La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

samedi 28 mars 2020

Écouter les autres ?


Faut-il écouter les autres ?


Combien d’entre nous savent que plusieurs degrés ou niveaux d’écoute sont possibles ?


Pour commencer, à moins d’être sourd, il y a l’écoute littérale :
il s’agit de l’écoute des sons et mots prononcés.
Certains ne croient que ce qu’ils voient.
À quoi on pourrait ajouter : et uniquement ce que leurs oreilles
sont capables d’entendre et de traiter par la raison.
À ce niveau, on comprend les choses telles quelles : « elle a dit que…,
il a promis…, il explique que c’est à cause de…, ça vaut des millions… »
Le problème de ce niveau consiste en le possible mensonge,
ainsi qu’en une éventuelle dissimulation d’informations
ou en la manipulation de certains faits, etc.
Avec les mots on peut dire et prétendre n’importe quoi,
et son contraire,
tout en agissant d’une façon différente.
On ne peut pas se fier à l’expression verbale ni écrite,
c’est pourquoi les preuves sont nécessaires
ou, pour le moins, de vérifier ce qui a été dit ou écrit.

Peu d’entre nous tiennent compte de l’attention portée sur le ressenti et l’expression non-verbale :
pendant qu’une personne parle, on l’observe.
On tient compte de ses position, gestuelle,  sa respiration, sa nervosité,
son humeur, sa voix, le ton employé, où se dirige son regard, etc.
Cette attitude nous propulse dans un second degré d’écoute : celui du ressenti.
Ce second degré d’écoute n’est possible qu’en s’écoutant soi-même
pendant qu’on écoute autrui.
Il ne s’agit pas, surtout pas, de s’écouter se parler (il s’agit plutôt d’interrompre
le dialogue intérieur : commentaires, cogitations, suppositions, argumentations,
justifications, jugements de valeurs, etc.)
Être attentif aux fluctuations de son ressenti, pendant que l’autre parle.

En bref :
pour entendre, il faut se taire (blabla intérieur) et faire le vide en soi-même,
en restant vigilant aux manifestations de son propre ressenti (sensations,
émotions, impressions et aussi, intuitions), ce qui est auto-observation,
et aussi, on observe l’autre, son attitude globale, tout en écoutant ses mots,
pour autant qu’ils ne génèrent pas trop d’interférences (le ressenti nous en informe).


À mon avis, il vaut mieux prêter attention aux autres, au moins un moment,
mais pas en se limitant et en se contentant d'une écoute littérale.

Lorsque l'on se rend compte, notamment par des résonances intérieures discordantes, que l’autre ment,
se la raconte, se vante ou se contente de commenter et critiquer ce qu’il a entendu à la TV, etc.,
on laisse passer d’une oreille à l’autre ce vent ne générant qu’interférences et futilités.

Un exemple concret :
j’ai de la peine à écouter les politiciens car je ne comprends pas leur langage
et ne crois pas à la moitié de ce qu’ils prétendent et promettent,
en dissimulant toujours les véritables enjeux ;
et encore, parce que leurs comportements sont étudiés et prévus à l’avance
(ils posent, ils font tel geste et mimique à tel moment, etc.),
ce qui me laisse la désagréable impression de regarder une mauvaise et ennuyeuse pièce de théâtre.
Comment écouter cette fausse-façon de communiquer, autrement qu’en se coupant de son ressenti ?
Seule la tête ‒ la raison, la logique ‒ peut écouter un politicien.
Je ne suis pas qu’une tête,
je suis également un corps sensitif, sensible, un ressenti, des émotions…


Nous communiquons mal, pour autant qu’on puisse appeler ça « communiquer ».
Rappel : le langage écrit a été construit par l’aristocratie et les hauts dignitaires religieux.
Notre communication est efficace pour embrouiller les esprits,
et passer des ordres, convaincre de..., etc.

