La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 26 avril 2019

La croissance d'un facho

Il était une fois un enfant, mignon et malin,
qui représentait la fierté de ses parents et leurs familles.

À partir de ses sept ans d'âge, ils remarquèrent, à l’école, qu'il n’assimilait pas les matières.
Son intelligence, ses apprentissages cognitifs stagnaient.

Il n’aimait pas apprendre car, pensait-il, il savait ce qu’il fallait savoir.

L'enfant avait un frère plus jeune que lui.
Il en était jaloux et devenait sadique avec son cadet.

Lorsque cet enfant jouait à des jeux de société, il ne pouvait s’empêcher de tricher.
Impossible de faire une partie de quoi que ce soit avec lui de façon réglo, normale.

Durant sa puberté, ce qui stimulait l’enfant se résumait à :
compétition de « qui est le plus fort et qui a la plus grosse », football, bagarres et filles.

De façon générale, soit il mentait effrontément,
soit il arrangeait la réalité à son avantage.

Il fantasmait tellement sur les filles, sur la chose qu’il pourrait faire avec elles,
qu’en leur présence il perdait ses moyens. Il ne savait pas quoi leur dire
et ne parvenait pas à entretenir une relation avec elles.
Faut dire que vu son peu d'intérêts scolaire et culturels, il n'avait pas de conversation.

Quant aux bagarres, en situation, en vrai, il avait peur.
Voir des bagarres dans les films reste bien plus confortable et sécuritaire
que de se battre vraiment, que de recevoir des coups de poing et se faire casser la figure.

À table, il arrivait souvent que l’adolescent se vantât d’être fort
pour se battre et que les autres le craignaient.
Ni ses parents ni le jeune frère ne prêtaient attention à son discours délirant.
L’ado macho se faisait monter la mayonnaise tout seul. Un jour,
il pria ses père et mère d’aller tel soir à telle heure et à tel endroit
afin, leur assura-t-il, de constater d’eux-mêmes comment il se bagarrait,
car un gars lui cherchait noise, a-t-il expliqué.
Les parents, au lieu de lui demander de cesser ses imbécilités, le prirent au mot !
À l’heure du rendez-vous, les parents et le frère désintéressé
partirent rejoindre le lieu convenu.
Tous, dans la voiture, d’attendre.
La lumière baissait, c’était le soir.
Ils virent leur fils aîné arriver au loin.
Puis, en face, encore à distance, un gars arriva.
À peine le gars s’est avancé, que leur fils se mit à courir,
à fuir... dans l’autre sens.
Dans la voiture, gros éclats de rire.
La mère de clamer : « allez, ça suffit, on rentre ».

Le lendemain, le jeune frère, effrayé, découvrit l’aîné tuméfié de partout,
avec la tête comme dans les films : pleine de bosses et d’hématomes.
Le cadet ne pipa mot. Il comprit que le gars avait rattrapé son frère
et l’avait fracassé.

À midi, au moment du repas, l’adolescent assura à son père avoir, lui aussi,
démoli la figure de l’autre.
Personne ne l’écoutait.

Dès lors, comme tout lâche, l'ado saisit qu’il valait mieux s'entourer de plusieurs potes
pour chercher noise à autrui, aux étrangers par exemple.


Lorsque le Rambo-qui-se-voulait-viril eut dix-sept ans,
le père, connaissant beaucoup de monde grâce à son travail,
lui trouva une place d’apprentissage.

Non seulement Darkfacho fut en échec sur le plan théorique
mais aussi sur le plan pratique,
son patron se plaignant de son manque d’initiative et de son indolence.

Son père lui trouva un autre boulot où son fils réussit, enfin,
un apprentissage simplifié.

Ensuite de quoi,
parcours des plus banals, communs : il se maria, grâce à sa mère.
Cette dernière lui trouva la femme tout à fait appropriée.

Durant les années suivantes, il ne fit qu’une courte formation dans le management.
Il ne lisait pas, n’allait pas au cinéma, ne s’intéressant qu’au sport et aux putes.
Il méprisait les femmes « justes bonnes à baiser ».


Une quinzaine d’années plus tard, grâce à un beau-frère,
le sadique au QI limite handicap mental devint co-patron
d’une petite entreprise qui fonctionnait bien, de renom dans la région.

Le gars gagna de l’argent.

Dès lors, il s’intéressa… à la politique !

Comment un inculte peut-il en arriver à faire de la politique alors qu’il n’aime personne,
qu’il ne s’intéresse à personne, et qu'il n'a de culture que le sport,
cet égocentrique MOI, MOI, MOI ?

Devinez-vous, perspicace lecteur, son orientation politique ?

Il fit sa place au sein d’un parti… de la fachosphère.

Comme quoi, pas besoin d’être intelligent pour faire de la politique,
pas besoin d’être ni philosophe ni sage,
rien : juste avoir la haine dans son cœur.

Comme quoi, on peut être assez riche tout en restant limite idiot,
et devenir socialement influent !

Belle époque, pour les fascistes et les psychorigides attardés.


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11 commentaires:

  1. https://www.youtube.com/watch?v=ExnnE58hDBY
    c'est vrai ce que tu dis la, conclusion révoltante...
    Vaux mieux être seul que mal accompagné.. Sa donne envie de vivre en ermite anarchiste c'est le plus logique (ou une bonne guerre pour relancer le pays)...
    Bon weekend et prends bien soin de toi :)))

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  2. Glaçant de vérité ton texte.

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  3. Tu as déjà lu le roman d'Eric Emmanuel Schmitt : " la part de l'autre" ?
    C'est exactement le même déroulé, et si justement cela ne s'était pas passé comme ça ? Il suffit parfois d'un rien pour que ça arrive.

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    1. Oui, j'ai lu cet excellent roman de EE Schmitt ;
      pas sûr que ce soit le même déroulé, peut-être l'esprit ?
      Et oui, il suffit d'un rien, pour que ça bascule d'un côté ou d'un autre.
      ;) à + Vi

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    2. Le point commun que je vois entre cette fable et le roman d'EE Schmitt c'est la frustration,
      je pense au double échecs du jeune Hitler aux Beaux Arts.

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    3. Oui, voilà, c'est à ça que je pensais, s'il n'avait pas échoué il ne serait peut-être pas devenu ce qu'il fût ! Et pas d'adultes, de parents pour remettre sur le droit chemin.

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    4. Tout est dans ta phrase finale...
      Bon jour à toi, Vi

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  4. Brrrrr ça donne froid dans le dos
    Bonne soirée Eric

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