La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 29 juin 2018

Quid sur le pardon ?

Pardonner, excuser, est-ce sensé ?

Quand nous excusons les mauvais comportements de quelqu’un,
pour quelles raisons et à quelle fin le faisons-nous ?

Il est question dans ce propos de comportements
ayant un fort impact et des conséquences malsaines.


Est-ce que cela aide, se révèle constructif à long terme, d’excuser, de pardonner ?
Est-ce que cela permet à tous les concernés d’évoluer sainement ?

Est-ce que ça permet d’aller mieux et de rendre le monde meilleur ?
Par exemple : une personne à qui l’on a saccagé l’enfance,
maltraitance ou autres, ferait-elle bien de pardonner ? 
Cette personne, sûrement traumatisée, peut, tout au plus,
s’efforcer de comprendre ce qu’il s’est passé,
ainsi que les motifs des malveillants.
Mais comprendre n’est pas pardonner. 
Comprendre, dans cet exemple, permet de se sentir mieux avec le dommage subi,
voire même d’y puiser de la force (ce qui devient de la résilience).
Le pardon doit avoir du sens,
sinon il n’est qu’un coup de vent, du blabla,
de la politesse, un soi-disant devoir moral, une civilité ;
et alors, en ce cas,
le pardon n’a aucun pouvoir de guérison ni de réconciliation ni autre.

Excuser, pardonner, peut donc se révéler insensé et même contreproductif.


Savoir quand pardonner ou non, une affaire de discernement

Le pardon ne peut avoir du sens, et des effets,
qu’à la condition que l’agresseur ait pris conscience de son acte,
de la souffrance et des dégâts occasionnés.

C’est au "fauteur de troubles" de se pardonner à lui-même.
Et c’est à lui de demander pardon au lésé.
Le lésé, ensuite, lui accorde son pardon ou non.
Je veux dire qu’on ne peut excuser l’autre
que lorsque ce dernier le demande sincèrement,
en ayant déjà entrepris, concrètement (et non uniquement verbalement),
des démarches pour "rectifier le tir" et changer soit,
pour s’améliorer afin de ne plus reproduire le comportement inapproprié.

Il est vain de pardonner s’il n’y a pas un changement déjà amorcé, en cours.

Il est impossible de pardonner si la situation malsaine perdure.

Et il y a des événements, dégâts et blessures, irréversibles.


Le mécanisme vicieux d’un pardon insensé

Il s’agit d’être conscient qu’en excusant l’autre-qui-ne-change-pas,
on admet implicitement qu’il n’a pas besoin de se faire aider
ni de faire des efforts pour régler sa difficulté, sa déviance.
De la sorte, on le conforte dans ses attitude et comportements,
ainsi que dans sa relation avec lui-même et avec l’entourage.
C’est comme si on minimisait son problème,
ainsi que la dynamique sociale que son attitude génère.

Le risque, en excusant ou justifiant le comportement de l’autre
(il faut le comprendre… et il lui est arrivé ceci, le pauvre…),
ne consiste ni plus ni moins qu’à le déresponsabiliser
et à minimiser son impact néfaste sur la communauté comme sur la(es) personne lésée.

Il n’est pas forcément question (à chacun de voir) de lui en vouloir, au "fauteur",
ni de garder rancune ni de chercher à se venger,
ni à lui faire payer ou entendre raison, ni autre,
mais de lui signifier un désaccord, en lui retournant son ignominie,
et en maintenant une position ferme : « non, je n’accepte pas cela ».

Il n’est pas donc question de blâmer ni de punir,
mais il n’est pas non plus question d’excuser pour excuser,
par sentimentalité, pitié, sensiblerie,
par croyance que Dieu souhaiterait que…,
ou parce que « tout le monde dit qu’il faut pardonner ».

Pardonner dans le vide ne fait pas avancer le schmilblick.


Éviter la répétition et la part de responsabilité qui n’est point nôtre

D’excuser, à partir d’un juré-promis « ça ne recommencera pas »,
donne rarement des résultats probants et satisfaisants ;
au contraire, ce rapport laisse des sillons propices à la répétition,
et à une continuation de ce qui est insatisfaisant dans la relation.

Penser aux conséquences, en avoir conscience, car :
en excusant un mauvais comportement, on en prend une part de responsabilité,
du problème de l’excusé !
En effet, excuser autrui, lui pardonner,
c’est prendre sur soi une part de la responsabilité de l’évolution des choses :
si l’autre dérape à nouveau, la responsabilité sera alors partagée, commune.

Un sans-âme, ou un prédateur ou un salopard, tant qu’il trouvera bénéfice à nuire,
n’a aucune raison de cesser de le faire puisqu’il y puise ses forces et plaisirs ;
et ce, qu’autrui l’excuse ou non.


Avons-nous le pouvoir de pardonner ?

Le pardon est une affaire personnelle,
se déroulant entre soi et sa conscience.

Que le lésé se pardonne à lui-même (les victimes culpabilisent, souvent) ;
et que l’agresseur se démerde. C’est son problème, son affaire, son enfer.
C’est à lui de se prendre en charge et de cesser de dysfonctionner.

En poussant et approfondissant ce raisonnement, je me demande :
avons-nous vraiment le pouvoir de pardonner quelqu’un pour ses actes ?

Ne serait-ce pas une forme de prétention que de croire cela ?

Certains disent que seul Dieu peut pardonner.


En résumé

Nous n’avons ni à excuser ni à condamner le comportement d’autrui,
mais à s’en prévenir et à s’en protéger lorsque cela nous nuit.
Défendre son espace vital, son sentiment et ses idées.

Réagir c’est « prendre soin de soi »,
en veillant à son potentiel énergétique
et à sa santé tant physique que psychique.

Quant aux événements graves,
comme dans l’exemple d’une enfance saccagée,
c’est impardonnable puisque, une fois adulte,
le blessé devra composer avec le dommage durant le reste de son existence
(d’où l’importance de comprendre ce qu’il s’est passé).

Il y a des actes sans conséquence grave, que l’on peut pardonner,
et il y a des agissements irrémissibles.

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4 commentaires:

  1. Eric,
    Très juste tout ce que tu dis. Merci.
    Thierry

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  2. Parler pour éviter que cela recommence d'une façon ou une autre...Oui, c'est très juste après je pense que l'on puni mieux par l’indifférence que par la colère (contre soi-même ou l'autre)...
    Triste juste...
    Pas de musique mais un bon weekend et @++ :))

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    1. :) (j'souris en repensant à un propos récent)
      Dans ta situation, effectivement, l'indifférence consciente
      peut s'avérer favorable ;)
      "triste juste" :(
      (j'aime bien cette tournure, exactement formulé)
      Salut Cres

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