La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 22 juin 2018

Énergie et accumulateurs (G XXVI)



Ce qui suit est important, puisqu’il s’agit d’une explication concernant
l'utilisation du potentiel énergétique en chacun de nous.

G. I. Gurdjieff revient sur le sujet des efforts personnels et volontaires.
S’engage un dialogue avec un participant :
Vous devez comprendre que les efforts ordinaires ne comptent pas.
« Seuls comptent les sur-efforts ». (…)
- Les sur-efforts ne risquent-ils pas d’être dangereux ? demanda l’un des auditeurs, (…)
- Naturellement ils peuvent l’être, dit Gurdjieff, mais il est préférable
de mourir en faisant des efforts pour s’éveiller que de vivre dans le sommeil.
(…)
Vous avez beaucoup plus de forces que vous ne pensez.
Mais vous n’en faites jamais usage.
(…)
Dans la machine humaine,
un rôle très important est joué par une certaine sorte d’accumulateur.
Il y a deux petits accumulateurs à côté de chaque centre (…)




Rappel : il est question des trois centres formant nos personnes soit,
les centres moteur-instinctif, émotionnel et intellectuel.
Chaque centre, ou cerveau, est donc doté de deux petits accumulateurs d’énergie.
On continue :
En outre, il y a dans l’organisme un grand accumulateur,
qui alimente les petits.
 
Les petits accumulateurs sont reliés les uns aux autres
et chacun d’eux est relié au centre le plus proche,
aussi bien qu’au grand accumulateur.



G. I. Gurdjieff explique :
Les accumulateurs travaillent de la façon suivante.
Imaginons un homme en train de travailler : il lit, par exemple,
un livre difficile et s’efforce de le comprendre ; en ce cas,
plusieurs rouleaux tournent dans l’appareil intellectuel localisé dans sa tête.
Ou bien supposons-le en train de faire l’ascension d’une montagne
et gagné peu à peu par la fatigue ; en ce cas,
ce sont les rouleaux du centre moteur qui tournent.
Le centre intellectuel, dans notre premier exemple,
et le centre moteur dans le second,
tirent l’énergie nécessaire à leur travail des petits accumulateurs.
Lorsqu’un accumulateur est presque vide, l’homme se sent fatigué.
Il voudrait s’arrêter, s’asseoir s’il est en train de marcher,
penser à autre chose s’il est en train de résoudre un problème difficile.
Mais d’une manière tout à fait inattendue, voici qu’il ressent en lui
un afflux de forces nouvelles, et de nouveau il est en état de marcher ou de travailler.
Cela signifie que le centre fatigué s’est mis en rapport avec le second accumulateur,
d’où il tire sa nouvelle énergie.
Pendant ce temps, le premier accumulateur est en train de se recharger d’énergie,
puisée au grand accumulateur.
(…)
Mais, au bout d’un certain temps, la réserve d’énergie du second accumulateur
s’épuise elle aussi. Alors l’homme se sent de nouveau fatigué.
Encore un choc extérieur, ou un instant de repos, ou une cigarette, ou un effort,
et le contact est rétabli avec le premier accumulateur.
Mais il peut facilement arriver que le centre ait épuisé l’énergie du second accumulateur
si rapidement que le premier n’ait pas eu le temps de se remplir
aux dépens du grand accumulateur,
et qu’il ait pris la moitié seulement de l’énergie qu’il pouvait contenir (…)
G. I. Gurdjieff détaille divers cas de figures.
Ensuite,
il ajoute qu’il y a moyen de relier les centres directement au grand accumulateur
(sans passer par les deux, petits, accumulateurs d’énergie) :
(…) Cela signifie que le centre est maintenant en liaison directe avec le grand accumulateur.
L’énergie contenue dans celui-ci est énorme.
Mis en liaison avec le grand accumulateur,
un homme est capable d’accomplir de véritables miracles.
Mais, naturellement, si les rouleaux continuent à tourner
et si l’énergie tirée des aliments, de l’air et des impressions
continue à se dépenser plus vite qu’elle n’est reconstituée,
alors vient un moment où le grand accumulateur lui-même est vidé de toute son énergie,
et l’organisme meurt. Mais cela arrive très rarement.
D’habitude, l’organisme réagit à l’avance, en cessant automatiquement de fonctionner.
(…) l’homme tombera endormi, ou s’évanouira, ou bien il se développera en lui
quelque complication interne qui mettra l’organisme hors d’état de continuer
à s’épuiser, longtemps avant le danger réel.
Il n’y a pas de raison, par conséquent, de se laisser effrayer par les efforts ;
le danger de mourir d’efforts n’existe pratiquement pas.
Il est beaucoup plus facile de mourir d’inaction, de paresse,
ou de peur de faire des efforts.
Notre but devra donc être d’apprendre à établir des liaisons
entre tel ou tel centre et le grand accumulateur.
(…)
Nous devons apprendre à puiser l’énergie directement au grand accumulateur.
Cela n’est possible, cependant, qu’avec l’aide du centre émotionnel.
Il est essentiel de le comprendre.
Le contact avec le grand accumulateur
ne peut se faire qu’à travers le centre émotionnel.
Les centres instinctif, moteur et intellectuel, par eux-mêmes,
ne peuvent s’alimenter qu’aux petits accumulateurs.
Le centre émotionnel est un appareil beaucoup plus subtil que le centre intellectuel,
(…)
Si un homme veut savoir et comprendre plus qu’il ne sait et comprend aujourd’hui,
il doit se souvenir que ce nouveau savoir et cette nouvelle compréhension
lui viendront à travers le centre émotionnel,
et non pas à travers le centre intellectuel.
(...)
Deux fonctions de notre organisme demeurent incompréhensibles et inexplicables
du point de vue scientifique (…) : ce sont le bâillement et le rire. (…)
Le bâillement a pour effet d’insuffler de l’énergie dans les petits accumulateurs.
(…)
Le rire est lui aussi en rapport direct avec les accumulateurs.
Mais le rire est la fonction opposée au bâillement.
Le rire n’insuffle pas d’énergie en nous, au contraire il en expulse,
il nous débarrasse de l’énergie superflue
qui se trouve emmagasinée dans les accumulateurs.

2 commentaires:

  1. Eric,
    Surprenant cette démonstration techniquement irréprochable.
    Comme dirait l'autre : et ça marche !
    Thierry

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    1. Les sportifs connaissent cela, c'est ce qu'ils appellent "le second souffle"
      (qui correspond à la "mise en rapport entre un ptit accu et l'autre").
      A + Thierry

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