De façon générale,
nous communiquons à la fois excessivement (on parle à tort et à travers, souvent pour ne rien dire),
et à la fois insuffisamment (on ne donne pas toutes les informations, on en dissimule,
on triche, ment, enjolive, positive, on n’ose pas dire son sentiment, etc.)
Nous inventons des outils, certes géniaux, mais qui ne nous apprennent pas à mieux communiquer.
Admettons que deux singes apprennent à utiliser un écran tactile avec IA,
sauront-ils pour autant mieux communiquer entre eux ?
Imaginez maintenant la scène avec des porcs chichement vêtus…


Écouter les autres ?
Quand ils marchent le plus possible leur parole, oui,
lorsqu’ils agissent en concordance entre discours et actes.


* * *

Commentaire :
attention, maintenant, car entre les peurs, la panique, les angoisses, etc., de tout un chacun,
en plus des infos, contre-infos et fausse-infos des médias,
ainsi que le fait qu'on ne sait rien du monde microscopique (comment vérifier ce qu'on nous dit ?),
en ce moment il me semble important de développer le second degré d’écoute
qui, somme toute, est une écoute naturelle, innée, sauvage.

De lire, écrire, calculer, argumenter, justifier, n’est pas du tout naturel.
Cette activité mentale, qui nous abstrait du Réel,
nous a fait perdre l’acuité à écouter avec notre ressenti
(les petits enfants ainsi que les autres animaux semblent écouter à ce niveau, celui du ressenti,
jusqu’à sentir à l'avance lorsqu’il va y avoir un tremblement de terre, par exemple !
Z’ont pas besoin d’appareil polluant ni détecteur de mensonge ni rien, eux.
Trop forts les autres animaux !! Savent écouter, eux, tout, même Terre-Mère.


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10 commentaires:

  1. Peut-être que les mots ont été inventés pour pouvoir mentir...

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    1. peut-être bien ?
      Peut-être pour pouvoir dominer ? Et pour y parvenir...

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  2. C'est tout un apprentissage, lent, permanent, profond, une vrai manière d'être au monde, avec les autres. Cet article me parle beaucoup.

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    1. ... "une manière d'être au monde, avec les autres"

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    2. J'aime beaucoup cette phrase de Thierry ...

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    3. J'ai beaucoup de mal à écouter les discours de tous ces politiciens , j'essaye parfois, afin de me tenir au jus , mais je me perds très vite alors je zappe
      et je vais vers des gens qui m'expliquent les choses tout simplement ...

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    4. :))
      mais les gens ne peuvent t'expliquer que ce qu'ils ont compris,
      croient avoir compris...

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  3. J'l'avais écrit y'a longtemps, et dernièrement aussi :
    les personnes à tendance "bonne-âme" ne parviennent pas à considérer
    la malhonnêteté dans toute sa dimension, obsessionnellement nuisible.
    Un exemple avec le fait que nous ne comprenions pas les discours des politiciens :
    ne se pourrait-il pas que ce soit volontaire, voulu,
    notamment afin de nous mener là où ils veulent (ce qu'ils ont fait avec nos parents et gd-parents) ?
    Dans ce genre de situation, une bonne personne préfère se dire un truc du genre
    "j'suis trop nul pour comprendre, l'est intelligent le politicien, l'a étudié, etc."

    (A écouter la chanson de Didier Super "manipulez-nous mieux")

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  4. Ah, oui, c'est certain que nous sommes manipulés, encore et toujours !
    Si tu as du temps, l'analyse des paroles de Julie Graziani qui avaient fait un scandale.Peut-être que je t'en avais déjà parlé mais c'est interessant .
    Tu as l'analyse classique, elle a dit ça pour faire de l'audience, pour faire le buzz.
    https://theconversation.com/une-julie-graziani-en-cache-beaucoup-dautres-126873
    Et puis tu as une analyse plus fine, la radicalité comme stratégie rhétorique, stratégie coordonnée de conquête du pouvoir:
    https://www.facebook.com/canalplus/videos/2694010153972056/UzpfSTE3NzA0MzY0MjMxMjA1MDozMTA0NDI0MjE2MjQwNjMw/

    On nous manipule, on nous manipule et ça fonctionne !

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    1. J'connais pas cette femme, plutôt agréable à regarder,
      les oreilles sous des casques passant de la musique punk, à fond l'volume.
      ;))

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