La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 3 mai 2019

Nivelage du relationnel

(Navré pour les répétitions mais, ces dernières semaines,
je suis confronté quotidiennement à des façons d’être, de se comporter et d’interagir,
où la participation de l’émotion se voit d’emblée mal jugée ; ce qui me pose question)


Je rappelle qu’un être humain se compose tout autant et tout à la fois :
- d’un corps instinctif (fonctionnement somatique ayant des besoins,
doté d’une mémoire et de réactivité) ;
- d’un sentiment (ou centre émotionnel, comprenant l’affect et traitant les impressions) ;
- d’une raison (ou centre intellectuel, l’activité mentale : l’imagination, la réflexion,
le calcul, l’abstraction, la conceptualisation, la théorisation…)
Nous ne sommes pas qu’une raison qui calcule combien il restera pour la retraite.

Qu’on le veuille ou non, nous sommes également des êtres perceptifs, sensibles et réactifs.

Un être humain, comme toute forme de vie – minérale, végétale et animale –, réagit.
Il réagit : soit avec calme, soit avec colère, soit mû par la tristesse, soit mû par la joie, etc.
Voilà ce qui donne des couleurs au relationnel.
Voilà ce qui nous fait vibrer, ensemble.




De ressentir des choses à l’intérieur de soi nous laisse des impressions.
Certaines impressions sont agréables alors que d’autres sont désagréables.
En relation, lorsqu’un être humain ressent quelque chose de désagréable,
il est normal, naturel et sain, qu’il réagisse en fonction de ce qu’il ressent.
Stimuli – réflexe : c’est le même principe.
Il est question d’un principe de santé : le coup de marteau sur un genou qui réagit.
En société, en interaction, il se passe quelque chose et on réagit : événement – réaction.

Il se trouve que sous prétexte de « civilités »,
on doit maintenant se contenir d’exprimer nos sentiments indigestes
pour afficher un masque de placidité souriante, aux dents blanchissimes ;
et ce, en toute circonstance, quoi qu’il se passe ! Quelle utopie morbide !

Le maître-mot accusateur à la mode du jour pour déstabiliser autrui : « vous êtes agressifs ».

Ah ?
Ben… c’est tout à fait normal.
Et c’est tout, s’il vous plaît ?

Rappel : l’agressivité est le propre de toute forme de vie.
L’apathie est symptôme de non-vie.


S’énerver, pour autant qu’on garde le contrôle de soi
– concrètement, pour autant qu’on n’attaque pas autrui,
ni verbalement (injure, par exemple) ni physiquement –,
est normal, naturel, cela faisant partie d’états que l’on traverse durant les événements
du quotidien auxquels on doit répondre (réagir spontanément ou sinon, après un temps de réflexion).

On ne peut pas rester toujours sur un mode « beau fixe, tout va très bien Mme la Marquise »,
à moins de tout ravaler et refouler au plus profond de soi-même, ce qui est malsain.

Et on s’étonne que de nombreuses personnes défoulent leur haine,
leur agressivité mal-gérée et leurs colères contenues, sur les réseaux sociaux,
alors que d’autres adhèrent à des partis de la fachosphère ?

Du yoga, y a qu’à faire du yoga zen.


Méfiez-vous de ces personnes qui veulent être vos amies,
qui sont de prime abord si cools, prévenantes et tant compréhensives…

Les individus civilisés, ceux qui se cachent derrière la culture, l'art, la politique...
et même la justice, c'est d'eux dont il faut se méfier.
Ils portent un déguisement parfait. Mais ce sont les plus cruels.
Ce sont les individus les plus dangereux sur terre.
– M. Connelly 


Je reste sur mes gardes, sur la défensive,
face aux personnes tellement persuadées qu’elles sont les gentilles ;
celles qui n’hésitent pas, civilement et avec le sourire, sur un ton jovial,
à castrer (notion psychanalytique), rabaisser, juger, mépriser les autres désignées ceci et cela…
sans se remettre en question elles-mêmes (logique, puisqu’elles sont les gentilles, tss)
et au nom d’un « faut bien faire avec, y a qu’à voir le bon côté des choses ».

Pourquoi de nombreuses personnes se veulent si gentilles ?

Peut-être parce qu’à l’intérieur d’elles-mêmes il n’y a que détresse angoissante
et attentes qu’autrui se montre au moins aussi gentil, et de la même façon ?

