La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

lundi 9 mars 2020

De la mort (I)


Considérer la mort telle une ennemie ‒ l’adversaire à contrecarrer, voire à anéantir ‒
a pour conséquence de rendre l’existence morne, abstraite et insipide, anxiogène et délirante.
Contre-sens et non-vie (ennui, lassitude, moral en berne, manque de motivation, déviance, etc.)

Walter R. Sickert



Rappelons que le mouvement provoque le changement ;
pour le dire autrement, le mouvement (déroulement des processus) provoque des déséquilibres.

Le but du jeu de l’existence saine ne consiste pas à maintenir un équilibre à tout prix, une fois pour toute,
mais à rétablir un équilibre au fur et à mesure des événements déséquilibrants.

L’équilibre maintenu arrête le mouvement, dont celui de nos élans propres,
ce qui a pour conséquences notamment de bloquer le développement du psychisme (vie intérieure),
ce qui tue l’âme à petit feu, en exacerbant notre petit esprit mesquin et jaloux
qui ressasse et ressasse... pour se convaincre de bien vivre, en Progrès.

Refuser la mort amène les esprits à craindre la vie,
à avoir peur d’exister, à ne plus oser prendre des risques,
en se sentant dérangé par…
le mouvement vibratoire joyeux et imprévisible du vivant !
… ?
C’est dément d'être dérangé par la vie, non ?
De la sorte, au fil du temps,
on devient un vivant-mort indifférent et insensible
qui s’agrippe désespérément à la matière et à ses possessions,
comme un bébé au sein de sa mère,
en devenant obsédé par des idéaux de bonheur confortable et sécurisé
qui ne sont que des bulles d’abstraction
allant et venant au gré des vents soufflant selon la mode moderne du moment.
NB : nos diverses tentatives d’atteindre des idéaux de vie se répètent inlassablement
(depuis les débuts de notre civilisation)
pour conforter les plus voraces d’entre nous,
obsédés par leurs prestige et prérogatives,
ainsi que par le contrôle… d’autrui.

Le non-mouvement par maintien d'un équilibre est un appel à Mort, une invitation ;
ne dit-on pas que le repos est une « petite mort » ?

Mort n'est pas non-mouvement,
Elle est mouvement qui dépasse notre entendement,
et dont nous ne devrions pas tant nous soucier.

A-t-on peur de la mort elle-même
ou de l’idée imaginative (et donc, abstraite) que l’on s’en fait ?

C’est un peu comme avec la souffrance :
penser à l’avance à une douleur la rend d’autant plus insoutenable et terrifiante
que la subite sensation de douleur elle-même.
Prévoir une douleur est insupportable pour notre esprit,
alors que subir une douleur non appréhendée à l’avance est certes désagréable, mais ça passe.

Il n’y a que l’animal-qui-se-voudrait-humain qui a séparé, intellectuellement, la vie de la mort,
ainsi que la souffrance du bien-être, etc., qui y pense, l'imagine et l'idéalise.
Comme le jour et la nuit, la vie et la mort forment, ensemble, un tout.
Sans morts, pas de vies.

Les autres formes de vie, végétale et animale, se soucient-elles de la mort durant leurs existences ?
N’est-ce donc pas à cause de notre activité mentale, de la capacité d’abstraction et de conceptualisation,
que nous craignons irrationnellement « ce dont nous ne savons rien » que nous nommons « Mort » ?

N’est-ce pas notre tête aliénée bourrée de blablas idéalisés et de calculs
qui nous fait rêver d’une vie éternelle,
en ravageant, contradictoirement, la planète (comment vivre éternellement sur une planète dévastée, stérile) ?




Mort est notamment grand recyclage de la Nature,
ce qui régénère et permet la vie : de nouvelles naissances, pousses, etc.

Mort est mouvement destructeur qui use, déforme, puis recycle (ce qui est donc "positif", indispensable).
Vie est mouvement multiplicateur qui, à partir du recyclage,
provoque des naissances (de véritables nouveautés, déstabilisantes).


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6 commentaires:

  1. Le vivant est naissance et mort
    Il n'y a pas de naissance sans mort
    Il n'y a pas de mort sans naissance.

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    1. Voilà, oui, c'est simple. Evidence.
      Mais alors, pourquoi l'humain s'évertue-t-il à casser, briser, ce cycle naturel, bénéfique, sans se rendre compte qu'en agissant de la sorte il se met en péril ?

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    2. La réponse est en chacun de nous...

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    3. ;)
      Euh..., il me semble qu'y en a qui ne l'entendent pas (et qui, au préalable,
      ne se questionnent pas. C'est que, calculer prend du temps, et le temps c'e$t...)
      :))

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  2. https://youtu.be/gYfStlmc1CU
    Depuis que je suis toute petite j'ai dans l'idée qu'il est impossible de disparaitre quand on meurt, je ne conçois pas que notre cerveau, nos idées, nos pensées puissent s'arrêter à jamais , j'imagine la mort comme un transfert ailleurs...

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    1. Merci Vi pour Nougaro.
      Toute une société, peut-elle tourner la page ?
      ;)
      "Transfert", joli, ça donne envie

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