La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mardi 2 mai 2017

Paroles-de-feu

À sa naissance, il fut nommé « Celui-qui-n’aurait-pas-dû ».
On se contenta de le nourrir.
Celui-qui-n’aurait-pas-dû apprit à ne compter que sur lui-même ;
aussi, précocement, il se raccrocha à la solitude pour en faire son refuge.

Dès ses sept ans d’âge, on le nomma « Cascade-de-rires ».
L’école, les gens, les autres le faisaient rire aux larmes.
Il riait de constater combien ils se prenaient au sérieux.

Après la puberté, son nom devint « Huître-cérébro-sensible ».
Huître-cérébro-sensible eut tendance à s’apitoyer sur son sort,
qu’il considérait comme une malédiction.
Son corps désirant le poussait à la compagnie et aux découvertes sensuelles,
mais sa conscience le mettait en garde, c’est pourquoi Huître-cérébro-sensible
oscillait entre moments d’excitation joyeuse et moments de renfermement.
Il n’aimait pas l’existence qu’on voulait lui faire mener.
Il se méfiait du monde des humains, avec sa hiérarchie, ses lois injustes,
la compétitivité, ses religieux ne cessant d’engager des guerres, etc.
Huître-cérébro-sensible n’écoutait que sa conscience,
et il comprit trop tôt la vanité des activités de la plupart des adultes,
ces Sisyphe qu’il ressentait éteints, morts intérieurement.
Huître-cérébro-sensible sentait les choses, mais ne parvenait pas à en parler.
En général, les relations avec ses camarades le laissaient perplexe, déçu et insatisfait.
Les intérêts de chacun lui paraissaient futiles et égocentrés.

Huître-cérébro-sensible s’est aventuré loin, très loin, en son territoire intérieur,
luttant contre ses démons rusés, contre ses parasites aliénants et même,
contre ses anges incitant à la sensiblerie et à la sentimentalité,
à pardonner l’irrémissible.

La torture peut être intérieure.
La souffrance, il l’a connue, traversée.

Passé l’âge de trente ans, son nom devint « Paroles-de-feu ».
Paroles-de-feu empêche de tourner en rond dans un espace carré
tapissé de chiffres et de certitudes. Il est un diseur de vérité.

Peu de gens supportent sa présence et son expression directe,
face auxquelles leurs faiblesses et inclinations se réfléchissent,
face auxquelles leur vide intérieur se remplit de culpabilité, aussitôt refoulée,
face auxquelles leur honte tente de s’imposer, aussitôt déniée.

En société, Paroles-de-feu crache ou se tait.
Il ne cherche ni à provoquer ni la bagarre.
Il dit simplement ce qu’il perçoit et sent, comme ça vient.

Paroles-de-feu n’a plus rien à se prouver ;
et par la même, plus rien à prouver à qui que ce soit.
Il ne se laisse plus impressionner par des titres ni par des idées.

Paroles-de-feu n’a rien à perdre, ni lien affectif ni biens matériels,
ne luttant que pour le respect de l’environnement naturel.
Il se trouve auprès des démunis et rejetés du système.
Il se tient à l’écart des riches, maniérés et hypocrites,
de leur politesse souriante, dissimulant des plans retors,
de leur insatiabilité, leur cupidité, leur indifférence,
de leur vice de s’en prendre à l’innocence,
pour la souiller, la torturer, la corrompre, l’annihiler.

"Ils" évoluent en état d’exaltation égotique et culturelle,
parfaitement représentée dans leurs musées, opéras et poésies.
D'un oeil, "ils" cherchent la pureté dans les chiffres et la construction,
et de l'autre oeil, "ils" méprisent la simple beauté pure, naturelle ;
ce qui ne cesse d’atrophier leurs âmes insensibilisées.

Paroles-de-feu est incapable de brutalité physique,
comme d’entretenir des sentiments de haine,
néanmoins il ressent la rage.
Une rage profonde, terrifiante.

On lui a fait prendre conscience de la force de son expression verbale ;
depuis, il n’hésite plus à extérioriser son ressenti.
Il déteste et ne porte pas d’arme.
Les armes sont uniquement destinées aux lâches.
Il foudroie en confrontation directe, sans un geste,
en mettant à nu, et en laissant se révéler...

Les mots de certains sont trompeurs, manipulateurs, lobotomisants,
alors que les mots de la conscience, ni bien ni mal mais vibrant justes,
se révèlent aussi radicaux qu’un rayon laser
déchirant les mensonge, faux-semblant et masque protecteur.

Quoi de plus redoutable qu’une personne consciente qui dit ce qui est ?

Des « Paroles-de-feu » se propagent partout dans le monde.

Constatez leur peur, aux ombres ténébreuses qui nous dirigent :
elles s’efforcent de museler les opposants et journalistes lucides et incorruptibles,
ainsi que, tiens comme par hasard, les lanceurs d’alerte écologique.

