La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 22 février 2019

Oracle et école de la confiance

Suite à la récente publication traitant des polarités dans le Yi King,
je me suis dit que je pourrais publier un exemple d'utilisation de l'Oracle.

Je n’avais pas envie de consulter l’Oracle sur un sujet personnel,
alors j’ai pensé à la nouvelle réforme de l’éducation nationale nommée : « l’école de la confiance ».
Il se trouve qu’il y a ~1 semaine j’ai écouté à la radio une émission traitant de ce sujet,
expliquant cette réforme, les changements, les conséquences du devoir de réserve…

Motivé par ce sujet, et avec distance puisqu'il ne me concerne pas directement
(n’ayant pas d’enfant ni petit-enfant et n’étant pas prof.), j’ai fait le vide en moi.
Respirer...

Question à l'Oracle

Voici comment je l’ai formulée :
Que penser de cette réforme « l'école de la confiance » ?
Ce projet, mouvement, s’annonce-t-il favorable pour tous (les enfants et leur devenir,
leurs parents, les profs et pour l'évolution sociale) ?

Note : dans les oracles du Yi King, il est question de mouvement,
c’est-à-dire que l’hexagramme (son image et son jugement) va renseigner
au sujet de comment s’amorce le mouvement (ou élan ou projet ou idée)
et aussi, vers quoi il se dirige.

À savoir : la plupart des soixante-quatre oracles précisent si l’élan est favorable ou non.

NB : j’en profite pour ajouter ici que lorsqu’un hexagramme mute en un autre hexagramme,
le second hexagramme précise et renseigne sur les conséquences du mouvement engagé.
Le second hexagramme donne une idée de la direction et/ou du devenir
de l’élan du premier hexagramme.


L'hexagramme-oracle

J’ai pris mes baguettes*.
Je me suis installé confortablement.
Faire le vide. Respirer. Se détendre...

À coup de manipulations de baguettes, peu à peu, l’hexagramme s’est formé.


Cet hexagramme est le dixième (les oracles sont numérotés) : il se nomme « Liu »,
ce qui est traduit par « la marche ».

Pour info : « Liu » se situe entre l’hexagramme (9) « le pouvoir d’apprivoisement du petit »
et l’hexagramme (11) « la paix ».

Avant de vous soumettre ce qu’il en ressort, deux choses à savoir :
1) Le recueil d’oracles (le livre des transformations) comprend :
- un «Texte », où sont exposés les 64 oracles ;
- une partie « Commentaires », où sont repris les 64 oracles du Texte avec des précisions
(apportées notamment par Confucius et d’autres personnalités chinoises de l’époque).
2) : l’oracle se compose d’une « image » et d’un « jugement »,
à quoi sont ajoutés les explications de R. Wilhelm
servant à mieux comprendre l’image et le jugement. 


Le Texte : hexagramme 10, « Liu », la marche

(Regarder l’hexagramme : le trigramme Terre est Yin. Il représente « la 3ème fille ».
Le trigramme Ciel, Yang, est le père des trigrammes (avec ses trois traits).
Imaginons, visualisons la scène : un père ayant six enfants se trouve, en ce moment,
avec la plus jeune et donc, la plus naïve, innocente, attendrissante…
La caractéristique de cette jeune fille est la joie.)
L’image
En haut le ciel, en bas le lac : figure de la MARCHE.
Ainsi l’homme noble distingue le haut et le bas
et affermit par là l’esprit du peuple.
Le Jugement
MARCHER sur la queue du tigre.
Il ne mord pas l’homme. Succès.
 

Voilà ce qu’exprime l'hexagramme « Liu ».

NB : le symbole du tigre apparaît rarement dans les 63 autres hexagrammes-oracles.
C’est un symbole fort, un symbole de pouvoir (comme le jaguar pour un amérindien).
Nous pouvons penser, en reliant le tigre au contexte de « l’école de la confiance »,
que ce symbole représente Mrs Macron, le ministre de l’éducation et les autres.

