La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

samedi 29 décembre 2018

Qui mal y pense, juge

Un Système (gouvernement, administration, justice et polices,
ordre des médecins, etc.) doit être pensé pour l’humain,
pour favoriser sa responsabilité et aussi, son épanouissement tant personnel
que social et ce, quels que soient ses classe sociale et niveau de vie
et couleur de peau et religion et autre considération arbitraire.

Autant que possible, le Système devrait servir à soutenir et stimuler l’humain
afin qu’il mobilise le meilleur de lui-même (ce qui n’est pas une question de performance),
avec une visée générale de progression autant au niveau du savoir-être que du savoir-faire,
et ce, afin que chacun soit le plus autonome possible parmi le vivre ensemble.

Traitez les gens comme s’ils étaient ce qu’ils devraient être
et vous les aiderez à devenir ce qu’ils peuvent être.
– Goethe

Il se trouve, dans les faits, au quotidien, que le Système empêche toute évolution.
Et, plus grave encore, le Système s’évertue à couper ou à brouiller les liens entre chacun,
en s’imposant comme tiers dominant indispensable (en une relation triangulaire).
À force, les citoyens se retrouvent déresponsabilisés, voire "débilisés",
par l’administration (dite aussi « bureaucratie kafkaïenne »).

Ils n’ont fait que créer des générations d’ignorants lettrés…
ceux que l’on manie le plus aisément !
– F. Herbert

Un exemple concret :
Une personne qui veut aider ses parents très âgés, devenus séniles,
doit… saisir un juge !
Ensuite de quoi,
ce sera le juge qui décidera du devenir des parents,
et ce même si l’un des enfants est nommé curateur ou tuteur !

À considérer : dans la culture populaire, dans le milieu ouvrier,
le réflexe n’est pas de saisir la justice mais de se débrouiller par ses propres moyens.
On n’y recourt, à cette institution, qu’en cas de « grosse affaire » comme un vol important, etc.

Dans l’exemple des parents âgés devenant dépendants (perdant leur autonomie),
la personne, leur enfant, disposée à aider ses parents doit donc saisir un juge,
un peu comme si elle avait été victime d’un délit ou qu’elle voulait porter plainte
ou qu’elle demandait le divorce ?

Je ne comprends pas.

Ce n’est pas mon monde.
– Brume

Têtes à l’envers, Système pervers.

Nos vies appartiennent à la Nation ;
nos âmes, à l’Église ;
nos corps, à la médecine ;
nos parents âgés, à la justice.

Pour aider ses proches, il faut donc saisir un juge,
c'est-à-dire effectuer un nombre impressionnant de démarches,
dont l’obligation d’une visite médicale, selon le code…

Ah, ben, eux, au moins, ils se tiennent les coudes.
Juges, médecins, élus de la Mairie, pharmaciens, banquiers, assureurs,
tous frère$.

Aucun d’eux n’est à l’écoute des principaux intéressés, en soucis et en souffrance
(face à l’état inquiétant, et en pensant au devenir, des parents âgés),
pas même les assistant(e)s sociaux.
Pourtant, ce sont les proches qui ont des informations à donner, non ?

Chacun des professionnels d’ordonner ce qu’il faut faire.
Après une ou deux entrevues, ils savent,
et ils remplissent une vingtaine de pages de rapport-que-personne-ne-lira,
sauf le juge qui, lui, ne se fiera qu’aux divers rapports reçus (!),
sans tenir compte des informations provenant des principaux concernés !

... ?

Lorsqu’on a affaire à l’administration,
on obéit et s’exécute, après avoir remercié.
Sourire dentifrice mieux qu'à la TV !
Quelque chose ne tourne pas rond dans cette société déshumanisée.

Quel est l’intérêt d’une personne,
que ce soit sur le plan humain comme sur le plan pratico-administratif,
de saisir un juge qui le dessaisit des affaires de sa propre famille ?

N’est-ce pas une démarche contraire au bon sens,
voire carrément absurde ?

