La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

lundi 8 avril 2019

De l'amour-haine (VII)

Rappel : l’enfant est un être affectif et tendre.
Son appareil génital n’étant pas encore développé,
l’enfant n’a pas encore d’imagination sexuelle,
ni désir ni fantasme ni passion (à ce niveau-là).

Voici ce qu’a écrit P. Diel concernant les liens affectifs que noue l’enfant,
avec les risques et causes de l’apparition du sentiment ambivalent d’amour-haine :
Le rapport parents-enfant est souvent affectivement troublé.
(…)
L’enfant trop couvé ou trop négligé par ses parents
nourrit subconsciemment des sentiments exaltés d’amour et de haine.
Une fois établie, cette ambivalence du lien affectif peut devenir déterminante
pour la vie future : elle inhibe le déploiement sain des qualités de l’âme et de l’esprit.
(…)
L’enfant, être encore tout préconscient et imaginatif, « vit » ses parents
sous un aspect mythiquement profond, issus du désir central, essentiel et surconscient,
de trouver en ses parents les nourrisseurs non seulement de son corps,
mais encore de son âme (par de la tendresse mesurée)
et de son esprit (par l’exemple, non seulement théorique mais vécu, des parents).

Des troubles psychologiques insuffisamment considérés, et des soins médicaux :
La déformation psychique est la menace la plus grave pour la conduite sensée de la vie.
La psychiatrie s’occupe des déformations psychiques en tant qu’état pathologique.
Le fait qu’il s’agisse d’une altération d’ordre psychique
ne l’intéresse que secondairement.

Aussi traite-t-elle ces maladies comme toutes les autres :
elle cherche la cause organique certainement coexistante.

Comprendre notre comportement naturel, instinctif, mais socialisé, civilisé :
Ainsi se pose la question : quel est le besoin fondamental, essentiel à toute forme de vie ?
Or ce besoin est de toute évidence la sauvegarde
de l’unité de l’organisme (somatique et psychique).
La satisfaction de ce besoin fondamental est assurée par deux tendances élémentaires :
l’attaque et la fuite. (Ces deux tendances se manifestent chez tous les animaux.
Même chez les herbivores, le mâle se montre souvent extrêmement agressif.)
Les sentiments qui sous-tendent l’attaque et la fuite sont le courage et la peur.
(…)
Contrairement à l’animal, l’homme est incorporé dans la société,
qui lui garantit en une très large mesure la sécurité de son organisation corporelle.
Par contre,
l’organisation psychique de l’homme est d’une très grande complexité,

ce qui implique sa fragilité.
Le danger auquel l’unité de l’organisation psychique se trouve exposée
n’est plus la destruction mortelle, mais la destruction partielle :
la déformation maladive du psychisme.

Paul Diel explique ensuite « l’élargissement des pulsions » :
nos besoins fondamentaux et simples (boire, manger, se laver,
se sentir en sécurité pour dormir et la sexualité) se sont complexifiés
en comparaison aux autres animaux (sujet déjà abordé précédemment).

Note : vivre « d’excitation en excitation » est une autre façon d’évoquer
les divers stimuli de la vie.
Stimuli/réflexes (instinctifs) = excitations/réactions (spontanées) ou réponses (réfléchies).
L’homme ne vit plus seulement dans l’ici et le maintenant.
Il ne vit plus d’excitation en excitation.
(…)
En raison de l’élargissement des pulsions et des désirs multiples qui en dérivent,
la vie émotive se complique et se raffine.
L’émotivité n’est plus – comme chez l’animal –
déterminée par le contraste courage-peur (attirance-aversion) sous sa forme primitive.
L’affectivité de l’homme se diversifie en des sentiments multiples
qui finissent par jouer entre l’attirance devenue amour

et l’aversion devenue haine.

Concernant l’idéal d’amour et le sentiment ambivalent d’amour-haine
(en poursuivant sur le sujet de la vie émotive compliquée des humains) :
L’amour se présente ainsi comme une émotivité sublimée, purifiée d’agressivité,
susceptible de renoncer à l’attitude méfiante de la fuite ;
la haine est une intrication perverse entre attaque et fuite : elle est la fuite émotive
devant l’objet excitant, lequel continue pourtant à inciter à l’attaque-revanche.
(…)
Grâce au contrôle conscient, la « rétention des excitations » en cas d’obstacle
– souvent imposée déjà à l’animal – devient patiente et volontaire,
ce qui favorise l’élaboration sensée de satisfactions futures :
l’attente se charge d’espoir.

Forme de prévoyance, l’espoir, pour ne pas être exaltation malsaine,
doit tenir compte de l’éventuelle déception future.
L’exaltation imaginative des désirs transformera leur raison d’être
– l’espoir de satisfaction – en appréhension angoissée des déceptions.

(…)
La multiplication des sentiments d’espoir et de déception, liant le passé au présent
et à l’avenir, se prête ainsi à un jeu imaginatif capable de procurer
des présatisfactions provisoires et trop souvent illusoires.
L’imagination est une pensée préconceptuelle qui se meut, et émeut,
à l’aide de la représentation des objets (objectifs des désirs),
même lorsqu’ils ne sont pas perceptivement présents.
(…)
Pour primitive qu’elle soit, l’imagination est une fonction naturelle
de la psyché consciente (l’enfant est un être purement imaginatif).
Le danger de l’imagination réside dans le fait que n’importe quel désir,
même le plus insensé et le plus irréalisable, peut, par son entremise,
trouver une présatisfaction exaltative et exaltante qui dévie l’énergie psychique
(l’énergie des désirs) de l’effort de réflexion, seul garant de réalisations sensées
et de satisfactions réelles.

Paul Diel explique clairement (je trouve) ce qui trouble, déséquilibre, le psychisme :
L’exaltation imaginative embarrasse la psyché d’un multitude de désirs
dont l’exigence de satisfaction est sans issue et qui
– transformés en faux motifs d’action futures – s’amassent dans la psyché,
se contredisent et se contrecarrent,

et menacent de destruction l’unité du fonctionnement psychique.
L’exaltation imaginative est le véhicule de la déformation maladive du psychisme.

Voici un idéal de vie sain :
L’harmonie est l’idéal-guide parce qu’elle est l’unité dans la multiplicité.


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