La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

lundi 5 novembre 2018

Non-violence, tant que possible

Sans chercher ni vouloir le conflit, pouvant aboutir à un combat,
il s’agit également de ne pas l’éviter ni de le nier.

L’esprit, l’élan à saisir dans ce propos,
est le même que lorsque l’on se confronte à un problème :
il faut chercher à le résoudre au plus vite,
et non pas l’enfouir sous le tapis.

Se vouloir toujours conciliant avec autrui a pour conséquence l’évitement du conflit
et donc, la non-résolution de ce qui divise ou bloque entre deux parties adverses ;
et le motif de divergence se retrouve balayé sous le tapis.
Ce type d’attitude, excessivement conciliante, a pour conséquence que
l’une des parties (ou l’un des camps), la conciliante, ravale sa frustration,
alors que l’autre partie (ou ceux du camp adverse) impose ses point de vue,
choix, décision, actions et ce, sans avoir à lutter !

Il s’agit ici de saisir la dynamique d’une relation entre opposés,
d’en saisir le mouvement, l’interaction (entre un opposé et l’autre).

Une opposition – obstacle, problème, résistance, avis contraire d’autrui, etc. – :
- soit débouche sur un conflit larvé ou déclaré ;
- soit une partie (ou camp) devient dominante et l’autre soumise ;
- soit les opposés sont réunis en une complémentarité fonctionnelle.

Y réfléchir, afin de vérifier cela par soi-même.

Une situation avec des opposés qui ne trouvent pas, ne parviennent pas,
à une complémentarité permettant un fonctionnement d’ensemble
ne peut produire que des conflits.
C’est le principe de la relation gagnant-perdant (dominant-dominé,
autorité-obéissance, maître-esclave, sado-masochisme, etc.)

Une opposition parvenant à une complémentarité de fonctionnement
génère une ambiance apaisée, un climat sain pour tous,
en favorisant des relations gagnant-gagnant.


Étudions cet état d’esprit avec une parabole :


Les plus âgés ont peut-être vus une vieille série TV
qui s’intitulait « Kung Fu », avec David Carradine.
Dans cette histoire, le protagoniste est l’équivalent d’un saint homme.
Il incarne un guerrier sage. En fait, il est un moine Shaolin.
Son parcours l’a amené à pratiquer, enfant, les arts martiaux.
Il est donc très fort, très habile au combat, imbattable quoi.
Le gars chemine, léger, curieux, naïf-innocent et le cœur en paix.
Jamais il ne cherche noise à qui que ce soit. Il est Bon et doux.
Néanmoins,
sensible au juste mais réactif à l’injuste,
il vaut mieux ne pas lui barrer la route
ni s’en prendre physiquement à lui ou à ceux qui sont avec lui.
Il ne tuait pas ses adverses, ni ne s'acharnait sur eux,
n’entretenant pas d'intention de nuire ni d’anéantir,
mais il leur faisait passer l’envie de recommencer. Sans hésitation.
On peut dire que c’était un pacifiste non-violent zen
qui, si confronté à l’ignominie ou si on l’attaquait,
devenait un Bruce Lee déchaîné.

Voilà l’attitude qui me semble juste, celle narrée dans cette série TV :
viser la sagesse (comportementale)
mais sans fléchir ni accepter ce qui peut corrompre, avilir,
souiller, asservir, faire de soi un « collaborateur du mal », etc.

Face à l’ennemi ‒ contre ce qui impose, contre l’ignominie ‒
ou confronté aux problèmes et obstacles qui se présentent,
il faut se battre, pour le moins résister.
C’est une loi naturelle, qui va de soi.
Observer dans les restes de Nature, en forêt par exemple :
que ce soit les plantes et arbres comme les autres animaux,
chaque être vivant se bat pour une place au soleil
et, quand nécessaire, contre un adversaire.
Dans la Nature les combats se font à la loyale, c’est la loi du plus fort et du plus rusé ;
sauf en ce qui concerne l’animal humain devenu une bête malfaisante,
égocentrique, susceptible, lâche, injuste, démente, mégalomaniaque et retorse,
dissimulant sa noirceur derrière un masque et des manières soi-disant civilisées,
caquetant des paroles de paix tout en préparant dans sa tête des stratégies d’anéantissement.

Lorsqu’un moustique approche et qu’on le voit :
quelle est la réaction spontanée, automatique, animale ?
Le combattre, le tuer ou pour le moins l’éloigner, non ?

Du bon sens :
être sage n’implique pas de ne jamais se battre,
mais de ne se battre qu’en dernier recours,
une fois les tentatives d’accord et d’entente épuisées.
Lorsqu’on essaye la conciliation, une négociation pour du gagnant-gagnant,
et qu’elle échoue, il ne reste plus qu’à se battre, parfois physiquement.