Je copie quelques extraits de l’explication :
La marche signifie tout d’abord la façon correcte de se conduire. (…)
Le petit
(la jeune fille), « le joyeux », prend appui sur le grand (le père), le fort.
Les deux trigrammes traduisent un mouvement vers le haut.
Que le fort marche sur le faible, c’est là quelque chose qui va de soi ;
(…)
Que le faible se place contre le fort, cela n’est pas dangereux,
parce que la chose se passe dans la sérénité, sans arrogance,
si bien que le fort n’est pas irrité et le prend en bonne part.
(…)
La situation est réellement difficile. La plus grande force
(le père)
et la plus grande faiblesse
(la plus jeune des filles) sont immédiatement en contact.
Le faible suit le fort de près et lui donne du fil à retordre. (…)
La situation humaine ainsi décrite est celle où l’on a affaire à des hommes farouches
et inaccessibles. Dans de tels cas, on parvient à son but si, dans sa démarche,
on observe les bons usages. Des formes de conduite bonnes et agréables mènent au succès,
même face à des hommes prompts à s’irriter.
(…)
Pareillement (
que dans l’image, avec en haut le ciel et en bas un lac),
il doit y avoir des différences d’élévation dans l’humanité.
Une égalité générale est impossible à réaliser, mais il importe
que les différences de niveau dans la société humaine ne soient pas arbitraires et injustes ;
dans un tel cas en effet l’envie et la lutte des classes sont des conséquences inévitables.
Par contre, lorsque les différences visibles sont justifiées par des titres intérieurs
et que la valeur personnelle est la règle qui détermine le rang extérieur,
les hommes trouvent le calme, et l’ordre s’établit dans la société.
 

La mutation des traits
Vous avez sûrement remarqué que les deux premiers traits de l’hexagramme
(en commençant par le bas) sont mutables. Concernant ces traits, il est écrit
1. (au sujet du premier trait mutable) :
Marcher simplement. Progresser sans blâme.
Explication (extrait) :
(…) Quand on se montre satisfait de la simplicité, on peut avancer sans blâme.
Lorsque quelqu’un ne peut se satisfaire d’une situation modeste parce qu’il veut,
par sa démarche, sortir de sa condition basse et misérable
et non accomplir une œuvre de valeur,
s’il atteint son but, il devient fatalement arrogant et épris de faste.
C’est pourquoi son progrès porte le stigmate du blâme.
L’homme vertueux par contre se satisfait d’une démarche simple.
S’il a atteint son but, il a accompli par là une œuvre de valeur et tout est bien.
2. (au sujet de second trait mutable) :
Marcher sur un chemin uni et plat.
La persévérance d’un homme obscur apporte la fortune.
 


La mutation de l’hexagramme



De « Liu », nous sommes envoyés à l’hexagramme « P’i », traduit par « la stagnation, l’immobilité ».

Remarque : notons que le trigramme père est resté à sa place, ce qui confirme qu’il s’impose.
L’autorité est forte et ne lâche rien. Le tigre reste puissant. Selon moi, il se renforce.

En bas (aux trois premiers niveaux de l’hexagramme P'i) apparaît…
le trigramme mère (c’est-à-dire l’exact opposé du père) !
La mère en bas, le père au-dessus.
De prime abord, on pourrait croire cet hexagramme parfait, idéal :
chacun est à sa place, la mère sur Terre et le père au Ciel.

Voyons ce que dit cet oracle complémentaire :
L’image
Le ciel et la terre ne s’unissent pas : image de la STAGNATION.
Ainsi l’homme noble se retire dans sa valeur intime pour sortir des difficultés.
Il ne permet pas qu’on le gratifie de revenus.
Le jugement
LA STAGNATION.
Des hommes mauvais ne favorisent pas la persévérance de l’homme noble.
Le grand s’en va, le petit vient.
Explication (extraits)
(…) Le ciel, en haut, se retire toujours davantage,
et la terre, en bas, s’enfonce toujours davantage dans la profondeur.
Les forces créatrices ne sont pas en relations mutuelles.
(…)
Le ciel et la terre n’ont plus commerce l’un avec l’autre et toutes choses se figent.
(…) la confusion et le désordre règnent sur terre. (…)
La nature du vulgaire croît et celle des êtres nobles est en décroissance.
(…)
Lorsque la défiance mutuelle règne dans la vie publique
par suite de l’influence exercée par les hommes vulgaires,
une activité fructueuse est impossible parce que les bases sont erronées.
C’est pourquoi l’homme noble sait ce qu’il a à faire en de telles circonstances.
Il ne se laisse pas séduire par des propositions brillantes l’invitant à participer
aux affaires publiques : celles-ci ne seraient que périlleuses pour lui,
car il ne peut faire sienne la mesquinerie des autres.
C’est pourquoi il cache son mérite et se retire dans le secret.
Extrait tirés des « Commentaires » :
(...) les hexagrammes « la stagnation » et « la paix » sont opposés de par leur nature.
 

