La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

jeudi 14 mars 2019

Ma vie, ma santé, ma responsabilité (I)

Il y a déjà quelques années est paru sur ce blog le « calcul psychologique » de Paul Diel.

La matière travaillée par ce philosophe, psychothérapeute, doué, n'a pas encore été abordée.
Je vais tenter de le faire dans cette nouvelle rubrique, avec le souci de rendre le contenu accessible.

À savoir : en ce qui concerne la psychologie et la psychothérapie, Paul Diel était un autodidacte. 

De façon générale, P. Diel reste méconnu dans le milieu de la psychologie et de la psychothérapie.
Ses théorie et méthode pratique, il les a nommées « psychologie de la motivation ».
Son approche est introspective.

L’apport de P. Diel est principalement reconnu dans les domaines d’étude du langage symbolique.
Par exemple, P. Diel est souvent référencé dans le « dictionnaire des symboles »
de J. Chevalier et A. Gheerbrant.
Certains prétendent que, à ce jour, P. Diel fait partie de ceux qui ont le mieux compris,
déchiffré, la mythologie grecque et aussi, le symbolisme dans la Bible.

Je vais présenter quelques extraits de son livre-essai intitulé « Culpabilité et lucidité »,
éditions Payot, 1987. Initialement, cet ouvrage s’intitulait « Psychologie curative et médecine »,
en 1968, date de sa première parution.

Commentaire : ce que nous a laissé ce personnage génial représente ni plus ni moins
qu’une méthode auto-thérapeutique, permettant de se soigner soi-même,
de se rééquilibrer à mesure, de fonctionner harmonieusement,
en restant centré sur le Moi essentiel, profond, véritable : le Soi.

Il faut savoir que quotidiennement, tout au long du jour, nous nous introspectons automatiquement,
sans même nous en rendre compte ; par exemple, lorsqu'on se gratifie ou se méjuge, en ruminant,
en dialoguant à l'intérieur de soi, etc. P. Diel va aborder ce sujet, comme nous le verrons plus avant.

Concernant l'imagination : je rappelle que l'imagination opère,
soit de façon morbide, soit de façon créative.
Pour faire bref : l'imagination morbide sert le "faux-moi", ses fausses motivations,
l'idéal du moi, les désirs exaltés, les idéaux irréalisables, etc., et, comme l'explique l'auteur,
la morbidité émane d'un schisme beaucoup trop important entre l'activité imaginative
et l'activité du quotidien au sein de la Réalité. Il s'agit de comprendre que, même en imagination,
il faut rester ancré dans la Réalité (je rappelle que plus on se distancie de la Réalité,
plus on développe de symptômes et épisodes psychotiques).

L'imagination créative est reliée directement à la Réalité et aussi, à notre être profond, au Soi.
À partir de ce point d'ancrage tout devient possible...
 
Je conseille de commencer l'introspection volontaire
avec un connaisseur afin de veiller à rester le plus objectif possible et,
surtout, de ne pas entreprendre ce travail à partir de l’imagination morbide,
à partir des représentations subjectives et égocentriques du « faux-moi ».

(Les présentation et mise en caractères gras des extraits sont de mon fait)



Introduction, préface de Cyrille Cahen

Le paragraphe suivant explique les méfaits d’un désir ou d’un idéal irréalisables :
S’agissant de Paul Diel, l’intuition originelle consiste dans la réhabilitation
de l’ « introspection », qu’il élève au rang d’une méthode d’élucidation
du conflit intrapsychique
.
Pour lui, la souffrance psychique, effet du désir insatisfait,
grandit à la mesure du contraste entre imagination et réalité

Pour P. Diel, le besoin de « satisfaction » inscrit l’humain dans un schéma "désir/satisfaction
ou insatisfaction". Se rappeler que la satisfaction doit être profonde, apaisante, équilibrante.
Il ne s’agit donc pas d’un plaisir immédiat qui ne satisfait qu’en superficie, sur le moment,
en nous laissant intérieurement insatisfaits (avec le sentiment d’un manque et de la nervosité) :
Pour l’être humain, le vivant dont les besoins de survie ne sont plus guidés par l’instinct,
l’observation intime, ou ce que Diel, hors de toute connotation ésotérique,
appelle le « regard intérieur »,
constitue l’organe évolutif qui peut permettre d’assurer de façon lucide
et sensée le désir essentiel de satisfaction.
Concernant le paragraphe ci-dessus :
P. Diel a observé que pour ressentir une réelle et durable satisfaction,
il est nécessaire de procéder à des introspections conscientes et volontaires
(observation de soi, le « regard intérieur »).

La culpabilité est une fonction plus que nécessaire, mais, comme tout,
elle ne doit pas être excessive :
Diel montre (…) les voies de l’harmonisation ou de la réharmonisation psychique ;
il insiste à ce propos sur la distinction entre la culpabilité morbide, haine de soi,
et la culpabilité essentielle, traditionnellement appelée : voix de la conscience éthique,
non plus aveuglante, mais facteur de lucidité.

Pensées anticipatrices de P. Diel :
Il est à craindre, écrivait Diel, en 1956, dans « La Peur et l’angoisse »,
que si la science du monde intérieur ne rattrape pas l’immense retard
qu’elle a pris sur la science de monde extérieur et ses applications techniques,
l’espèce humaine ne disparaisse.

De l’approche de Paul Diel :
Einstein disait de l’œuvre de Diel qu’elle était
« un remède à l’instabilité éthique de notre époque ».


