forcément le relationnel se trouve au centre de tout.
Par exemple, nous sommes éduqués au travers et grâce à nos relations (avec les parents, les profs, etc.)
Font partie intégrante du relationnel la façon d’être, de se comporter et de communiquer,
d’entretenir les liens avec les famille, conjoint, amis, collègues, voisins, connaissances…
Une interaction crée et instaure un flux d’échanges de mots, de gestes,
d’attentions, d’écoute, de compréhension, d’expression d’émotions,
de sentiments et d’idées… ; tout cela allant de l’un à l’autre,
passant des uns aux autres, revenant des autres aux uns…
S’il n’apparaît pas cette dimension de l’échange, flux et reflux,
la relation n’est pas équilibrée et donc, elle n’est pas saine,
prenant le plus souvent la forme d’un rapport de force,
avec une emprise de l’un sur l’autre,
une soumission des uns face aux autres, à leurs idées et volonté ;
c’est ce que j’appelle un rapport unidirectionnel ou une relation à sens unique,
dont il ne résulte que du gagnant/perdant, dominant/dominé, sadisme/masochisme.
Une telle non-relation est instaurée, voulue, par l’un, le plus souvent au détriment de l’autre.
Une relation, au sens plein du terme, apporte à l’un et à l’autre.
Selon mon observation, voilà ce à quoi pousse le Système compétitif de rentabilité
au sein duquel l’humain, ses talent et capacités, ainsi que son souci éthique,
passent en second plan, voire dans un placard à la cave ou au grenier,
ce qui se ressent fortement dans notre façon d’être ensemble et de communiquer :
Mon âme s’afflige devant ce monde
où les hommes vivent pour se rendre tour à tour malheureux…
Chacun devrait désirer le malheur pour soi afin de l’épargner à l’autre.
Il est mille fois plus supportable d’avoir été rendu malheureux
que de rendre malheureux.
– Cioran
Notre besoin affectif et relationnel baigne dans un idéal ambitieux
en lequel le bon sens se noie, et l’amour devient sujet de raillerie et de rejet.
En amitié, comme en amour, on veut que l’autre nous ressemble, pense comme nous,
ait les mêmes opinions politiques, envies, goûts, plaisirs, etc. :
Si j’avais un ami
et que je l’aime pour les bienfaits qu’il peut me procurer, selon mon bon vouloir,
ce n’est pas mon ami que j’aimerais, mais moi-même.
Je dois aimer mon ami pour les bienfaits qu’il lui plaît de m’accorder,
pour ses vertus propres : pour cela et rien d’autre que ce qui lui appartient.
– Maître Eckhart
En relation, nous avons constamment le souci de devoir dissimuler des choses :
des aspects de nous-mêmes, des secrets honteux, des échecs, des erreurs et faux pas,
nos plaisirs et fantasmes sexuels, nos croyances profondes, nos doutes, nos fragilités, etc. :
- Il est difficile de connaître les gens, vous ne trouvez pas ?
Je veux dire véritablement.
Même bien intentionnés, ils ont toujours tendance à cacher ce qu’ils pensent,
leurs petits travers, leurs histoires honteuses, leurs vraies motivations, leurs croyances.
C’est pourtant tout cela qu’il faudrait savoir. Parce que un jour ou l’autre,
ces choses remontent à la surface par surprise
et celui ou celle que vous avez en face de vous redevient un parfait inconnu.
- Chacun a droit à son jardin secret.
- N’est-ce pas seulement en parcourant ce jardin
que l’on peut vraiment "rencontrer" quelqu’un ?
– DOA
Rencontrer vraiment quelqu'un – sans cacher nos fragilités, imperfections et doutes –
est rare, bénéfique, précieux. C'est cela une relation amicale ou amoureuse.
Un ami, c’est quelqu’un qui vous connaît bien
et qui vous aime quand même.
– Hervé Lauwick
En plus d’un soutien, d’une épaule, l’autre représente la différence,
ce qui permet à chacun de s’enrichir, d’apprendre quelque chose,
de réfléchir autrement, de recevoir des informations qu’on n’avait pas,
de regarder depuis un autre angle de vue, d'être bousculé dans ses certitudes, etc.