Quand les événements nous confronte à un obstacle,
d’une façon ou d’une autre, il faut en venir à bout,
cela est sagesse ;
car, autrement,
l’obstacle (quel qu’il soit, matériel, idéel ou humain)
finit par nous pourrir la vie depuis l’intérieur de soi-même.
Pour le dire autrement,
c’est le fait de laisser un problème sous le tapis
(de le ravaler, de le nier ou de se soumettre contre son gré)
et l’évitement du conflit
qui causent des cristallisations négatives dans le sentiment ;
ce qui provoque les ruminations, les idées de vengeance,
des mauvaises nuits de sommeil, la haine, la rancœur,
l’accusation de l’autre (d’être la cause de son malheur), etc.

Pour rester le plus pur possible,
il faut régler les problèmes à mesure qu’ils se présentent
(et avoir dénoué ceux du passé).

Sagement, face à autrui, on tente la manière douce,
mais si ça ne marche pas, il reste le combat. C’est comme ça.

C’est un devoir d’empêcher l’autre de nous nuire :
respect de soi, de son corps, de sa santé, de son éthique, de son élan de vie.

Vouloir une non-violence en toute circonstance est une idéologie, une abstraction.

La vie interactive ne se déroule pas le long d’une ligne plate, uniforme et sécurisée.


S’écouter ne se limite pas à n’écouter que la voix de notre moi-je idéal,
c’est aussi écouter nos tripes (notre animalité) ainsi que notre conscience.


Pour poursuivre sur le texte précédent « solidarité mondiale » :
une fois que l’on a choisi son camp, sa bataille, forcément,
tous ceux agissant à l’encontre ou faisant obstacle sont des ennemis.

À l’heure actuelle, il serait important, pensé-je,
que tous ceux du même camp identifient clairement l’adversité ;
ainsi le camp ennemi ne pourra plus, par exemple,
semer des graines de discordes dans le camp opposé.
Ne pas perdre de vue l’ennemi commun, afin de parer à ses manœuvres stratégiques.
Voilà pourquoi il me semble important d’avoir au moins une visée commune,
même si chacun et chaque groupe agissent à leurs manières.

But commun et ennemi commun.
Même camp. Solidarité.

Penser à un fait : "ils" ont près de 12'000 ans de pratique de domination et d’oppression,
combien ont essayé de les déstabiliser, voire d’anéantir cette politique ?
Au fil du temps, "ils" sont devenus des experts.
Sur ce terrain, le leur, nous n’avons aucune chance.
C’est pourquoi il nous faut être davantage solidaires,
en laissant  nos différents de côté, durant une période,
et agir, ensemble, de façon créative (au sens plein du terme), soit : imprévisible.

Pour certaines choses, dans certaines situations et à certains moments,
la demi-mesure n’existe pas, il n’y a pas d’entre-deux possible :
c’est soit l’un, soit l’autre.

Le seul moyen de ne pas être responsable, par exemple de la destruction des forêts,
ni de devenir un "collaborateur du mal",
c’est de lutter (ou d’être innocent, comme déjà relevé précédemment).
Voilà pourquoi il faut maintenant se lever... 




Liens
* Solidarité mondiale
* Limites du pacifisme

* Contenir les résistants par la non-violence
(avec une vidéo-reportage traitant des mythes et réalité de la non-violence)

* Le mal, c'est viril (où il est expliqué ce qu'est un "collaborateur du mal")

___________________________________________________

8 commentaires:

  1. Une petite pour la route après @ la semaine prochaine :)
    https://www.youtube.com/watch?v=f3SDCmyhFrc

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bien vu Cres ;) à +

      ♫ ♪ nos vies n'ont plus aucun sens
      depuis que nos rêves sont indexés sur le prix de l'essence ♫ ♪

      Supprimer
  2. Bonsoir Eric,
    déjà j'aime le titre de ta publication Non violence tant que possible.
    Même jeune je me souviens du film Kung Fu joliment interprété par David Carradine,
    je loupais pas un épisode:-) c'est pour te dire, me sens un petit peu comme lui ,
    j'aime pas nuire mais confrontée à cette société c'est trop compliqué en tout
    alors même avec la peur j'avance comme je peux sachant que je suis entourée +
    de mal à cause de cette société mais j'ai mon cœur en paix au moins c'est déja
    une grande chose.Je suis très sage comme Kung Fu mais je supporte pas les injustices.
    Te souffle un coucou
    Vais écouter la musique:-)



    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le coeur en paix, la conscience tranquille...
      ;)
      Je n'ai plus revu un seul épisode depuis l'enfance. A quel point cette série
      m'a marqué. Hier, j'ai voulu revoir un épisode mais n'en ai pas trouvé, que de courts extraits.

      Bon soir Lucette

      Supprimer
  3. Son tout 1er épisode que j'ai jamais vus j'était bcp trop jeune, je le découvre maintenant ici : https://www.dailymotion.com/video/xnonmr
    Films en ligne gratuits mais sans Kung fu ici: https://filmzenstream.club
    Après tu trouve mais faut s'inscrire et à mon avis mieux vaut pas sur le net = prudence.
    Bonne soirée

    RépondreSupprimer
  4. Eric,
    J'adhère !
    "Pour rester le plus pur possible,
    il faut régler les problèmes à mesure qu’ils se présentent
    (et avoir dénoué ceux du passé)."
    Le lot quotidien qui prend du temps et de l'énergie, mais qui change tout.
    Thierry

    RépondreSupprimer