La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mardi 5 novembre 2019

Apparences trompeuses



Ce conte Soufi car j’ai souvent remarqué des personnes qui se voudraient raffinées et bien éduquées,
qui s’achètent des vêtements hors de prix, de luxueuses voitures, en tenant des discours moralisants,
alors que, en les côtoyant, on se rend compte qu’elles sont frustes, irrespectueuses et intolérantes.
Il n’y a qu’à les contrarier, ou leur dire quelques vérités, ou les faire sortir de leurs routines,
pour se rendre compte à quel point ces personnes sont creuses à l’intérieur d’elles-mêmes,
mesquines, maniérées, capricieuses, égocentriques, envieuses, inamicales et tristes.

Les apparences sont vraiment trompeuses.

Hein, quoi ?  T’es sûr ?



Tel était le renom d'Abdul Qadir
que des mystiques de toutes croyances affluaient sans cesse dans sa salle d'audience.

L'étiquette la plus pointilleuse et une extrême considération pour les usages traditionnels
étaient de règle.

Ces pieux visiteurs se rangeaient par ordre de préséance,
suivant leur âge, le renom dont leur maître avait joui,
et le rang qu'ils occupaient eux-mêmes au sein de leur communauté.
Et ils se disputaient l'attention du Sultan des Maîtres, Abdul Qadir.
Ses manières étaient parfaites
et l'on ne rencontrait personne à ces réunions qui fût d'intelligence médiocre ou manquât d'instruction.

Un jour, les trois sheikhs du Khorassan, d'Irak et d'Egypte se rendirent au Dargah (Cour),
conduits par trois muletiers illettrés.
Leur voyage, depuis la Mecque où ils étaient allés en pèlerinage,
avait été gâché par la grossièreté et les facéties de ces gens.

Lorsqu'ils arrivèrent au Dargah, ils éprouvèrent autant de plaisir à l'idée
d'être bientôt délivrés de la présence de leurs compagnons de voyage
qu'à la perspective d'entrevoir le grand Sheikh.

Contrairement à la coutume en vigueur, le Sheikh vint à leur rencontre.
Aucun signe ne fut échangé entre lui et les muletiers.

Plus tard dans la soirée, cependant, alors qu'ils regagnaient leurs appartements,
les trois sheikhs entrevirent par hasard Abdul Qadir souhaiter bonne nuit aux muletiers.
Comme ils quittaient sa chambre, lui témoignant les marques du respect, Abdul Qadir leur baisa la main.
Les sheikhs furent stupéfaits
et ils comprirent alors que ces trois hommes étaient des sheikhs derviches cachés.

Ils suivirent les muletiers et essayèrent d'engager la conversation,
mais le chef des muletiers dit simplement :
« retournez à vos prières et à vos marmonnements, sheikhs, à votre Soufisme
et à votre quête de la vérité qui nous ont empoisonnés pendant les trente-six jours du voyage !
Nous sommes de simples muletiers et nous ne mangeons pas de ce pain-là. »

C'est là toute la différence entre les Soufis cachés et les Soufis superficiels.


– Abdul Qadir de Gilan



4 commentaires:

  1. https://www.youtube.com/watch?v=DWpMjkJkO-g
    Et dieu a créé le dictionnaire ;))
    "je apprends a vivre plutôt que d'apprendre a tuer, des soldats dans ce monde de fou il y en a assez"
    Het op a+ :))

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    1. J'aime bcp la muse, merci Cres, et aussi le clip.
      A +

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  2. Fable transposable à pleins de sujets. Merci.

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