Obéis ou apprends

Obéissance et intelligence me paraissent former, ensemble, un oxymore.
L’un chasse l’autre.
Soit on obéit ;
soit on agit avec intelligence.
Toutefois, on peut agir intelligemment et obéir à des ordres sensés.

En se contentant d’obéir et d’exécuter mécaniquement des tâches répétitives,
le niveau d’intelligence stagne par manque de stimulations des capacités cognitives.

Par contre, lorsqu’on utilise l’intelligence, l’esprit apprend et il devient critique,
pointu, vif, lucide, capable de discernement et d’initiative ;
c’est pourquoi une personne intelligente n’obéit qu’à ce qui est sensé,
en réagissant ou en résistant contre les lois et ordres insensés ou injustes.

Un être intelligent pense par lui-même, il réfléchit, il se pose des questions à lui-même ;
c’est pourquoi il ne parvient pas à obéir à des ordres qu’il ressentira comme incohérents
ou inappropriés ou inconséquents ou contre-nature ou délirants ou malfaisants.

Il est impossible d’obéir aveuglément à un chef qui nous paraîtrait incompétent
lorsqu’on est intelligent, ou sinon en se faisant violence à soi-même,
c’est-à-dire en retournant l’intelligence contre soi
(en rationalisant l’inacceptable pour parvenir à faire avec, par exemple,
ou en se pliant à faire des trucs débiles ou en agissant à l’encontre de nos valeurs
ou de notre élan de vie, etc.)

La question n’est pas tant d’obéir ou non, mais : à quoi est-ce qu’on obéit ?

Exemple : de plus en plus de gens en appellent à la « désobéissance civile »
que ce soit à cause des conditions de travail insupportables, ou à cause de la vie chère,
ou à cause des injustices ou encore, pour que cesse le désastre écologique, etc.

Comme déjà écrit : en prenant de la distance et de la hauteur sur les événements,
on constate que l’évolution se fait d’elle-même, qu’on le veuille ou non,
qu’on lutte contre ou non,
que les penseurs du Système tentent d'enrayer l'évolution ou non.

L’Intelligence est un mouvement.

Lorsque le mouvement stagne, s’immobilise trop longtemps,
l’intelligence est empêchée, le mouvement étant retenu ;
et le mental reste en suspension à ruminer et calculer.

Le mental n’utilise l’intelligence que pour calculer (construire,
inventer, élaborer des plans et stratégies, ressasser, s’angoisser, etc.)


À considérer :
obéir, c’est adopter des idées – un rythme, une discipline, une façon de faire,
parfois une façon de voir et de considérer le monde – qui ne sont pas les nôtres ;
et ce, même si on se persuade d’adhérer à ces idées et de les trouver géniales.


Toujours faire la part des choses et tenir compte du contexte :
par exemple, dans une équipe, dans certains cas, par souci de cohésion,
il vaut mieux obéir, néanmoins de façon consciente et avec esprit critique ;
c’est pourquoi il est impératif que le(s) meneur soit compétent, intelligent, impartial,
courageux et honorable, capable d’une vision d’ensemble et d’abnégation,
car le chef doit penser pour le groupe.
Vu le regard d’ensemble du chef, les autres ont intérêts à obéir.


En bref,
il est vital d’exercer son esprit critique, de penser par soi-même,
même si on obéit à des ordres sensés.
Comment se rendre compte si les ordres sont sensés ou non sans utiliser son esprit critique,
sans penser par soi-même et donc, sans les avoir remis en question, les ordres ?


Un renard ou un loup, des canidés, ne sont pas des chiens,
notamment parce qu’un loup utilise son intelligence pour survivre,
alors qu’un chien se contente d’obéir pour recevoir sa gamelle.

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Lien
* Obéissance, Milgram

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