Pas d'intégrité sans agressivité

Promenade avec une proche.
Cette dernière a un petit chien, sympa, joueur.
Pour se rendre compte du comportement du chien,
on le lâche, le laisse aller et renifler partout, sans laisse.

Il nous suit et écoute lorsqu’on l’appelle.
Il ne s’éloigne pas. Nous allons tous tranquillement.

Nous arrivons vers un pont piétonnier qui traverse une large rivière.
Nous nous y engageons.

Sur le pont, le chien remarque soudain un lézard.
Le lézard semble jeune. Effrayé, il nous a vus également.
Il regarde partout, paniqué. Il ne sait où fuir.
Pas d’interstice, ni trou ni autre.
Le lézard se met à courir le long du muret,
ce qui attire le chien, qui lui court après.

Parvenus à environ la moitié du pont, convexe,
le lézard semble se rendre compte qu’il ne pourra pas s’échapper ;
alors là, étonnamment, il s’arrête et fait front au chien !
Position d’attaque.
Le chien, curieux, approche sa truffe de la chose-qui-bouge.
Le lézard, agressif, effectue alors des sauts contre la gueule du chien,
en attaquant sa truffe avec ses petites pattes agiles.
Le chien, surpris, recule, et s’en va renifler ailleurs.
Le lézard a aussitôt couru au loin, vers la rive.

Pourquoi vous raconté-je cet épisode ?

Comme rappel à l’évidence :
l’agressivité est tout à fait naturelle, normale.

L’agressivité est un comportement défensif,
à relier avec l’instinct de survie.

Ne pas réagir par l’agressivité à une situation de péril n’est pas normal.

Le corps peut être mis en danger
tout comme, pour les humains, notre équilibre psychologique.
En situation de danger,
que ce soit pour le corps comme pour notre équilibre psychologique,
il est naturel, automatique (instinctif), de réagir agressivement*.
Dans l’anecdote ci-dessus,
le courageux lézard a éloigné le chien en devenant agressif !
Pourtant, bien que petit,
le chien était je ne sais combien de fois plus gros et lourd et fort que le lézard.

NB : tous les animaux dont les humains et aussi,
les plantes (les roses avec leurs épines, par exemple),
sont agressifs.
Bien que les mâles le soient davantage, les femelles le sont également,
notamment lorsqu’elles veillent sur leurs petits ou lorsqu’elles convoitent le même mâle
ou, comme les lionnes, lorsqu’elles chassent pour manger.

L’agressivité comme l’émotion de colère sont normales,
nécessaires, réflexes, instinctives ; elles sont signes de vie ;
ce qui n’empêche nullement d’apprendre à se contrôler,
c’est-à-dire à se maîtriser sous état de colère ou de défense agressive.

Se contrôler n’empêche pas de réagir.
Il ne s’agit pas de contenir la pulsion ou l’émotion, ni de refouler ses sentiments.
Tout au plus on peut retenir son geste (se retenir de frapper, de crier
ou de casser un objet, par exemple).
De sa colère ou du besoin de se défendre (agressivité),
il s’agit d’en faire quelque chose durant l’interaction :
de l’exprimer, d’extérioriser son ressenti,
ce qui permet de se contrôler tout en réagissant.

Il est impératif de distinguer la violence de l’agressivité.

Dans la Nature, les prédateurs agressent d’autres animaux,
mais uniquement lorsqu’ils ont faim, pour manger,
jamais « comme ça », pour parvenir à leurs fins.
D’ailleurs, une fois rassasié, le prédateur ne représente plus un danger
(par exemple : j’ai vu un reportage animalier montrant des sortes de gazelles
qui venaient boire tout près d’un lion qui buvait aussi, sans les calculer).

L’agressivité est un comportement instinctif,
alors que la violence découle, avant tout, de notre activité mentale.
Seuls les humains sont violents.

Ce sont les personnes égotiques, jalouses, envieuses, ambitieuses,
arrivistes et éprises de pouvoir, celles qui pensent et agissent avec civilité qui,
dans les faits, se révèlent violentes (préparer des stratégies pour ruiner autrui,
entretenir des sentiments morbides tels que celui de la revanche, s’évertuer à
tricher, comploter, corrompre, trahir, dénoncer, accuser à tort, etc.)

Les animaux sont incapables de ce type de violence :
une violence pensée à partir d’abstractions (imagination, idéologie,
idéaux, croyances, ambition, etc.)

Lorsque des animaux se battent, un humain peut penser qu’ils sont violents,
mais c’est une projection (anthropomorphisme).
Ce que nous voyons, en cas de lutte, ce n’est pas de la violence,
c’est un rapport de forces :
la puissance de l’agressivité de chacun des combattants voulant vivre.
D’ailleurs, le plus souvent, il suffit que l’un des deux plie, se soumette,
pour que cesse le combat. Les animaux ne s’acharnent pas comme nous,
les humains, qui sommes extrêmement violents dans notre façon de voir et penser le monde,
dans nos rapports les uns avec les autres et avec l'environnement naturel.

Les animaux ne défendent que leur intégrité,
et non pas un territoire (notion abstraite),
ni un compte en banque (tout aussi abstrait)
ni leur susceptibilité ni des croyances…

* * *

À retenir, les trois comportements normaux face au danger :

- l’immobilisation : on se fige, en respirant au minimum ;
- la fuite ;
- l’agressivité et le combat.

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Liens

- Genèse de la violence (extraits de D. Quinn)
- De la violence 
- La marche de la bête 
- Positif quoi qu’il se passe 
- Susciter la violence, l’air de rien
- Contenir les résistants par la non-violence (avec une rétrospective doc-vidéo)
* Limites du pacifisme (avec un exemple du besoin d'agressivité dans certaines situations)
- Non-violence, tant que possible

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