La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

jeudi 11 mai 2017

Machines cherchent patients

Avec une proche souffrant de troubles de la mémoire,
nous attendons dans la salle d’attente.

Elle ne voulait pas aller consulter, « la dernière fois, ils ne m’ont rien fait ».
- « Ils tentent de poser un diagnostic, c’est pourquoi tu as cette impression »,
ai-je expliqué, en tentant de me convaincre moi-même.

Une femme vient nous chercher, jeune, moins de quarante ans,
l’air plutôt sympa et décontracté.
Nous la suivons.

Nous entrons dans son bureau.
Elle nous montre où nous assoir.

Elle s’assied en face de nous,
nous regarde chacun, avec un léger sourire,
« voilà, je suis le docteur », nous annonce-t-elle.

… (silence)

Aurais-je dû faire une révérence, un baisemain, un Ô  et me sentir un moins que rien ?

À partir de ce moment, j’ai eu l’impression d’avoir affaire à une représentante
voulant nous vendre des services et des produits.

« Il faut qu’elle fasse une IRM », dit la docte docteur,
en regardant les deux résultats d’IRM effectués en 2015 et 2016,
qui ne signalaient rien de pathologique ou de défectueux !

« Mais ce n’est pas anodin ces machines, et elle en a fait plusieurs,
nous préférons éviter qu’elle en fasse chaque année
», ai-je expliqué.
« Son état peut changer en six mois, il faut qu’elle en refasse une », réplique-t-elle
en rebondissant sur une information que je lui ai transmise cinq minutes avant !

Je ressens les symptômes de la colère, tension au ventre…
Respirer, ne pas s’énerver.

« Ce que je comprends, c’est que vous ne savez pas ce qu’elle a,
vous vous sentez aussi impuissante que nous
», lui dis-je.
« Quel métier faites-vous ? », me demande-t-elle.
« Je ne vois pas le rapport », ai-je répondu, surpris, d'un ton cassant.
« Pour l’instant, je ne vois pas les symptômes ni d’Alzheimer ni autres,
il faut poursuivre et refaire une IRM
», répète-t-elle inlassablement.
« Nous avons décidé, tous ensemble, qu’elle ne retournerait pas
dans cette machine
», ai-je clamé, agacé.
« Alors nous ne pourrons pas savoir ce dont elle souffre, je ne peux rien faire d’autre.
Vous a-t-on contacté pour qu’une personne passe à son domicile
afin de lui faire travailler la mémoire, 15 séances payées par la sécu, et blablabla ? »


La précision des séances remboursées m’a fait grincer des dents.

La proche de répondre : « je ne veux pas ».
Moi : « je ne peux pas l’obliger ».
Le docteur : « bon, tant pis pour vous ».

Et le docteur de revenir sur la nécessité d’une autre IRM,
en précisant que si ça ne donnait rien, elle demanderait un "traceur scintigraphie"
(je ne me souviens pas du terme qu'elle a employé mais c'est ça, selon ma recherche sur le Net,
c'est-à-dire l'injection d'un produit radioactif dans le corps avec le suivi de son évolution
en plaçant le patient dans une machine).

Elle n’a pas tenté d’autre approche ni de considérer l’éventualité
que la ou les causes ne proviennent peut-être pas uniquement du cerveau,
puisque les IRM sont ok.

Médecine chinoise et tibétaine : trois pouls et une vision holistique de la personne. 
Médecine occidentale : un pouls, puis une fixation uniquement sur le symptôme,
en le détachant complètement du reste du corps ainsi que de l’affect,
et en faisant fi de la personne, de ses observations par exemple.

Je n’en pouvais plus, constatant un manque d’écoute consternant,
de l'entêtement et une façon de retourner mes informations pour nous convaincre
"d’acheter" des produits parce que nous n’avions pas d’autre choix,
elle, le docteur est allé jusqu’à nous culpabiliser de refuser cette Xème IRM !
Je lui ai dit que nous y réfléchirons avec le médecin généraliste,
« au revoir Madame », et nous sommes partis.

?

Dans la voiture, ma proche de dire :
« tu vois, ça ne sert à rien, je t’avais dit que nous venions pour rien ».

