La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 13 mars 2020

De la mort (III)


Si « ce qui dépasse notre entendement » nommé « Dieu » est tout,
cela signifie que Dieu est autant Vie que Mort.

Dieu impulse  la vie, qui se démultiplie à l’infini, sous diverses formes ;
et Dieu est  Mort qui régule ce déploiement d’existences variées.




L'ouvrage que nous nommons « monde » est parfaitement autonome :
il s’auto-gère lui-même, se nourrit de lui-même, et se recompose lui-même.
À chaque instant, cette perfection se transforme en une autre perfection !
En un mouvement perpétuel, cette Création se renouvelle d’elle-même.
Beauté, Amour et Intelligence, en mouvement.
S’y raccrocher, par exemple à la beauté, en voulant l’immobiliser, la prolonger,
et on se retrouve avec la laideur dans les mains et la puanteur de la pourriture ;
voilà une des leçons de Mort et de son partenaire, Temps.


Durant ma vie, jusqu’ici, j’ai traversé deux ou trois moments particulièrement critiques,
où j’en suis venu à penser que Mort me touchait, commençait à m’étreindre,
à m’absorber pour m’emmener hors ce monde de déments furieux et haineux.
Je me rappelle d’un de ces moments de confusion, sous forte fièvre :
De l’intérieur, en soi-même, en geignant sur son sort, peut-être appelle-t-on sa mère,
et/ou son père, etc. (selon les attaches affectives réconfortantes de chacun).
Le sentiment prédomine, alors que la raison s’efforce de garder raison.
On pense aux gens avec qui on aurait voulu davantage partager.
On regrette certains survenus, on en déplore d’autres…
Et on rit de souvenirs, on en pleure d’autres.

Ensuite, une fois le manège sentimental arrêté,
sans réfléchir, il vient d’appeler Dieu,
que l’on soit pratiquant d’une religion ou non,
qu’Il signifie quelque chose pour soi ou non,
car on en arrive là où rien : le vide, le néant angoissant et la solitude extrême.
Et là, pris d’une émotion indéfinissable, chevauchant l’élan intérieur, en quête de réconfort,
peu à peu on lâche prise sur le contrôle de l’image du monde,
et le songe de notre existence s’effrite en même temps que l’espoir d’un mieux.
Et là, on se sent prêt et disposé à remettre sa vie à Mort, à Dieu, à rien,
en prenant conscience que Mort va nous soulager de la souffrance et de la peur.

‒  Réveil ‒
Non seulement ce n’était pas le moment mais, en plus,
ce rapprochement avec Mort m’a motivé, par la suite,
à prendre soin de ma personne avec davantage d’attention pour mon corps.
Effet paradoxal et inattendu, positif.

D’avoir frôlé Mort m’a appris à mieux m’écouter :
en prenant en considération mes sensations et ressentis
et ce, quoi qu’en disent les autres, dont les médecins et experts certifiés « savoir garanti ».

D’avoir ressenti Mort à proximité m’a permis de reprendre confiance
en ce "quelque chose" en moi qui sent/sait ;
ce qui a renforcé et affermi ma foi en Soi
(il s’agit de Soi en soi-même relié subtilement au Soi en chacun, en chaque autre forme de vie).

Il vaut mieux faire de Mort une alliée qu’une ennemie,
une complice plutôt qu’une adversaire.

À chacun sa mort :
il semble que Mort apparaisse sous un "visage" différent à chacun.

S’engager dans une relation consciente  avec sa mort
équivaut à détenir l’arme la plus redoutable qui soit
en ce monde (humains) de peurs, mensonges, cupidités et caprices voraces d’élites,
où chacun s’accroche désespérément à une non-vie triste, ennuyeuse,
qui ravage tout sur son passage.

Mort, ne nous propose-t-Elle pas la libération ultime, totale ?


Ta "non-Présence" constante, ô Mort d’une incommensurable sagesse,
me rappelle à l’essentiel, ainsi qu’à l’instant présent, ici et maintenant.

Lorsque je m’égare, Tu trouves moyen de me ramener au centre de ma personne.

À chaque pas, Tu m’aides à distinguer la douce folie de la folie furieuse ou démente.

Tu m’apprends à me réguler et m’aides à tempérer mes élans contradictoires.

Tu m’amènes à relativiser mes idées, désirs, rêves, jalousies et envies.

Tu me contrains à donner le meilleur de moi-même,
ce qui me permet d’apprécier cette éphémère existence.

Petite flamme en poussière vibrante,
j’apprends et me prépares à participer au grand Échange que Tu permets.



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Liens
* De la mort (I)
* De la mort (II)


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2 commentaires:

  1. Le dessin est-il de toi ? J'aime beaucoup !
    Ah dieu !!! :)))

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    1. Euh, oui, pour le gribouillage.
      J'préfère un au revoir ;)
      ou sinon un Colt chargé dans un temple de munitions.

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