Le douzième hexagramme, P’i, se situe entre celui de « la paix » (11)
et celui de la « communauté avec les hommes » (13).


Commentaire perso :
En découvrant le nom de l’hexagramme Liu, j’ai rigolé (la République en marche).
Ensuite, en lisant l’oracle, j’ai pensé :
pas le choix que de suivre le tigre, en laissant faire (la réforme « école de la confiance »).
Ce projet s’annonce favorablement…, sauf une chose : il est écrit « l’homme noble ».
Par opposition, les chinois parlaient « d’homme vulgaire »
ou, comme W. Reich, de « petit homme », comme on distingue les « petites choses »
(sous-entendu sans grande conséquence, telle une petite affaire, une petite contrariété
ou encore, un homme à l’esprit mesquin, etc.)
En relisant l’image de Liu :
si l’homme n’est pas noble, c’est l’exact contraire qui risque de se passer !
Il s’agit de tout inverser. Jeu des polarités.
M. Macron (et sa cour), est-il un homme noble ou un homme vulgaire ?
Là est la question sur laquelle nous laisse le premier oracle.

Mais, y a un mais, y a souvent un obstacle, une "enquiquinerie" :
Liu, une fois muté en P’i, vient informer que le mouvement stagne.

En définitive, en considérant les deux hexagrammes :
une « marche » vers « l’immobilisation » n’est pas encourageant du tout !

Une lecture possible des deux hexagrammes :
Qu’on s’oppose ou non, le projet va être mis en place.
Il est prometteur théoriquement, mais dans les faits « le grand s’en va, le petit vient ».
Sous la promesse d’un progrès," ils" ne veulent que renforcer leurs pouvoir et autorité,
voilà ce que semble être leur intention

Le renvoi au second hexagramme a quelque chose de malsain, funeste, selon moi,
car il est dit que « le ciel se retire toujours davantage ».
Dans plusieurs textes, j’ai écrit que nous nous réfugions dans une bulle d’abstraction (idées,
théories, écrans, applications pour tout, etc.) ce qui est pathologique
puisqu’on se coupe de la Réalité, on s’en éloigne (symptôme de la psychose).

Qui occupe la place du père (se retrouvant dans les deux hexagrammes) ?
Les élites, évidemment, ceux qu’on voit sur la scène politique et ceux restant dans l’ombre,
les marionnettistes.

Et qui occupe la place de la mère (dans l’hexagramme P’i, informant sur le devenir
de l’élan « de confiance ») ?
Nous, les autres : profs, enfants, parents, etc., soit : le peuple.
Or, pour nous, il est dit « la terre s’enfonce toujours davantage dans la profondeur ».
Le peuple s’englue, s'enlise,
et l’élite s’envole.
Le fossé se creuse toujours plus…
Et, tous, élite et peuple, nous fuyons toujours plus la Réalité.

(Rappel : la Réalité se ressent, se vit, entre Terre et Ciel).


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Note 

* Les baguettes sont les « tiges d’achillées ». Il faut 50 baguettes.
Lorsqu’on commence, d’office on retire l’une des baguettes. Au repos.
On opère donc avec 49 baguettes réunies en un faisceau.
On sépare le faisceau en deux tas (au pif), et on pose les deux tas sur le sol (ou table).
On prend une baguette dans le tas à droite qu’on place entre le p’tit-doigt et l’annulaire de la main gauche.
Avec cette main gauche, on prend le demi-faisceau à droite et, quatre par quatre, on ôte les baguettes
jusqu’à ce qu’il ne nous reste plus que entre 1 et 4 baguettes.
Ce qu’il reste comme baguette(s) est placé entre l’annuaire et le majeur (de la main gauche).
On prend ensuite le demi-faisceau à gauche et on continue à retirer les baguettes par 4. Etc.
Pour la formation de chaque niveau de l’hexagramme, il y a trois manipulations de baguettes à faire.



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2 commentaires:

  1. Eric,
    Faut vraiment que je me replonge dedans.
    Thierry

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    1. Ce qu'il y a de bien, de plonger dans des pages,
      c'est qu'on n'a pas besoin de tuba ! Ni de pince-nez
      Salut Thierry

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