La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

samedi 22 juillet 2017

Intériorité à vide

- Dromi, j’ai honte de m’adresser à toi lorsque j’ai le moral en bas.
Tu as de la chance de n’être qu’un animal,
je veux dire de ne pas être un animal-humain.
Tu ne te prends pas la tête, toi !



- Bllll.
Peut-être que le terme le plus approprié pour vous décrire
serait : animal-humain bestialement aveuglé, sourd et entêté ?
Ou sinon, animal "désanimé", vivant-mort,
néanmoins savant en opérations mathématiques,
préférant exister dans une bulle d’idées plutôt que parmi les autres formes de vie ?


- Ouais, des humains-humains, y en a pas tant que ça, t’as raison.
Toi aussi, Dromi, tu nous subis, comme les autres animaux et les plantes.


- C’est votre tête démente qui alourdit votre corps et anesthésie vos émotions.
Vous êtes de grands malades.
Ça craint, pour le vivant.
Mais au fait, selon toi, qu’est-ce qui a inspiré aux primitifs
leur politique agissante du « coup pour coup » ?


- D’observer la Nature.
Tu veux dire que la Nature rendra coup pour coup ?


- D’une façon ou d’une autre, la Terre réagira, oui.
Trop de déséquilibre nauséabond, vous causez.


- À ton avis, Dromi, qu’est-ce qui cloche chez nous ?

- J’sais pas, bllll, bllllll, peut-être votre avidité ?

- Avidité, d’avoir toujours plus ?

-Avidité de tout ce qu’on vous dit pouvoir obtenir depuis votre enfance,
que ce soit matériel, idéel, financier, et même affectif.
Vous êtes avides de notoriété, de succès, de plaire.
Vous voulez aimer avec avidité et à tout prix,
avoir toujours plus de confort et de babioles vaines,
être pareil aux autres et, surtout, n’avoir pas moins que les autres
ni vous sentir derrière vos voisins.
Avides de soi-disant nouveautés à la mode, d’histoires à commenter,
de progrès technologique vous rendant toujours plus paresseux et exigeants.
Avides de savoirs, de tout contrôler et de mater tout le monde, 24h./24 ;
de vivre toujours plus longtemps alors que vous agissez en sorte
à vivre moins longtemps et de façon désastreuse.
Pour autant que « vivre » soit le verbe adéquat
pour exprimer cette existence infâme que vous menez ?
Vous vous voulez plus grands que vous ne l’êtes, plus intelligents aussi.


- Ça sonne juste. Prétentieux et cupides, nous sommes.

- Mais c’est sous cette avidité, peut-être en son sein,
que se larve votre élan d’amour.


- Tu crois, Dromi ?
Tu penses que notre avidité empêche notre élan d’amour de se déployer ?


- On peut le dire comme ça, oui.

- Bon sang, c’est ce que G. I. Gurdjieff a écrit : nos principaux défauts
de fonctionnement sont imputables à nos avidité, jalousie et envie.


- Blll. Je ne ressens jamais de jalousie, ni envie autre que de manger
et boire et me promener et dormir et me laver.


- Ce qui explique, aussi, pourquoi nous nous influençons les uns les autres
et que nous ne parvenons pas à enrailler le mouvement spiralé
qui va s’élargissant vers le toujours plus et la dispersion totale.


- Bllllllll ? Blllllllllll

- Ok, je me comprends. Laisse tomber.
Dromi, que peut-il se dissimuler sous la jalousie et sous l’envie ?


- Blll, ce que les humains n’ont plus, n’écoutent plus, depuis longtemps :
l’estime de soi, la juste et impartiale considération de soi.
Vous êtes déconnectés : de vous-mêmes, de la Nature,
de l’Intelligence et de l’Amour omniprésents ;
et vous êtes avides de beautés artificielles,
calculées et formatées par votre intellect.
Vous dites vouloir l’ordre et vous n’avez provoqué que désordre,
ravages et tueries inconséquentes, conflits incessants et guerres épisodiques.
Plus vous voulez l’ordre, plus le chaos vous tient « par les burnes et les ovaires ».


- G. I. Gurdjieff évoque souvent la foi et l’espérance dans son livre.
Peut-être qu’au lieu d’envier, de se laisser aller à envier autrui,
devrions-nous nous efforcer à entretenir la foi ; une foi en la conscience ?
Et qu’au lieu de jalouser autrui, devrions-nous nous efforcer à l’espérance ?
Mais, à l’espérance de quoi ?


- De parvenir à retrouver la juste estime de soi
en maintenant un regard objectif sur le monde ;
ce qui ne peut être rendu possible qu’au travers
d’une relation plus saine avec votre environnement naturel.


- T’as raison, Dromi-le-malin,
comment faire prendre conscience de cette évidence,
tant évidente qu’elle en paraît suspecte,
aux humains si affairés et distraits par les films, publicités,
infos, sports, clips-vidéos, jeux-vidéos, modes, porno, nouvelles lois,
débats insensés lancés par les politiciens et intellectuels à la solde des meneurs,
jouissant de toute cette confusion…


- Blllll, pauvres humains si bêtes
que même les araignées se racontent le soir vos frasques,
ce qui sert à faire prendre conscience à leurs avortons
du danger que vous représentez,
des monstres que vous êtes devenus,
capable d’ignominies sans limite et autodestructrices.
Des irresponsables souriants mais susceptibles,
prêchant la non-violence et la civilité.
Et plus vous êtes avides de choses et promesses extérieures,
plus vous ressentez un vide insupportable à l’intérieur de vous-mêmes,
ce qui vous pousse à vouloir davantage de l’extérieur…


- C’est bon, vieux chameau.

- Bllllgrrrllll…

VLAN ! (Portail de l’enclos qu’il a claqué d’un coup de queue vigoureux).

Il n’apprécie pas lorsque je le traite de chameau,
encore moins quand j’ajoute qu’il ne voit pas sa deuxième bosse ;
mais bon, marre, déjà qu’il faut encaisser
qu’un dauphin soit plus intelligent que le président,
voilà un dromadaire plus intelligent que môa !
Trop, c’est trop.
Me faire perdre la face, là, devant vous tous,
sur ce blog gentiment alloué par Godgueule.

C’est à ça qu’on remarque l’infériorité des autres animaux :
leur manque de tact et de stratégie sophistiquée.

Et mon image, alors ?
Non mais !
Toujours rappeler qui est le supérieur.

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4 commentaires:

  1. de la Fontaine aurait apprécié

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    1. ?
      Ah oui ! Celui qui mettait en garde avec le fameux :
      "je ne boirai pas de ton eau".
      Bon jour Loqman

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  2. Réponses
    1. Ah non ! Nous en sommes maintenant au 5.0
      soit, en avance sur l'industrialisation,
      toujours.
      Bon jour Thierry

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