La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mercredi 20 juin 2018

Positif, quoi qu'il se passe

- Ô grand Maître Foudchoc, lors de la dernière réunion,
vous avez prétendu que la « positive attitude est contraire au bon sens ».
Pouvez-vous expliquer cela ?


- ♪ Mes biens chers frères, mes biens chères sœurs ♫
Je disais qu’il s’agit de s’adapter,
non pas uniquement aux exigences, règles et normes,
d’un Système conçu par des humains (sans âme),
mais aussi au déroulement des événements naturels et sociaux.
Or, lorsque les événements prêtent à pleurer, à dégueuler,
et à s’inquiéter pour l’avenir,
à quoi et à qui peut bien bénéficier ce paradoxal et incongru positivisme ?


- N’est-ce pas une manière de garder le moral,
de ne pas succomber psychiquement ?


- C’est ce qu’il semble de prime abord. C’est ce que la plupart d’entre nous
choisissent sciemment de croire, pour, comme vous le dites, tenir le coup.
On se persuade que d’être positif aide à garder le moral et la santé.
Mais est-ce vraiment le cas, au quotidien, en vrai ?
Pourquoi tant de suicides professionnels, par exemple ?


- En prenant le temps d’y réfléchir, on se rend compte, effectivement,
que cette injonction profite à Ceux-qui-imposent-leur-rêve au monde.
En tout cas, on ne peut pas prétendre que ça va plutôt bien sur cette planète.
Au contraire, puisque même les officiels scientifiques tirent la sonnette d’alarme,
sans parler des divisions et de la montée de haine que cela génère, les guerres, etc.


- Exactement. Et, je vous le demande : que se passe-t-il, dans les faits,
lorsque la majorité s’efforce de rester positive, en continuant son train-train,
comme si de rien ?


- Euh… J’sais pas… Euh…
Cela favorise et même renforce la politique en cours ?
Qui ne dit rien consent.
Qui reste positif fait croire qu’il adhère à la marche du capitalisme.


- Oui, on peut le dire comme ça.
Est-ce que ça permet d’éviter quelque chose, de rester positif ?


- Sûrement, oui, par exemple d’éviter de mettre la main à la pâte ou pire,
dans la terre (sale, beurk). D’éviter de remettre en question nos croyances
et certitudes notamment que nous n’avions jamais atteint un tel "bon" niveau de vie
et que, de toute façon, on ne peut pas s’organiser autrement, etc.


- Nous fuyons nos irresponsabilités avérées et notre sentiment de culpabilité,
en se convainquant qu’on ne peut pas faire mieux.
Chacun peut constater qu’en restant positif, on laisse faire et, pire, on plie ;
on fait avec et donc, par conséquent, on accepte et valide ce fonctionnement social,
et les décisions des dirigeants, et les injustices, et la corruption, et les malveillances, etc.,
L’attitude positive est malsaine lorsque les événements,
ce qu’il se passe,
nous demandent de nous mobiliser, d’agir, de résister,
de remettre en question notre mode de vie,
notre façon d’être en relation les uns avec les autres, etc.
Il se trouve qu’actuellement nous devrions tous lutter
contre l’insensée politique inégalitaire et autodestructrice.
J’ajoute qu’on ne peut s’efforcer de voir un verre à moitié plein (d’alcool)
qu’à la condition de disposer de suffisamment de moyens financiers.


- Pourtant, les pauvres, certains, préoccupés par leur survie,
m’ont semblé plus heureux que les bourgeois occidentaux.


- Peut-être qu’on confond le positivisme avec la joie d’exister.
Quand on positive, on « veut » se rendre heureux,
ce qui est une construction mentale.
Quand on est joyeux, on est joyeux en résonance avec quelque chose,
c’est-à-dire qu’on « est » en phase avec « ce qu’il se passe » ;
c’est cette interaction entre soi et le monde qui rend joyeux,
ou triste, selon les événements.
La joie n’a rien à voir avec le positivisme.
La joie ne se commande pas, ne se programme pas,
ne s’apprend pas, ne se paye pas (zut !), ne se modélise pas.
En société, la tendance, c’est d’idéaliser et de fabriquer des plaisirs high-tech.
Nous construisons du tout-béton vendu comme « confortable »,
et on se voit imposer un " bonheur" pensé par certains,
un mode de vie qui détruit les âmes autant que l’environnement.
Ce sont des faits.
Le reste n’est que blablabla.
Quel sens de se réjouir, de positiver, alors que coule le navire ?
Lorsque nous trouverons le moyen d’empêcher le bateau de couler,
nous pourrons faire la fête et serons naturellement, spontanément, joyeux, heureux.


- Vous n’êtes donc pas contre la positive attitude, Maître Foudchoc,
mais plutôt vous constatez que les événements ne s’y prêtent pas,
si j’ai bien compris.


- On ne va pas se bronzer sur une plage lorsqu’il pleut et qu’il fait froid.

- La positive attitude, comme la non-violence et le pacifisme,
toutes ces idées ne paraissent, au final, que servir les intérêts des dominants,
et elles ne font que renforcer leurs pouvoirs,
à eux qui sont de plus en plus violents, exigeants, tyranniques,
égoïstes, inflexibles, et indifférents à tout.


- Voilà. C’est insensé. Pas compliqué à comprendre.
Il vaut mieux vivre et exprimer ce que l’on ressent,
plutôt que d’expérimenter ce que l’on attend de nous,
selon des idées et facteurs risques de probabilités.
Si ce que tu ressens à l’instant est cool, réjouis-toi.
Mais lorsque ce que tu ressens n’est pas cool ?
Il s’agit de chercher, constamment, la juste attitude,
ce qui implique de considérer la fluctuation incessante
nécessitant des rééquilibrage et adaptation,
qui doivent nécessairement s’accorder avec ce qu’il se passe autour de soi.
Iriez-vous recommander d’être positif aux enfants des migrants et à leurs parents,
alors qu’on se permet de les séparer, tout en sachant que c’est traumatisant pour l’enfant,
que c'est une déchirure hyper douloureuse et donc, violente intérieurement,
autant pour les parents que pour les enfants ?
Et nous, ici, dans notre confort, voiture au garage,
comment rester positifs alors qu’on nous informe de ces actes abominables ?
Il est temps d’inverser les choses,
et d’apprendre à vibrer juste, harmonieusement, ni plus ni moins.
Nous voulons davantage de positif : agissons en sorte, dès à présent,
pour que le Système change et s’adapte à nos besoins (et non pas l’inverse).
Le prix de cette civilisation-à-pensée-unique est la souffrance psychique
qui se répand dans le monde entier.
Plantons de nouvelles graines, pour cesser de craindre l’avenir,
au lieu de s’efforcer de positiver l’ignominie, l’inacceptable, l’inhumain.


- Je comprends de notre discussion que la joie est une émotion,
alors que le positivisme est une idée.


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Lien
* Anges et elfes ...


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