations,
dont le bonheur de rendre heureux autrui.
Elle rit en frémissant de se sentir si bien.
La pluie de la doucher. Fraîcheur agréable.
Le vent de l’inviter à danser.

En ne cessant d’interagir et d’échanger avec son environnement,
Fleur se fane, puis tombe à Terre, réjouie de se reposer.


10 commentaires:

  1. Épanouir et pas nuire, suivre le rythme quand il n'est pas trop perturbé... Belles images autant visuelles que textuelles.

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    1. ... "et pas nuire" : lorsque l'humain comprendra ça, à mon avis, ça ira mieux.

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  2. Les sensations de l'accouchement ! Pour la mère et pour l'enfant...

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    1. :)
      De ça, je n'en puis rien dire

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    2. Tu les as connues, le jour où tu es né... ton corps s'en souvient...

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    3. Mon corps, oui, :)

      Je pensais qu'en tant qu'homme je ne puis "savoir" ce qu'est de porter un enfant, qui se forme dans ta chair, qui se nourrit de ton sang et de que sais-je d'autres de ton corps, jusqu'à l'accouchement, et l'allaitement...
      De cet aspect de la relation, une interaction directe et physique, sensitive, entre la mère et l'enfant, un homme reste "en-dehors" (même s'il est très investi et attentif à ce qu'il se passe, auprès de la mère)
      ;))

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  3. Je reviens... te dire que c'est très beau, ce que tu as écrit là... :))))

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  4. C'est drôle car je ne prête pas de pensées humaines aux végétaux, pour moi ce sont des êtres à part bien meilleurs que nous et bien plus évolués. ;) j'ai l'impression qu'il n'y a bien que l'homme pour avoir peur, l'homme pour détruire afin de s'enrichir.

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    1. Et t'as bien raison (de ne pas prêter de pensées humaines aux végétaux, ni aux autres animaux).
      J'en viens à penser de plus en plus comme toi "ils sont plus évolués et meilleurs", c'est peut-être pourquoi nous les exterminons ? Végétaux et animaux nous renvoient notre égarement, ce qui nous est insupportable ?

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