Peut-être aussi qu’elles n’ont pas encore goûté à une véritable relation intense,
et que leur être intérieur ne cesse de crier sa frustration de ne pas se sentir relié ?

Peut-être qu'elles cherchent à se prouver quelque chose, leur valeur,
en menant une quête d'idéal relationnel conforme à leur volonté ?


Le problème de l’humain civilisé s'explique par son égarement intérieur :
de considérer le faux-besoin insatiable d’un pseudo-amour flattant l’ego (comme à la TV)
comme étant plus important, et rentable-jouissif à court terme, que son besoin
d’Aimer et de se sentir Aimé pour ce que l’on est, comme l’on est.
 
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Lien
* Susceptibilité (les personnes à cheval sur les civilités sont, paradoxalement, très susceptibles...)
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8 commentaires:

  1. Si tu savais comme cela me parle en ce jour ..... j'arrive depuis peu à me créer une bulle de protection face à .... mais c'est parfois très difficile et usant d'être toujours sur la défensive et sur ses gardes ... je n'ai jamais agi ainsi et arrivée à mon âge pour agir ainsi ça me rend malade

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    1. Ouch, touché par ta dernière phrase et fort écho car, itou,
      je me découvre une nouvelle facette, à mon âge, et ce n'est pas pour me déplaire : je deviens réactif et assume mon agressivité... mais ça remue, bouscule... ce n'est pas agréable d'être sur la défensive...
      Je préfère les climats de paix, mais il ne suffit pas de vouloir...
      A + Saby

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    2. Ah mince "arriver" avec "er" c'est mieux désolée c'est en revenant que j'ai vu la faute dans la phrase
      Je hais le conflit et j'y suis en plein dedans malgré moi j'en ai un "sadoul" comme on dit chez moi ;)

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    3. J'comprends, j'aime pas non plus le conflit, surtout quand les motifs du conflit sont "bêtes" ou puérils ou d'egos (qui a raison et sait le mieux), etc.
      Ou, pire, lorsque soi-même on agit en sorte de ne pas "alimenter" le conflit ou qu'on agit en sorte d'apaiser les choses et que l'autre (ou les autres) continuent à trouver des motifs et arguments...

      Pour ma part, je ne plie plus (ce qui est nouveau), quitte à me battre.
      Il y a des choses, des comportements, des situations inacceptables...
      :) agréable jour, Saby

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  2. Eric,
    Ton article me parle comme toujours.
    S’énerver, pour autant qu’on garde le contrôle de soi
    Suis en relecture d'un manuscrit qui creuse la question (comme toujours quelque part) et te lire m'éclaircit l'esprit
    Merci
    Thierry

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    1. Il me semble important qu'on garde la tête sur les épaules, et à l'endroit, car nous perdons tout repères et bon sens d'employer des termes de façon abusive. Un exemple d'abus de langage ou manipulation par les concepts : tous ces objets, en commençant par l'ordinateur, que l'on définit comme "intelligent". Un enfant se développe en apprenant qu'un frigidaire est "intelligent" comme lui doit le devenir en allant à l'école ?
      Aliénation à court terme (selon moi) !
      Il y a des choses inacceptables.
      A + Thierry

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  3. Je suis d'accord mais on a tous un comportement différent (chacun le sien) d'être agressif, pour ma part je le réécris si on m'a fait chier, la personne le remarquera même sans geuler, la vengeance est un plat qui se mange froid. Et pis je pense aussi au cadre dans lequel on vit, la famille les amis les cours même le sommeil être anxieux femme ou homme ...
    Allez zouh bon weekend :))

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    1. Effectivement, surtout au XXIe siècle : on a tous un comportement agressif différent.
      C'est la seconde fois que tu parles de vengeance, ça m'inspire, car j'y vois un lien avec le fait de se sentir anxieux... Et je fais une différence entre une vengeance et la loi du oeil-pour-oeil...
      Tu soulèves souvent plein de sujets, Cres ;))
      De penser aux autres est honorable mais ne doit pas empêcher de réagir ni d'agir (j'écris cela car durant des dizaines d'années ce souci m'a entravé, inhibé)...
      A + (j'ai refait une tentative de com sur ton blog, ce matin)

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