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Lien
* Les colonisateurs de colons

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12 commentaires:

  1. Ben, oui, quoi ! Elle te l'avait bien dit que ça ne servait à rien ! ;) C'est ce que ma mère répète sans arrêt à mon père qui la traîne d'un médecin à l'autre sans résultat...
    Je ne fais plus souvent confiance aux médecins et surtout pas à ceux des hôpitaux qui souvent veulent faire du chiffre et rentabiliser les machines.
    Je crois que je te l'ai déjà dit, il y a plus de 10 ans je suis allée voir un chirurgien orthopédiste parce que je souffrais d'arthrose du genou à un âge plutôt anormal, j'avais 35 ans . Je suis ressortie de son cabinet avec l'angoisse au ventre, il me prédisait que trois mois plus tard je ne marcherais plus... Il fallait opérer rapidement, greffe d'os, décollement de la rotule, etc... Autant te dire que j'étais assommée... j'avais fait une IRM du genou droit, il n'y avait rien de visible, j'avais un rendez-vous pour le genou gauche, j'ai dit au médecin que ce n'était pas la peine de faire l'autre puisque sur le premier on ne voyait rien alors que c'était celui qui me faisait le plus souffrir, il m'a répondu agacé que si, si, il fallait quand même faire l'examen ! je l'ai fait et ça n'a servi à rien puisque bien sûr on ne voyait rien non plus ! Un autre chirurgien m'a alors annoncé que toutes les radios, irm que j'avais faites ne servaient à rien, l’arthrose avec un simple toucher on pouvait la diagnostiquer, ça craque dans le genou et ça pour craquer ça craquer bien ! merci ! Et qu'à mon âge, c'était un crime que d'opérer ! pour couronner le tout il m'a expliqué que l'opération qu'on me conseillait, il ne la pratiquait plus de puis belle lurette puisque'elle était complètement obsolète et inefficace et qu'elle se révélait même handicapante à terme .
    Au final, j'ai toujours de l'arthrose anormale pour mon âge, mais, je ne me suis pas faite opérée et plus de 10 ans plus tard, je marche toujours !
    Alors, je dis quand même merci à mon médecin généraliste de l'époque qui m'avait fait prendre un second avis ! Ouf !

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    1. Alors on va faire un club on va jouer aux osselets avec notre arthrose Vir. On ne sait plus d il faut faire confiance .... c est incroyable ... les médicaments nous détruisent .... et on sert de cobaye. Si je continue à perdre la mémoire je ne veux surtout pas si on me donne ces cachtons qui soit disant t aident à la retrouver ... nooooon c est foutaise.... bref ... qu' on nous laisse en paix .

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    2. "... rentabiliser les machines ..."

      Heureusement que tu ne l'as pas subie, l'opération ! (Merci pour ce témoignage, Vi. Je ne crois pas que tu l'avais déjà écrit, mais me souviens que tu parlais aussi de douleurs à une main, lors de ton déménagement...)

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    3. "... qu'on nous laisse en paix... ",
      ben c'est mal barré, Saby.

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    4. Saby et Virevolte, j'ai trouvé un nom pour le club :

      "Les Art-Roses"

      (J'ai une idée : on pourrait produire de la musique, avec nos articulations de plus en plus sonores...)
      :))

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    5. Joli nom .... plus joli que les "tamalou" bon week les bloguinoux . Gros bisous

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  2. Oui très décevant parfois, souvent toute cette machine médicale. Pourtant parfois ça peut servir. Il y a tant d'exmples, de contre exemples. Faut suivre son instinct je trouve.

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    1. Oui, s'écouter et garder l'esprit alerte et critique,
      et ce même face à des titres prestigieux (de spécialistes,
      de plus en plus spécialisés en vente de produits...)

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  3. Moi, je dis que tant qu'on peut se passer de médicaments, il faut s'en passer ! Bien sûr quand ça devient impossible en effet il faut faire confiance à certains, ouvrir l’œil, réfléchir, peser le pour et le contre !

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    1. Coucou Vi, c'est comme ça que je m'y prends aussi.

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  4. Les choses importantes devraient recevoir plusieurs diagnostiques... Evidemment il y a les coûts...

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    1. L'un des diagnostiques est : vieillissement, usure, seuil de la mort...
      Mais cela nous est insupportable, et ça ne rapporte pas ni ne rentabilise les investissements...

      Quant aux coûts... Et combien valent leurs machines et matériels (polluants) etc. ?

      Tout cela soulève bcp de questions, comme notre rapport à la vie, à la mort, à la maladie, aux soins qui doivent être rentables, sans parler de l'éthique.
      Vaste sujet, à polémiques

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