Je continue de chercher quelqu’un qui ne me comprendrait pas
et que je ne comprendrais pas,
car j’ai un besoin effrayant de fraternité.
– Romain Gary
Comment communiquons-nous les uns avec les autres ?
(Je vais éviter de poser la question concernant la manière de communiquer
entre travailleurs et actionnaires par exemple, ou entre le peuple et les politiciens,
le système hiérarchique brisant tout échange spontané et, surtout, d’humain à humain)
Savons-nous communiquer ?
Nous l’a-t-on appris à l’école ?
A-t-on été sensibilisé à notre façon d’être en relation et de communiquer ?
Serait-ce important de mieux communiquer ?
À quoi servirait de savoir communiquer ?
(…) le fait de ne pas savoir communiquer, voilà l’origine des maladies mentales.
– Philippe Van Eersel
Sous prétexte de devoir être gentil, conciliant et civilisé, avec tout le monde,
surtout avec les collègues de travail et davantage encore avec les cadres supérieurs,
nous nous obligeons à entretenir des relations non souhaitées,
voire qui nous déplaisent et corrompent, se révélant malsaines au fil du temps :
Ne te trouve jamais en compagnie de quelqu’un
aux côtés de qui tu ne voudrais pas mourir.
– Frank Herbert
Pourtant, concrètement (et non pas théoriquement),
interagir et respecter autrui est simple, enfantin :
Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ;
tout le reste n’est que commentaire (…)
– Rabin Hillel (à propos des Saintes Écritures)
Les couples se forment, s’aiment autour de leurs imperfections si touchantes ;
puis, une fois la phase lune de miel passée,
ces mêmes imperfections deviennent insupportables, la plupart du temps.
Alors, souvent dans cette situation, l’un dans le couple espère
que l’autre change de comportement,
« il suffirait qu’il(elle) change ceci, cette habitude, et se serait parfait… »
C’est un péché contre l’amour que d’essayer de remodeler l’âme de quelqu’un
que vous aimez, même si vous croyez que vous l’aimerez davantage
quand vous l’aurez transformé en quelque chose d’autre.
– Robert Silverberg
Un peu de sagesse clairvoyante dans cette société brutale :
Je ne t’aime pas pour ce que tu es, mais pour ce que je suis quand je suis avec toi.
en soumettant toutefois un autre aspect à considérer dans la relation, la disponibilité :
Ne perds pas de temps avec quelqu’un qui n’est pas disponible à en passer avec toi.
– Gabriel Garcia Marquez
Un autre aspect détruit le relationnel, c’est le besoin immodéré de « faire quelque chose »,
ce qui stimule à conseiller l’autre, par exemple à lui suggérer, voire imposer, quoi faire.
Certaines personnes veulent à tout prix "aider" autrui,
comme si elles ne vivaient que pour la reconnaissance de l’aide apportée.
Or, le plus souvent, nous avons juste besoin d’être écoutés un moment et, davantage encore,
de sentir la présence de l’autre, de pouvoir se dire sans se faire juger ni conseiller, etc.,
c’est-à-dire de se sentir un tant soit peu compris. C'est tout, rien de plus. Et c'est énorme.
À tenir en compte : si je te conseille c’est que, forcément, même inconsciemment,
je crois avoir la réponse à ton problème soit, savoir faire mieux que toi :
Une dynamique souvent vérifiable m’interpelle pourtant.
Tous les êtres sont émouvants de bonté et d’amour…
jusqu’à la sensible ligne de démarcation où viennent suppurer les conseils,
le savoir théorique fraîchement acquis ou même ancien et qui doit à tout prix être communiqué.
À ce moment se produit une dégradation des composantes chimiques dans la relation :
le visiteur (n’importe quel être) a succombé à la tentation d’ « aider » !
– Christiane Singer
Entretenir une relation est comme un combat puisque l’autre n’est pas moi,
puisque l’autre représente la différence et un possible obstacle à mes idées et désirs.
Mais dans cette société où le faux-semblant et l’hypocrisie sont encouragés,
où les différences sont nivelées, voire gommées de la carte,
la seule idée d’un conflit nous fige. Pourtant :
On ne peut connaître quelqu’un qu’en le combattant.
– Séraphin à Neo, dans le film Matrix.
