La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

samedi 4 mai 2019

Faut encore préparer le plat

NB : je n’engage pas ici, dans ce propos, de débat ni de polémique
concernant la question « faut-il ou non se venger ? »


La vengeance est un plat qui se mange froid.

Une chose à tenir en compte :
le temps passé (jours, semaines, mois ou années*) à penser et mûrir sa vengeance
nous gâte de l’intérieur, nous maintenant nerveux, tendu, anxieux, insatisfait, malheureux.

Un exemple :
admettons que X m’ait nuit. Du moment où X m’a porté atteinte jusqu’au moment
où je me vengerai (ou que je serai vengé par une sanction pénale, par exemple),
tout ce temps je l’aurais passé, en quelque sorte,
en compagnie de X notamment en pensant à X et à la façon de lui nuire.

Comprendre cette dynamique permet de saisir pourquoi la haine lie les gens.
La haine est l’aspect morbide de l’amour ; et ces sentiments nous lient à l’autre(s).

L’amour et la haine nous affectent tout autant. Kiffe-kiffe.

L’amour comme la haine nous relient au passé, au(x) survenu antérieur ;
et nous y maintient ; ce qui provoque, par moments, des états d'angoisse.


Contrairement à la longue et élaborée vengeance stratégique,
la loi du talion – œil pour œil, dent pour dent – est une forme de vengeance directe ;
ainsi, le survenu nous "habite" et préoccupe intérieurement le moins longtemps possible.
On règle les comptes le plus rapidement possible ;
de la sorte, on n’a plus de motifs de penser ni à l’autre(s) ni au survenu.


On ne peut pas théoriser ni modéliser un tel sujet.
C’est selon chacun, selon le survenu, selon la dynamique personnelle et culturelle,
la capacité de prendre sur soi ou non, notre rapport à l’affect, au courage
et aussi, selon les possibilités d’agir, etc.

Dans certains cas, on peut ne pas avoir de choix autre que de rester lié à une personne haïe,
et c’est cette situation elle-même qui stimule l’imagination à produire des scénarios
de vengeance…
Dans d’autres cas, professionnel par exemple, face à un cadre supérieur
on ne peut tout simplement pas appliquer la loi du talion.
Etc.


Il faut avoir à l’esprit que :
pour se sentir en paix avec soi-même, en soi-même,
il s’agit notamment de purifier son sentiment ;
or, tant qu’on entretient ne serait-ce qu’un motif de haine ou de vengeance
la purification ne pourra pas être complète ; et le sentiment se souille rapidement.


En bref et selon moi :
il s’agit de distinguer entre
- la vengeance à plus ou moins long terme, une manière sophistiquée d’opérer,
puisque utilisée par les riches et les poliptichiens,
mais qui entretient la morbidité dans les sentiments des uns et des autres ;
- une réaction directe ou rapidement pensée pour compenser l’attaque subie
afin de, justement et au contraire de la vengeance,
apaiser le sentiment (pour ne plus être encombré intérieurement par le dommage subi).

* * *

* Note pour les cinéphiles : un film coréen (sauf erreur) m’a beaucoup remué
sur le sujet de la vengeance à long terme, il s’intitule « Old boy ». Hallucinant !!
Il peut arriver qu’on mange un plat non seulement froid mais avarié…


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7 commentaires:

  1. Oh, là, là, la vengeance c'est quelque chose qui ne me parle pas du tout, il ne me viendrait jamais à l'esprit de me venger de quelqu'un... Je viens juste de m'en apercevoir en lisant ton article !!!
    Et en effet ça doit être terrible ce désir de vengeance, ça doit détruire petit à petit, qu'est-ce qu'on doit être malheureux !

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    1. :) merci Vi, ça me fait chaud au coeur de te lire.
      Oui, ça rend malheureux...
      ;)
      Mais c'est affaire de chacun, car dans ce monde il existe de véritables salopard(e)s et ma fois... On n'imagine pas ce que certains ont subi, à un moment ou l'autre, souvent durant l'enfance... Un exemple : toutes les personnes qui portent plainte contre l'Eglise pour abus sexuel. Au moins, par cette vengeance, maintenant ce ne sont plus justes des rumeurs : ça déconne dans les Eglises. Je veux dire que la vengeance permet, en positif, de révéler ou pour le moins de rétablir une vérité, des torts subis et donc, ça rééquilibre...
      A +

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    2. Je ne vois pas les plaintes contre l'église comme une vengeance mais plutôt comme un rétablissement de la vérité, une application de la loi dans le respect des droits et des devoirs.Pour moi, une vengeance c'est vraiment faire mal à l'autre en application du principe œil pour œil, dent pour dent.

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    3. Ne jouons pas avec les termes : lorsque tu traines quelqu'un ou une institution en justice, tu es dans une démarche de vengeance et tu espères une "réparation" = peine et/ou sanction.
      Un "rétablissement de la vérité" ne passe pas forcément par la justice et donc, par une vengeance (pas besoin de sanctionner ou de "faire mal" pour rétablir une vérité).
      Ne suis pas spécialiste du sujet.
      Ce que je comprends concernant la différence entre une vengeance
      et la loi du talion : l'oeil pour oeil est un plat qui se mange chaud,
      alors que la vengeance ... froid.
      :) ?
      A + Vi

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  2. Concernant une vérité : dire ou écrire une vérité peut faire mal à certains, certes,
    mais l'auteur n'est pas dans un esprit ni dans une démarche de vengeance.
    Rien à voir. C'est la vérité elle-même qui blesse (et pas l'intention d'une personne de nuire à une autre).
    Pour moi, traîner quelqu'un en justice s'inscrit dans une démarche vengeresse (la demande de "réparation"), c'est une vengeance civilisée. Notre Système social détourne cela (en faisant intervenir un juge qui lit des rapports et décide de sanction ou non) comme elle détourne notre agressivité naturelle et réactive, etc.
    D. Quinn explique clairement et simplement tout cela.

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  3. J'avais associé au terme "vengeance" une idée assez négative, du genre faire mal pour faire mal.
    Mais quand j'ai lu la définition : " Réparer un mal fait à quelqu'un en châtiant son auteur." On parle bien de réparation ! Ensuite tout dépend de la façon dont on s'y prend ! ;)

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    1. ;))
      Oui, ta dernière phrase-remarque est importante, je trouve.

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