La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mardi 23 mai 2017

Du cynisme

En ce jour (janvier 2016, suite à une publication),
je ne me sentais pas tranquille avec le terme de « cynique ».
Pourtant, j’étais sûr de moi, l’ayant lu dans plusieurs livres, même de prix Nobel.
Mais quelque chose me titillait l’esprit. Quoi ?
J’ai fini par prendre le dictionnaire et, oh, stupeur et tremblements,
de me découvrir peut-être plus cynique que je ne le pensais !

Définition du dictionnaire (histoire que nous parlions le même langage),
la mise en caractères gras est de mon fait :
1. D’une école de philosophes grecs qui professaient le mépris des conventions sociales
pour mener une vie conforme à la nature.
 
2. Qui ignore délibérément les convenances.

J’ai pensé que, de nos jours, le cynisme n’est assimilé qu’à la seconde définition.
C’est ainsi que je l’entendais jusqu’ici, à quoi j’aurais ajouté :
ne respecte pas les autres, développe un esprit égocentrique, retors, etc.

Pas satisfait, je suis allé sur Wikipédia du Net et, ouf,
me voilà rassuré. Il y est écrit (entre autres) :
Sens contemporain
Au sens contemporain, le cynisme est une attitude ou un état d'esprit
caractérisé par une faible confiance dans les motifs ou les justifications
apparentes d'autrui, ou un manque de foi ou d'espoir dans l'humanité.
Il est parfois considéré comme une forme de lassitude fatiguée,
mais aussi comme un mode de critique ou de scepticisme réaliste.

J’ai pris le livre « Philo de base », pour rechercher les origines du cynisme.
Le terme cynique vient du mot grec « kuôn », chien, (…)
Il daterait d’environ 444 avant Jésus-Christ !
Métaphoriquement, le cynique aboie contre l’hypocrisie
et le snobisme de tous les puissants,
et mord à belles dents les baudruches tant de la superstition

et du conformisme, que de la prétendue science et du plaisir.
Le cynique ne s’encombre pas d’un bagage inutile,
il se libère de toute cette démangeaison folle de richesses, honneurs, (…)

Il se suffit à soi-même, mesurant son appétit
à l’immédiateté de la satisfaction la plus simple.
(…)

(…), portant besace où contenir le strict nécessaire,
le cynique se porte lui-même en marchant où ses pas le conduisent,
car rien ne le retient, ni femme, ni enfants, et encore moins la patrie
dont les lois l’indiffèrent, lui, le cosmopolite.
Pourquoi d’ailleurs irait-il perdre sa sagesse pour se rendre utile aux sots
et participer à leurs folies, alors qu’ils sont esclaves de leurs passions
et des fadaises qui farcissent leur âme, esclavage intérieur pire que tout autre ?
Commentaire : pour les personnes connaissant l’arcane majeur le Mat du Tarot (de Marseille),
cet énoncé du cynisme est tout-à-fait surprenant, paraissant décrire l'image du Mat !
(…)
Contre le faux-semblant de la culture, les désordres de la société,
les mystifications en cascade qu’elles entraînent, le cynique ne cessera d’« aboyer ».
Pour une vie authentiquement naturelle, libre, (…),
le cynique ne cessera de témoigner par sa vie même.
« La vertu est avare de mots ; le vice, lui, bavarde sans fin », clamait Antisthène.
On lui demandait ce qu’il enseignerait à son fils. Antisthène répondit :
« La philosophie, s’il doit vivre en compagnie des dieux,
la rhétorique, s’il vit avec les hommes. »
À propos de Diogène, on raconte que :
Voyant un jour un enfant boire au creux de sa main, il brisa son écuelle, disant :
« Cet enfant m’apprend que je conserve encore du superflu. »
Quelqu’un le blâmait d’être pauvre. « Misérable ! lui dit Diogène,
tu as pourtant vu bien des gens accéder à la tyrannie à cause de la richesse,
mais jamais à force de pauvreté. »

La fin de la définition de cynisme a été purement et simplement supprimée,
ce qui en résulte que, maintenant,
le cynisme contemporain désigne l’opposé du cynisme antique !
(Puisque, selon moi, il devient impératif de reprendre contact
avec la seule norme que nous ayons tous : la Nature ;
or, les cyniques actuels non seulement s’en fichent total de la Nature,
mais ils s’acharnent à la détruire, pour la modéliser et la rentabiliser…)

Je ferai attention dorénavant lorsque j’utiliserai ce terme,
qui me plaît, dans sa définition originale, antique.

Je reste avec ce sentiment que nous avons ôté la moelle, la substance, le sens,
de tant de choses et mots, au fil du temps.
Il nous faut être vigilant à tout, de nos jours.





2 commentaires:

  1. Très intéressant cet article. On y fait face tellement souvent. Ce cynisme croit remplacer l'humour et pourtant il peut avoir un autre visage.

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