Entre une rive et l'autre

En marche sur un pont
certes grand, large, à double voies sécurisées
et pourtant, – publicité 3D –, sous la matière clinquante,
le vide angoissant du rien, dévorant les certitudes de solidité et de permanence.

Produire de la matière et de l’énergie empoisonnées
pour soi-disant vivre mieux, sur un pont traversant les ténèbres,
construit à seule fin de nous éloigner de la Nature et de ses Lois
en espérant rejoindre l’autre rive, l’Idéal-Éden :
la Civilisation 4.0/5G toute assistée.

Sous nos pieds, le néant affamé et énervé, bouillonnant de colère.

Derrière nous, des âmes misérables ayant bâillonné les âmes nobles.

À l’instant, aux commandes des engins d’anéantissement, des esprits malades.

À droite, des idéaux, de la politique et des promesses laborieuses en vidéo-conférences.

À gauche, des désillusions, déceptions, désenchantements ; et la Mort.

Devant, au loin, derrière le mur spéculatif, à l’horizon, l’inconnu.

Qui sait, peut-être que, là-bas, un terrain fertile,
sain, accueillant, vivant, vibrant ?

Que nous a fait la Nature, à part nous mettre au monde, nous prêter existence,
nous permettre les moments de joie, de plaisirs, de jouissances ?

Nous sommes des produits de la Nature,
que nous ravageons.
Matricide.

Psychopathes dangereux, les pires : ceux tuant leur propre Mère.

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