La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 23 novembre 2018

Ère de la honte

En préambule, un commentaire sur l’actualité française du jour :
on dirait bien que ça commence à chauffer vraiment !
Aïe, va falloir s’occuper des cactus, ouïlle.



Il y a peu,
j’ai entendu à la radio que la littérature africaine est peu publiée dans les pays occidentaux.
Après y avoir réfléchi, je me rends compte qu’effectivement j’ai peu lu d’auteur africain.

Pour quelles raisons cette littérature manque dans nos librairies ?

Honneur à un écrivain à la peau noire : Ahmadou Kourouma,
né en Côte-d’Ivoire, vivant au Togo lorsqu’il a écrit un roman paru en 1990
intitulé Monné, outrages et défis (éditions du Seuil).

Parce qu’il est utile de se voir, nous les Blancs, au travers du regard des Noirs,
et parce qu’il est intéressant de constater comment l’esprit Noir comprend
les "valeurs", buts de vie, "morale" et façon de vivre de l’esprit Blanc
se voulant, croyant et prétendant, supérieur à tout.
Surtout si entente $ecret des affaire$.

Cet auteur nous renvoie une image de notre société bien-pensante,
et ce que dissimule les beaux discours des promoteurs de cette civilisation-colonisatrice,
qui me paraît devenir contraire à l’éthique d’un nombre croissant de citoyens européens,
qu’ils soient blancs, bruns, jaunes ou noirs de peau, chrétiens ou musulmans ou autres.

Le défaut majeur de l’esprit capitaliste, ses mécanisme et moteur,
ressort parfaitement dans l’extrait ci-dessous, je trouve.

Ce qu’explique A. Kourouma à ce moment du roman,
selon mon entendement,
c’est le mal qui ronge nos esprits et cœurs depuis le Croissant Fertile,
mal mental et émotionnel ayant commencé il y a ~12'000 ans !
Mal répandu dans le monde entier.

Nouvel Ordre Mondial
ou
Nuisible Ordre Malin ?

Brièvement, pour se mettre dans le bain, voici le contexte du roman :
les blancs colonisateurs arrivent dans une région d’Afrique qui,
jusque-là, avait échappé à la mainmise des occidentaux.
Un interprète africain traduit à un roi local le discours, la volonté,
du capitaine des blancs, un français, un « toubab »,
ayant fait plier plusieurs rois de la « Négritie ».
Dans ce royaume, la population pratique la religion musulmane.

Avant l’explication des obligations de la civilisation par le capitaine et sa cour de blancs,
l’interprète interpelle le griot en lui reprochant de se taire :
Le griot s’excusa ; il ignorait que le langage de la force et du pouvoir blancs
avait besoin de la voix des griots pour s’imposer.

Ensuite de quoi, le griot prévient toutes les personnes présentes :
Le pouvoir, qu’il soit toubab ou nègre, est la force.
Les louanges sont indispensables à la force comme la parure l’est à la belle femme.

Devant tout le monde – villageois, griot et roi, le capitaine discourt
et l’interprète traduit tant bien que mal :
(…) ce dessein (de la colonisation) s’appelait la civilisation que,
faute de mot correspondant, il traduisit par « devenir toubab ».
Les mots firent sursauter Djigui (le roi).
L’interprète rassura tout le monde en expliquant que
civiliser ne signifie pas christianiser.