Les voies du Système sont impénétrables,
coupant tout élan naturel, spontané et donc, normal,
d’entraide au sein d’une famille.

Chercher l’erreur.

Une conférence est un groupe de gens réunis
pour compliquer un travail qu’une seule personne ferait facilement.

– F. Herbert

Imaginons un scénario négatif et plausible :
dans l’exemple de situation, admettons que la personne,
malgré la loi, s’occupe des affaires de ses parents.
Qui peut savoir si, une fois le juge saisi,
la personne ne sera pas accusée de quelque chose
(notamment d’avoir agi sans attendre et donc, sans le consentement du juge) ?

On vit une époque forminable formidable.

Mettre une main dans la machination machinerie administrative
et il ne reste de soi que des chaussettes sur le carrelage.
Les chaussettes sont à jeter dans la corbeille désinfectante,
afin de laisser le carrelage propregarantiISOqualité étatique.

Bip – bip.
Bip – biiiiiiiipp.

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Vers 2015, j'avais inventé un terme pour signifier ce genre de situation,
dont le témoignage ci-dessus s'avère être un bon exemple : intruisme.

Intruisme de l'État de droit dans les affaires et la dynamique relationnelle d'une famille,
dont les parents n'ont comme unique "tort" que celui d'avoir vieilli
au point de perdre maintenant leur autonomie.

Intruisme ayant pour conséquence immédiate que les parents en question évoluent en délirant,
livrés à eux-mêmes et, administrativement, dans un no man's land de droit,
en attendant qu'un juge soit saisi.

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6 commentaires:

  1. Eric,
    Ignorants lettrés. Tout à fait.
    L'intruisme me parle aussi. Cela me fait penser au livre de Marie Darrieusecq Truisme. On se transforme peu à peu, lentement mais sûrement, en cochons...
    @+

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    1. :) j'avais lu un gars qui disait que l'homme, de par son apparence, sa texture de peau,
      et le fait qu'il soit omnivore, ressemble davantage à un cochon qu'à un singe.
      A + Thierry

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  2. Oui intruisme, je trouve ce terme adéquat ! Idem pour les affaires de couple ! Comme je n'ai pas saisi le juge pour ma séparation de fait et bien je dois faire comme si je vivais encore avec mon ex conjoint comme si ils subvenait aux besoins de ses enfants, je dois remplir des papiers que je ne peux pas remplir par le fait puisque nous ne vivons plus ensemble et que je n'ai pas de nouvelles de lui. Donc, je vis seule, je suis célibataire avec deux enfants à charge mais je n'ai pas droit aux aides puisque je n'ai pas saisi le juge ! Tant pis pour moi je ne dois m'en prendre qu'à moi-même si je n'ai pas voulu faire interférer la justice dans notre séparation ! Par contre, j'imagine aisément dans quel désarroi on peut se retrouver quand il s'agit de s'occuper de ses parents âgés ! Je vais alors reprendre la phrase de "Brume", ce n'est pas mon monde et j'ajouterais : " je ne veux pas que ce soit mon monde !"

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    1. C'est consternant ce dont tu témoignes.
      Sans obliger, tout est mis en place pour que, pas le choix,
      tu mettes la main dans la machinerie, en te soumettant aux autorités...

      Oui : désarroi, consternation, exaspération, énervement et confusion...

      "Je ne veux pas non plus que ce soit mon monde !"
      ;) à + Virevolte

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  3. Eric,
    je fais partie aussi du club:"Je ne veux pas non plus que ce soit mon monde "
    Perso je fais mon petit monde à moi comme je peux pour pas devenir tarée:-)) avec le monde actuel bien que je ne peux pas tout éviter.
    Te souhaites un très bon dimanche zen sans trop penser à notre monde dégénéré.
    A plussss :-))

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    1. Tout est pensé pour qu'on ne puisse pas ne pas penser à ce Système.
      ;)
      Coucou Lucette, à +

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