En visant un absolu contrôle, c’est l’anarchie que vous stimulez.
En maltraitant nos personnes, c’est votre futur que vous malmenez.
En voulant poursuivre votre train de vie luxueux hors Réalité,
c’est en direction de l’entre-vie/mort que vous vous dirigez,
là où il n’y a plus de souffle, ni démon ni ange, ni matière ni esprit,
là où vous deviendrez juge et condamné, bourreau et victime,
jouant la scène ad vitam aeternam, sans public.

Ils sont angoissés car ils savent bien que nous traversons une période délicate,
pour leur toute-puissance.
Soit ils parviendront à nous entraver complètement,
soit leur règne s’achèvera, après plus de 2'000 ans de tyrannie et d’abus.

Plus ils s’enfoncent dans l’ignominie,
plus des êtres de pure conscience s’éveillent.
Le mouvement du balancier.

Tremblez, vous qui élisez un ex ministre qui, en cinq ans,
n’a favorisé que les grandes entreprises et multinationales
en laissant augmenter le chômage, et leurs publicités ;
et tremblez plus encore, vous qui élisez une figure de la politique nazi.

Tremblez les riches, c’est vous qui avez le plus à perdre,
craignez ceux qui n'ont rien, ils sont de plus en plus nombreux.

Je porte un toast à l'indéterminable, au hasard, le sel même de la vie.

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19 commentaires:

  1. Bonjour,
    "Tremblez les riches, c’est vous qui avez le plus à perdre,
    craignez ceux qui n'ont rien, ils sont de plus en plus nombreux"
    C'est du lourd, il nous les plages privée :)
    https://www.youtube.com/watch?v=ot3wAWjCVsM
    Merci et bonne continuation.
    Cres

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    1. Salut Cres
      (le lien donne sur un jeu vidéo... ?)

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    2. C'est qui faut bien perdre du temps :)
      lol
      https://www.youtube.com/watch?v=u4GA9B6oiWg

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    3. :))
      Merci Cres, belle chanson.
      Elle remue en profondeur, tout en douceur.

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  2. Cracheur de vérités. ....

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  3. J'aime énormément ton avant dernière phrase ! Mais ? Comment ce fait-il que nous n'ayons jamais réagi avant ? parce que cette situation perdure depuis la nuit des temps tout de même ! Alors, soyons optimistes, et pensons que ça va changer...

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    1. Aïe, la question qui fait mal, Vi !
      Pas de réponse.
      Ce qui me vient c'est que, avant, le peuple, les serfs n'étaient pas instruits. Ils étaient ignorants, illettrés. Ils se révoltaient quand ils avaient faim, quand ça devenait intenable.
      Maintenant, parmi ceux qui n'ont plus rien, la plupart sont instruits et capables de penser par eux-mêmes = grosse différence !

      Cres a laissé un lien. Dans le texte de la chanson, l'auteur dit qu'il n'a pas choisi de perdre son travail, de devenir une victime du système capitaliste et, en faisant attention, il dit quelque chose comme :
      "je n'ai pas choisi comme d'autres" = certains, de plus en plus (dans la minorité) décident sciemment de se passer de tout ce qui entrave.
      Craignez ceux qui n'ont rien car, de nos jours, ils sont lucides...

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  4. Parole de Feu a des mots si percutants qu'il pourrait en faire trembler l'Univers ....Nous tremblons si souvent et depuis si longtemps mais nous vivons vaille que vaille ...
    Je reviens ce soir , l'heure est plus à une tasse de café , porter un toast à la Vie celle là même à laquelle on tient lucidement ....Bon jour à toi Eric...Betty H

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  5. Un conte initiatique qui en dit ong sur ce que l'on vit.

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  6. merci de ce texte percutant

    il faut voter pour le petit maquereau
    en bons thons (avec un t comme dans crocodile) que nous sommes
    pour eviter La Peine

    et on changera le destin français aux legislatives

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    1. Blll (c'est mon dromadaire intérieur qui réagit)

      Le "destin" changera lorsque nous cesserons cette comédie...
      (mon dromad'erre me rappelle que ça fait + de 2000 ans
      que les promesses font espérer alors que les faits sont désespérants...)
      Salut Juste

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  7. Coucou je me pose ici car Je viens écouter le lien de Cres .......... Bonne journée vous tous

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    1. Je suppose que c est la java du caniveau qu il veut nous faire écouter ?

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  8. Triste réalité ! Si tu repsses par là Créa T as des bons morceaux de zik sur ton profil google merci l'ami !

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    1. repasses et Cres pardon correction !!! lol

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    2. :))
      Coucou Saby
      Oui, Cres est pointu dans son choix des textes de chansons,
      et y a plein de groupes que j'ai découvert.

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