En relation, en interagissant, qu’est-ce qui importe ?
Et, par la suite, qu’est-ce qui reste en chacun,
qu’est-ce qui nous marque en profondeur et de façon agréable ?
Dès le moment où l’on se possède, nous perdons ceux que nous aimons,
sous l’effet de la mort, du temps, de l’histoire, de nous-mêmes.
Ce que nous conservons, ce sont ces fragments de générosité,
ces dons de la foi et de l’amitié,
du désir que nous sommes capables de mutuellement nous manifester.
– Vikram Chandra
Est-il sain de s’efforcer à vouloir être en bonne relation avec tout le monde,
à se comporter civilement selon des critères abstraits et préétablis à l’avance
par des spécialistes sans scrupules et obnubilés par des résultats-bénéfices à court terme ?
Nous n’avons pas plus à nous rapprocher les uns des autres que le soleil et la lune,
la mer et la terre.
(…)
Notre but n’est pas de nous fondre l’un dans l’autre,
mais de discerner l’un l’autre ce que nous sommes
et d’apprendre chacun à voir et à honorer ce qu’il est vraiment :
le contraire et le complément de son ami.
– Hermann Hesse
De nos jours, on parle pour parler,
on argumente, même sur le pire, pour rationaliser,
on se vante de l’ignoble pour normaliser,
on commente pour se conformer,
et blablabla pour combler le néant qui ronge notre vie intérieure :
C’est comme ça qu’on voit si on se plaît avec une personne,
quand on peut se taire tout à fait au moins une minute,
et profiter du silence.
– Pulp fiction, film de Quentin Tarantino
Voici, selon moi, le gros et grand problème, parfaitement résumé, du Système :
Mais cela se dit comment, l’amour, en langue mathématique ?
– Jacques Mayol
Concernant la vie en couple, voilà l'important :
Ce qu’on attend de l’être avec qui l’on vit
c’est qu’il vous maintienne au niveau le plus élevé de vous-même.
– Virginia Woolf
Pour les amateurs de problèmes équationnels. Sans rire,
l'extrait suivant considère les projections et tient compte aussi du jeu des polarités
entre l'intérieur et l'extérieur (à soi). C'est fin, subtil, à méditer :
Comprendre est un phénomène interne de la pensée,
tandis qu’exprimer en est l’aspect externe.
Comprendre est la reconnaissance, en soi-même,
de ce qui se passe chez quelqu’un d’autre.
Exprimer est, par-contre,
la reconnaissance externe de ce qui se passe en soi-même.
– Simone Berno
Tentons de saisir les raisons de nos dysfonctionnements relationnels :
Ces rapports (les rapports humains) s’établissent toujours sur des images,
sur des mécanismes de défense : chacun se fait le portrait de ce que sont les autres
personnes et les rapports sont ceux de ces images entre elles,
non ceux des personnes elles-mêmes.
(…)
Tant que subsiste cette formation d’images, les rapports entre deux personnes
ou entre de nombreux êtres humains, n'existent pas,
et ceux qui s’établissent ne peuvent évidemment jamais instaurer une paix,
car ces images sont fictives ; or la vie dans l’abstrait est impossible.
– Jiddu Krishnamurti
La citation suivante n’est pas uniquement valable pour le grand amour
ou pour sa relation à Dieu ; selon moi, elle est valable pour toutes formes de relation
même si à des degrés et intensités divers d'implication. Comme le relevaient les Grecs,
n’existe-t-il pas quatre formes différentes d’amour (dont l'amour des objets inanimés) ?
En toute relation, même haineuse, circule l’Amour.
Ceux qui pensent que c’est l’indifférence l’opposée de l’amour ont raison (à mon avis)
dans le sens que l’indifférence empêche l’Amour de circuler,
comme un barrage retenant une rivière.
Une personne indifférente ne "calcule" pas l’autre, comme disent les jeunes.
Pour le dire autrement, face à une personne indifférente c’est comme si on parlait dans le vide,
comme si on était un objet, comme si on n’existait pas. Quoi de pire ?
Selon moi, tout est interactif en ce monde (naturel),
tout est lié, et toute relation a du sens.
Jamais en vérité, l’amant ne cherche sans que le cherche sa bien-aimée.