La civilisation, c’est gagner de l’argent des Blancs.
Le grand dessein de la colonisation est de faire gagner de l’argent à tous les indigènes.
L’ère qui commence sera celle de l’argent.
- Quand il t’échappera un pet avec de l’argent, tout le monde s’en accommodera ;
mais, sans argent, on te rossera.
Quand tu te coucheras et t’assoiras sans argent, tu ne seras ni couché ni assis
(intervient le griot, lucide et railleur).
- C’est encore plus que ça, ajouta l’interprète ; quand tu invoqueras…
Sans argent.
- Quoi ! Même le Tout-Puissant ?
- Vrai comme une noix de cola blanche.
Avec le sourire, l’interprète regarda fixement Djigui et expliqua que sans argent
les prières ne vaudraient pas les paroles futiles et mensongères d’un mangeur de haricots…
Puis, avec le sérieux qu’exigeait la situation, il exposa que rien ne serait plus vrai ou bon
ou bien sans argent et que pour être vrai, bon ou beau il faudrait posséder l’argent.
Devant le regard interrogateur et sceptique du roi, il baissa le ton et minutieusement
exposa ce qu’il appela « les paroles de l’argent du Blanc qui sont plus nombreuses
que mille millets et leurs milliers de plumes ».
(…)
- Comme le besoin d’évoluer n’a jamais résidé dans la tête du Noir,
il faut l’amener à vouloir la civilisation,
à rechercher l’argent plus que le gibier,
plus que l’amitié et la fraternité,
plus que les femmes et les enfants,
plus que le pardon d’Allah.
Et pour cela le Blanc a deux lois.
- Deux comme les deux lèvres de la féminité, s’écria Djéliba en souriant
pour détendre l’atmosphère.
- Juste… juste… acquiesça l’interprète.
La première s’appelle l’impôt de capitation.
(…)
Celui qui n’a pas l’argent pour s’acquitter de l’impôt du prix de la vie
le paiera quand même.
(…)
Soumaré démontra comment les chefs qui n’avaient pas d’argent
parviendraient quand même à payer l’impôt du prix de la vie.
Ils seraient enfermés dans des cases où on les enfumerait avec du piment et,
si la toux ne parvenait pas à leur arracher l’argent,
on mettrait des braises sous leurs pieds et dans leurs mains.
Avec le feu et le piment…
(…)
Avec le piment et le feu ils vendront leur or, poursuivit l’interprète.
S’ils n’ont pas d’or, ils se sépareront de leur bétail ;
s’ils n’ont pas d’animaux, ils vendront leurs filles, leurs femmes,
leurs cache-sexe.

Tout le monde doit savoir qu’il est préférable de consommer de son totem
plutôt que de refuser de payer l’impôt de capitation. (…)
- La deuxième loi du blanc est la recherche du confort.
Le Blanc « nazara » n’hésite pas à faire le bonheur de l’autre
quand même celui-ci ne le désire pas.
On ne circoncit pas sans mutiler et faire saigner.
Les bienheureux seront les indigènes qui après le paiement de l’impôt de capitation
auront de l’argent de reste pour se procurer du confort !
Ils pourront se civiliser en achetant au comptoir : des miroirs, parapluies,
aiguilles, mouchoirs de tête, plats émaillés et des chéchias rouges avec des pompons,
plus belles que celles des tirailleurs.
(…)
Le paradis, c’est au ciel pour les élus.
Sur terre ici-bas, ce qui est le plus rapprochant,
c’est avoir de l’argent
.

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6 commentaires:

  1. Eric,
    Oui une réalité qui en dit long. Avoir de l'argent. Être en or ? Encore autre chose...
    Thierry

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    1. ... et qui dure long, aussi.

      Je n'arrive pas à commenter sur ton blog (message genre "session expirée") ?

      Salut Thierry-en-or

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  2. Oui si t as pas de pognon t'es mort et si t es mort que t as pas de pognon ? on te met ou ?
    Salut les garçons?

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    1. Lol, c'est du niveau d'appauvrir la classe moyenne : qui consommera, achètera, leurs produits plein de pesticides divers, avec saveurs artificielles ?
      Un salut Saby

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  3. Bjr Eric,
    les riches resterons riches (sans être honnête) et la classe moyenne oui deviendra pauvre nous payons la totale pour tout!!
    Satané pognon :-)) Au ciel au moins il y à pas besoin de tunes:-)
    Bon dimanche Eric

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    1. Lol, j'espère aussi qu'on ne va pas nous refaire le coup là-haut, au ciel.
      :))
      A + Lucette

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