La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

jeudi 7 février 2019

Intention et volonté

Essai

Postulat : l’Univers peut être considéré comme un tout, le Grand Tout.
Un Tout probablement autonome et animé, c’est-à-dire vivant, palpitant, vibrant.

* * *

Un autre postulat : l’humain est un tout, un tout petit tout,
microscopique en comparaison à la dimension des planètes ;
et plus petit encore, micro-microscopique par rapport à l’Univers.
L’humain n’est pas autonome
puisque dépendant de la vie d’un autre tout : de la Terre,
notre planète avec son environnement naturel et nourricier.
Sans eau ni fruits, légumes, céréales et viandes, pas d’humain.

Le tout petit tout humain ne serait pas sans notre planète Terre,
qui le conçoit dans sa matière et le nourrit grâce à d’autres formes de vie.
La Terre, Elle, ne serait pas sans le Soleil,
Soleil qui ne serait pas sans l’Univers.

Tout est en relation avec tout.
Tout se nourrit de tout,
rien ne se perd, tout se recycle ;
sauf la merde toxique issue des idées humaines.

Tout est relation.

Ces faits laissent supposer que l’Univers entretiendrait une Intention.
 
Digression : étonnant car à écouter, on peut entendre uni vers.
Soyons unis vers une intention commune et non-égotique :
préserver la Nature, par exemple.

De façon imagée, on peut dire qu’il y a un Grand Esprit, l’Univers, ayant une Intention,
notamment d’avoir créé, à l'intérieur de Lui-même, la vie sous diverses formes,
la vie des étoiles, celle des planètes, celle des animaux dont les humains, des végétaux, etc.

Certains Natifs d’Amérique parlent d’une Force dans l’Univers, autour de nous,
agissant au sein de ce que nous appelons l’espace-temps.
Ils la nomment : la Force d’Intention.
Tiens, tiens…
Pour ces amérindiens, il ne s’agit pas d’une volonté comme l’entend l’occidental,
il n'est pas question des force et détermination mentales :
il s’agit d’une volonté autre, provenant du ventre.

Don Juan précisait à C. Castaneda, à ce sujet, que la volonté « raisonnée »
s’oppose à la volonté du ventre.

On peut donc penser que nous sommes dotés de deux sortes de volontés,
deux volontés qui s’opposent :
- la volonté de la raison, une force mentale ;
- la volonté de l’intention, nécessitant que le contrôle mental lâche prise
afin de se laisser agir spontanément, avec les tripes, à l’instinct.

L’intention enclencherait un mouvement plus puissant et vaste que celui de la volonté (mentale) ;
volonté « qui se fixe un but » (définition du dictionnaire).
De se donner un(des) but nous oriente et motive à se lever le matin.
Cependant, si l’intention est un but, alors c’est LE but de notre vie,
celui qui englobe tous les autres (ambitions et désirs et idéal du moi...)
Ce serait notre « légende personnelle » (P. Coehlo), notre mission.

Généralement, nous ne prêtons pas attention à notre intention profonde,
fondamentale et globale, pris que nous sommes dans la frénétique course au fric ;
et il arrive trop souvent que l’on se comporte à l’encontre de notre élan naturel
(en se raccrochant à la volonté mentale ; pour tenir le coup en société, par exemple).

L’intention paraît agir plutôt comme une impulsion, un mouvement,
un élan de l’être profond, émanant de l’essence de notre personne.
L’intention est fonction du vivant sauvage en chacun de nous.
L’intention, ou "volonté" du ventre, semble provenir de l’élan de vie,
de la pulsion du vivant, du désir essentiel qui nous anime du fond de notre personne.

Naturellement, l’intention de chacun ressort dans sa façon d’être et d’agir :
de se comporter avec honneur ou perfidie, de consommer avec modération ou excès, etc.

La volonté mentale est fonction, au contraire, du contrôle de nos pulsions et émotions,
par des calculs, une discipline, une stratégie, etc., utiles dans le commerce du quotidien,
mais pas pour s’épanouir.

NB : les deux volontés sont complémentaires,
mais chacune se doit d’être exercée dans son domaine et à bon escient,
c’est-à-dire qu’en fonction de ce qu’il se passe,
on mobilise davantage le raisonnement ou sinon, l’instinct et le ressenti.

Un exemple d’intention :
les bouddhistes ont raison (selon moi) de prétendre que « chacun cherche son bonheur »,
voilà une intention que nous partageons tous, riches, pauvres, honnêtes, bandits…
Le bonheur, est-il fonction des capacités mentales, s’obtient-il par la volonté ?
C’est sur cette question que les avis divergent…
On veut nous faire croire à, et, de plus en plus, nous imposer,
un bonheur volontaire, construit selon un modèle, hiérarchisé.


Un exemple de stagnation due à la volonté mentale :
les religieux, trop souvent, en cherchant à s’élever spirituellement,
mobilisent leur force mentale, par exemple pour s’imposer une ascèse
ou la chasteté, pour effectuer tant de prières chaque jour, etc.
Ces personnes croient être spirituelles, parce que se contrôlant,
mais déploient-elles des ailes ?

* * *

Voici quelques extraits de ce qu’en dit Don Juan, des deux volontés ;
selon les notes de Carlos Castaneda.

En préambule, sachez que, selon Don Juan, l’humain dispose de deux épicentres :
l’un situé à la tête, siège de la raison,
et l’autre situé sous le nombril, siège de la "volonté" (pas la mentale, l’autre)
que j’ai associé dans le propos ci-dessus à l’intention :
La volonté est une chose très particulière
(…) on peut développer sa volonté.
Un guerrier sait cela et il s’engage dans cette attente (que sa volonté agisse).
(…) La volonté est un pouvoir (…) une force en nous. (…)
Ce n’est pas une pensée (elle n’est donc pas mentale, pas raisonnée),
ni un objet, ni un souhait.
(…)
Et puisque c’est un pouvoir, il faut la maîtriser et l’accorder avec soi.

Don Juan explique à C. Castaneda :
(…) il faudra que tu te serves de ta "volonté" pour reconnaître l’appel
(d'une autre personne).
(…) la raison s’oppose à la "volonté".
Notre raison est mesquine et elle est toujours brouillée avec le corps.
Le corps doit être perfection (connaissance de son fonctionnement),
avant que la "volonté" ne devienne unité agissante.

C. Castaneda raconte que Don Juan dessine un diagramme dans des cendres.
Castaneda décrit le dessin :
le diagramme comportait deux épicentres ; l’un, il l’appela la "raison",
l’autre, "volonté".
La "raison" était directement reliée à la "parole" ; en outre,
la "parole" établissait un lien entre la "raison", d’une part,
et le "rêve", le "sentiment", et l’acte de "voir", d’autre part.
L’autre épicentre, la "volonté", était directement reliée au "sentiment",
au "rêve" et à l’acte de "voir" et, indirectement, à la "raison" et à la "parole".




2 commentaires:

  1. Eric,
    Très intéressant cet article !
    Cela met bien les choses au clair.
    Les amalgames, franchissements, glissements vont vites.
    Bonne journée.
    Thierry

    RépondreSupprimer