Merci à Zaza, pour cette réflexion.
En com, elle a mis l’accent sur l’évitement des passions de l’amour/haine,
ce qui est de la haute voltige.
En com, elle a mis l’accent sur l’évitement des passions de l’amour/haine,
ce qui est de la haute voltige.
Ce propos commence par un exemple de situation :
On se promène dans des ruelles où il y a peu de circulation de voitures.
On croise une famille. L’enfant d’~4 ans est sur un petit vélo.
Il roule, ivre de vitesse, l’air réjoui.
Au carrefour, il s’arrête après le « stop ».
Il n’y a pas de voiture qui passe, aucun danger.
Il se retourne, heureux, pour voir où sont ces parents.
Ces derniers sont en train de crier, paniqués et énervés :
« tu aurais dû t’arrêter ! ».
Le père s’approche, pose sa main sur l’épaule de l’enfant,
et commence à lui faire la morale :
« combien de fois il faut que je te le dise… stop… ligne blanche… voitures… danger…
tu ne m’écoutes pas… hôpital… regarder à gauche et à droite avant de passer… »
L’enfant tient la tête baissée, l’air soudain renfrogné,
attendant probablement que l’orage verbal cesse, en retenant son envie de pleurer.
Que peut-il comprendre de ce long et savant discours agressivement bien intentionné ?
Oh, il a parfaitement saisi que ses parents sont tout-à-coup fâchés…
Dans cet exemple,
si on est indifférent, on s’en fiche de cette scène et on poursuit son cheminement ;
alors que,
si l’on est émotionnellement sensible, quelque chose nous touche,
peut-être de juger la réaction des parents juste mais disproportionnée.
On peut même ressentir le trouble soudain dans lequel se retrouve l’enfant.
Le détachement consiste à ne pas se mêler des affaires de cette famille,
à « ne pas en faire une affaire personnelle ».
Toutefois, quelque chose remue dans nos tripes,
d’avoir vu l’enfant passer de la joie à la tristesse.
On n’est donc pas indifférent, dans cette situation,
mais pour X raisons, on décide de ne pas s’en mêler. Détachement.
En effet, peut-être qu’en intervenant, cela énerverait plus encore les parents,
ou peut-être qu’après-coup les parents en voudraient à l’enfant, etc.
Le détachement est donc un état d’esprit, une attitude, volontaire et consciente,
et cela implique une réflexion sur les conséquences d’une intervention (dans cet exemple).
On peut être dans le détachement sans être indifférent (à ce qu’il se passe autour de soi).
L’indifférence est une attitude froide, émotionnellement insensible
(dans l’exemple, insensible face au malaise de l’enfant
ou insensible au ton agressif et infatué du père).
Une personne indifférente développe, au fil du temps,
un cœur de fer, dur, impénétrable, intouchable.
Toute émotion, tout ressenti, se voit transformer en simple information cérébrale.
L’indifférent devient un corps-cerveau, sans émotion.
Le détachement permet de ne pas être affecté, outre mesure, par ce qu’il se passe,
et, s’il y a lieu, de supporter des situations horribles, comme durant une guerre par exemple.
Néanmoins, le centre émotionnel fonctionne et on ressent ce qu’il se passe.
Être sans désir ne signifie pas sans sentiment (au sens d’impression générale,
or ce qui impressionne l’intériorité sont les sensations, instincts et émotions).
Si on est vivant, c’est bien qu’on entretient ne serait-ce que le désir de vivre.
N’est pas Bouddha qui veut, pour parvenir à être sans désir.
Vivre, c’est ressentir et désirer…
Pour saisir la distinction, qui m’est propre, entre indifférence et détachement :
En état d’indifférence, on est blindé affectivement face à ce qu’il se passe à l’extérieur.
L'indifférent n'est pas réceptif.
En état de détachement, on ressent les choses, ce qu'il se passe____________________________________________
(on est donc moins blindé que l’indifférent).
Dans cet état, on reste réceptif.
Eric,
RépondreSupprimerPassionnant comme toujours chez toi.
Sacré distinction, essentielle.
Comme sur scène post brecht jouer de manière distanciée ne veut pas dire ne pas s'impliquer, réciter, sans être présent.
Belle journée.
Thierry
C'est ça, 5/5.
SupprimerJoli saut d'esprit (d'avoir associé et relié à une autre situation)
A + Thierry
Tout à fait d'accord avec toi ! Dans mon métier il a fallu que je travaille le détachement sinon, on arrive plus à travailler tellement on est sensible à ce que nos élèves vivent et ressentent. Mais je ne suis pas devenue et ne deviendrai jamais indifférente, c'est impossible pour moi ! ;) ça me parle ton message !
RépondreSupprimerCoucou Virevolte, j'ai aussi appris à mon travail, confronté à des situations difficiles... ;)
Supprimer