Lorsque l’étincelle de l’amour a jailli dans ce cœur-ci,
sache qu’il y a de l’amour dans ce cœur-là.
Lorsque l’amour de Dieu croît dans ton cœur,
nul doute que Dieu ait pour toi de l’amour.
Une main ne peut applaudir sans le concours de l’autre main.
– Rumi
Ce qu’on attend de l’être avec qui l’on vit
RépondreSupprimerc’est qu’il vous maintienne au niveau le plus élevé de vous-même.
– Virginia Woolf : j'aime cette phrase
Je crois fort que quand on s'aime on se rend beau et belle .....nos yeux pétillent et le sourire éclaire nos visages ...
C'est ta dernière phrase qui est belle, Saby.
Supprimer;)
A quoi servirait d'être en couple si ce n'est pour se maintenir...,
et se soutenir l'un l'autre dans les moments difficile... ?
A +
Wouh ! Quel article ! je l'ai lu d'une traite !
RépondreSupprimerje dirais donc que j'ai trouvé une réelle amie puisque nous sommes capables de nous aider mutuellement sans passer par l'acte d'aider. On s'écoute, on se parle, on se soutient mais on ne se conseille pas. On accepte les jours avec et les jours sans .
pour le couple en effet, je voyais ça comme une union de forces et de bonheur mais ça n'a pas marché. j'ai eu une bonne claque après la lune de miel, enfin, c'est plutôt après le premier enfant que j'ai reçu une bonne claque ...
"on accepte les jours avec et les jours sans"
Supprimer:) (j'aime bien)
A + Vi
Salut, l'heure est... Tard un peu de zic et je repasse demain tchô :))
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=5zTF1Ps6RHU
:) tchô Cres ♫ ♪ agréable flemme à toi ♫ ♪
RépondreSupprimerEn partage de rire et a bientôt :)))
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=8quPP7PMq9Q
J'ai chopé deux extraits (ça va vite) :
Supprimer« moins tu peux payer, plus tu paies »
(ex : les banques taxent des frais à ceux qui peinent à finir le mois sous prétexte que..., pour faire des cadeaux à ceux qui ont bcp sur leur compte ! ?)
Celle-là, j'adore, excellent, (à méditer) :
« ça fait plaisir de savoir qu'on est compris par des mecs qui comprennent des trucs
qu'on comprend pas... »
:))
à + Cres
Une chose encore : ça devrait nous faire réfléchir le fait que ce sketch
Supprimerde Coluche, écrit au début des années 1980, soit autant d'actualité,
quelques 40 ans plus tard !
Stagnation dorée de soi-disant progrès clignotant de partout...
Eric,
RépondreSupprimerIl est en effet effrayant parfois ce besoin de fraternité...
Dans un autre registre de fraternité :
http://www.tmorenscene.fr/afertes-cada-recits-de-vies/#more-5844
Thierry
Formulation exacte, Thierry : « ... ce besoin de fraternité ». Merci
SupprimerVouloir (tête, idée mentale) de la fraternité comme vouloir "aider" (ceux qui ne le demandent pas), cela donne d'autres résultats, souvent effrayant, effectivement.
Plutôt que de vouloir pour demain, il s'agit plutôt de vivre des relations fraternelles (s'il y a lieu) maintenant, et savoir aider des personnes qui le demandent (comme des SDF-victimes du Système ou des migrants, etc.)
Les personnes qui "veulent aider" aident le plus souvent ceux qui n'en ont pas besoin (j'avais donné l'exemple avec des voisins et mes parents), en croyant bien faire...
et les malheureux sont de plus en plus nombreux, et quasi tout le monde se sent isolé (on évoque dans ce cas l'individualisme, par ex.)...
Quand on "veut aider" on impose ses idées et vues et modes de vie et moralité, etc., à l'aidé.
A + (bcp à dire sur le sujet)
Et attention car : refuser l'aide d'une personne qui a "besoin" d'aider
Supprimerpour son "envie" de fraternité,
c'est risquer sa possible vindicte (elle va te pourrir la réputation dans le quartier, par ex.)
Eric,
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec la complexité du dispositif d'aide, d'accompagnement, de partage...
Merci pour cet éclairage fort utile !
Thierry
;)
Supprimerà +