La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 15 mai 2020

Citadelle, de l'ennemi (VIIII)


Suite d’extraits tirés de Citadelle de Antoine de Saint-Exupéry.


La quête de la perfection nécessite quelques... aménagements :

Celui qui aime la perfection, il embellit toujours.

L’auteur revient et poursuit sur le sujet des opposés :

Ainsi celui-là qui anéantit son ennemi. Et il vivait de lui.
Donc il en meurt.
(…)
Et celui-là qui lutte contre l’esclavage, faisant appel à la haine,
au lieu de lutter pour la liberté, faisant appel à l’amour.
(…)
Si tu luttes contre quoi que ce soit, le monde entier te deviendra suspect
car tout est abri possible et réserve possible et nourriture possible pour ton ennemi.

Si tu luttes contre quoi que ce soit, tu dois t’anéantir toi-même
car il en est en toi une part, aussi faible soit-elle.
(…)

Quand les vérités sont évidentes et absolument contradictoires,
tu ne peux rien, sinon changer ton langage.

La logique ne mord point pour t’aider à te faire passer d’un étage à l’autre.




Faire la guerre, une aberration propre à l’humain :

Quand ta ferveur s’éteint tu fais durer l’empire avec tes gendarmes.
Mais si les gendarmes seuls le peuvent sauver c’est que l’empire est déjà mort.
(…)
Où vois-tu que l’on fasse la guerre contre quelque chose ?
(…)
Ceux-là haïssent autrui.
Et s’ils ont des prisons ils y entassent des prisonniers.
Mais tu bâtis ainsi ton ennemi
car les prisons sont plus rayonnantes que les monastères.
(…)
Celui qui emprisonne et exécute c’est aussi qu’il rejette les fautes sur autrui.
Donc qu’il est faible.
Car plus te voilà fort plus tu prends les fautes à ta charge.
Elles te deviennent enseignements pour ta victoire.
(…)
L’excuse des traîtres, c’est d’abord qu’ils ont pu trahir.



Peinture en Citadelle - Jaisalmer - Rajasthan - Inde


De l’économie financière, que A. de St-Exupéry désigne par « provisions » :

Mais je ne lèverai point d’armée pour la défense des provisions.
Car elles sont faites et tu n’as rien à en attendre,
sinon de te changer en bétail morne.


C’est pourquoi si s’éteignent tes dieux tu n’accepteras plus de mourir.
Mais tu ne vivras point non plus.
Car n’existent point les contraires.

Si la mort et la vie sont des mots qui se tirent la langue,
reste cependant que tu ne peux vivre que de ce qui te peut faire mourir.

Et qui refuse la mort, refuse la vie.
Car s’il n’est rien au-dessus de toi,
tu n’as rien à recevoir. Sinon de toi-même.
Mais que tires-tu d’un miroir vide ?




Concernant les intentions cachées derrière les motivations verbalisées :

Et maintenant n’écoute point parler les hommes si tu désires les comprendre.
Car si j’ai décidé la guerre et le sacrifice de la vie pour sauver les greniers de l’empire,
comme se seront poussés en avant, pour prêcher la mort, les plus héroïques,
ils te parleront du seul honneur et de la seule gloire de mourir.
Car nul ne meurt pour un grenier
.

Et ainsi en est-il de l’amour du navire
lequel devient amour des clous chez le cloutier.


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