Psychologie curative et médecine, par Paul Diel

Les maladies psychiques, appelées par la sagesse du langage « maladies de l’esprit », paraissent, comparativement (aux maladies du corps), de moindre importance.
Face à l’urgence des soins somatiques, ni la science médicale, ni le médecin praticien
n’ont – à vrai dire – le temps d’étudier à fond la cause psychique des maladies de l’esprit.
L’organicisme en médecine incline à déconsidérer le fonctionnement psychique,
en n’y voyant qu’un épiphénomène de cet organe somatique qu’est le système nerveux
et son centre ordinateur, le cerveau.

Pour Paul Diel, il y avait trois grands groupes de maladies psychiques :
la nervosité, les névroses et les psychoses.

Voyons ce qu'il a écrit sur les soins, sur la médecine :
Certains prétendent qu’il suffit de soigner le corps pour que l’âme guérisse ;
d’autres avancent qu’il suffirait de soigner l’âme pour que le corps guérisse.
En dehors de ces interprétations contradictoires, il est sans doute bien plus naturel
de voir dans la formule la proposition de soigner autant l’âme que le corps.
(…)
Avant Hippocrate, et depuis des temps immémoriaux,
la médecine a soigné l’âme pour obtenir la santé du corps.

(…)
L’intention d’Hippocrate, prêtre d’Asclépios, ne fut nullement d’abolir la pratique curative
fondée sur le phénomène psychique de suggestibilité,
qui s’exerçait dans le temple de la divinité de la médecine.
L’ancienne pratique fut valable et souvent efficace.

(…)
Mais l’organicisme, fondé en apparence sur l’enseignement d’Hippocrate,
a rencontré au sein même de la recherche médicale
une proposition qui l'attaque sur deux fronts.

Le néo-hippocratisme s’oppose aux excès de la médication chimique.
Ces excès dépassent même le domaine médical et deviennent une menace
pour la santé publique par l’abus des drogues calmantes ou excitantes et,
plus généralement encore, par la falsification chimique des aliments
.

(…)
D’un autre point de vue, la psychanalyse inaugurée par Freud a créé un vaste mouvement,
dépassant lui aussi le domaine médical. Ce que Freud a découvert, c’est l’existence
d’une pensée imaginativement déformée, subconsciemment obsédante
– véritable maladie de l’esprit – qui pourrait bien être la cause
des maladies pseudo-somatiques.

(…)
Inspirée par la psychanalyse freudienne, est apparue au sein de la recherche médicale
une troisième forme de schisme : la médecine psychosomatique. (…)

La médecine psychosomatique (est) tolérée tout de même. Car chaque médecin
– quelle que soit sa spécialité – se voit contraint de constater la fréquence
insolite de symptômes pseudo-somatiques.

(…)
De toute évidence, le psychisme ne devrait plus être considéré comme un épiphénomène négligeable, s’il se montre capable de produire, non seulement des psychopathies
(névroses et psychoses) à la rigueur attaquables par le traitement médical,
mais d’imiter – et souvent jusque dans les moindres détails –
les symptômes des malades somatiques.

(…) Le psychisme se sert du soma pour exprimer son propre désarroi.
(…)
Ne se verrait-on pas obligé d’admettre – du moins en hypothèse – qu’il se pourrait
qu’il n’existe pas de troubles purement organiques ou purement psychiques ?

Ce qui existerait alors serait une sériation,
allant d’un pôle ou la causation organique prédomine,
à l’autre pôle où la causation psychique prédomine.
(…)

(…), le médecin ne peut jamais être sûr que la dysfonction psychique
n’est pas au moins codéterminante, même dans les cas où l’examen clinique
oblige à conclure à la prédominance du facteur somatique.
(…)

Il est vrai que, dans la pratique, le médecin traitant n’a guère le temps
ni souvent le désir de s’occuper de l’éventuel facteur psychique qui détermine
ou accompagne les maladies. Dans la plupart des cas, le symptôme
– même psychiquement codéterminé – cède au traitement médical ou chirurgical.
(…)

Il n’existe aucune situation vitale où l’intimité psychique ne joue un rôle considérable.
Pour ce qui est de la médecine, ce rôle est pris en considération,
non seulement par la formule mais encore par le serment d’Hippocrate. (…)
Cette responsabilité, soulignée par le serment, englobe la santé
de l’homme en sa totalité
. Pour assurer sa responsabilité, la médecine
devrait veiller non seulement sur la santé du corps, mais encore sur la santé de l’âme (…)

Une évidence :
La réflexion est obligée de diviser l’organisme psychosomatique en soma et psyché.
Dans la réalité vécue, les deux aspects sont indissociables.
Il n’existe pas de soma sans psyché, ni de psyché sans soma.
Leur inséparable unité est la vie.

________________________________

3 commentaires:

  1. je suis convaincue ! j'en suis la preuve vivante ! J'ai souffert d'hyperacousie alors que physiquement je n'avais rien, c'était mon corps qui exprimait son mal être comme il le pouvait puisque je ne l'écoutais pas. Ce qui m'effraie c'est qu'on savait tout ça depuis très longtemps et qu'on a continué à soigner juste le physique sans prendre en compte l'âme...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et ce, à seule fin de vendre des médicaments ; qui provoquent des effets secondaires !!

      Elle est nulle notre médecine occidentale, sauf en ce qui concerne la chirurgie (se casser une jambe, par exemple).
      Sur le plan psychique, aucun progrès depuis plus de 100 ans !!

      Ne soigner qu'un symptôme est aberrant (je veux dire, sans tenir compte de toute la personne : somatique - avec ses nerfs, organes, etc. - et psychique !

      Supprimer
    2. Je n'étais pas convaincue par mon nouveau médecin...au final je suis allée la voir ce matin et bien elle ne m'a prescrit aucun médicament !!! Une prise de sang pour voir d'abord si quelque chose ne va pas , je crois que finalement je vais l'apprécier.

      Supprimer