La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mardi 11 décembre 2018

Esprits contraints

Voici quelques extraits du roman Demian de Hermann Hesse.

Il s’agit de tenir compte de la date de la première parution de ce roman : 1919.
H. Hesse l’a donc écrit avant ou durant la première guerre mondiale (1914-18).
Cela remonte maintenant à une centaine d’années !
Je rappelle qu’après la parution de Demian, il y a eu la seconde guerre mondiale (1939-45),
ce qui fut un écroulement, un effondrement (comme annoncé dans le roman).

Il est étonnant de constater que les réflexions de l’auteur pourraient être tout à fait actuelles !

Honneur et parole à Hermann Hesse
(le découpage des paragraphes comme la mise en caractères gras sont de mon fait) :
Il parla de l’esprit de l’Europe et du caractère de notre époque.
Partout, disait-il, régnait l’esprit de troupeau,
mais nulle part l’amour et la liberté.
Toutes ces communautés, les sociétés d’étudiants, (…),
étaient nées de la contrainte, de la crainte, de l’embarras.
Elles étaient pourries intérieurement
et prêtes à s’écrouler.
(…)
Les hommes se réfugient les uns auprès des autres
parce qu’ils ont peur les uns des autres.

Chacun pour soi !
Les patrons pour eux,
les ouvriers pour eux,
les savants pour eux !

Et pourquoi ont-ils peur ?
L’on a peur uniquement quand on n’est pas en accord avec soi-même.
Ils ont peur parce qu’ils ne sont jamais parvenus à la connaissance d’eux-mêmes.
Ils se rassemblent parce qu’ils ont peur de l’inconnu qui est en eux.
Ils sentent que leurs principes sont surannés,
qu’ils vivent d’après de vieilles Tables de la Loi
et que ni leurs religions ni leurs morales ne répondent aux nécessités présentes.
Depuis plus d’un siècle, l’Europe ne fait qu’étudier et construire des usines.
On sait exactement combien il faut de grammes de poudre pour tuer un homme
mais on ne sait plus comment on prie ;
on ne sait même plus comment se divertir pendant une heure seulement.
(…)
Ces hommes qui se rassemblent si anxieusement sont pleins de crainte
et de méchanceté.

Aucun d’eux ne se fie à l’autre.
Ils restent attachés à des idéaux qui n’en sont plus
et lapident celui qui en révèle un nouveau.
Je sens qu’il existe des conflits. Ils éclateront bientôt, crois-moi.
Ils n’amélioreront pas le monde.
(…)
Le monde, tel qu’il est aujourd’hui, veut mourir, veut s’effondrer, et ainsi en sera-t-il.
(…)
Autour de ce qui subsistera de nous, ou bien autour de ceux qui nous survivront,
se concentrera la volonté de l’humanité, cette volonté que l’Europe a étouffée
pendant si longtemps par les cris de la foire à la technique et à la science.
(…)
Partout c’était pareil !
Tous cherchaient la « liberté » et le « bonheur » quelque part derrière eux,
dans le passé,

de crainte qu’on leur rappelât leur propre responsabilité,
de crainte qu’on les exhortât à suivre leur propre chemin.

Ce passage me rappelle l’excellent film The Edukator :
Pendant quelques années, on buvait et on faisait du tapage ;
ensuite, on se rangeait et on devenait un monsieur sérieux, fonctionnaire de l’État.
(…)
Le chemin de la foule est facile,
le nôtre (l’autre chemin) est difficile.

Une citation de l’auteur, en préambule à son roman :
Je ne voulais qu’essayer de vivre ce qui voulait spontanément surgir de moi.
Pourquoi était-ce si difficile ?

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11 commentaires:

  1. Eric,
    Des auteurs comme lui ou Musil me surprennent toujours par leur brûlante actualité.
    Ça fait réfléchir sur le temps de perdu, ou de gagné question de point de vue.
    Thierry

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    1. Ai regardé qui est cet inconnu, il est maintenant sur ma liste d'auteur à découvrir. Merci
      A + Thierry-le-Nuanceur

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  2. J'aime c'est triste mais j'ai trouvé une bouteille un joint un medoc.. Je vis seul depuis peu de temps et bien sure j'aie recommencé a boire...Du coup j'aie été voir un infirmer pour les addictions, bizarrement il m'a dis que boire de temps en temps c'est pas grave par contre zéro bedoc que je ne fume que dans ma famille, ma infirmer psy ma dis que c'est du pareil au même...Pourquoi j'écris ça hein...Bah pour montrait ce que la société est quand on se marginalise..Certes vos mieux êtres seul que mal accompagné oui mais y'en a combien des personne comme moi qui ne se supporte plus qui préfère fuir et c'est conséquence plutôt que de trouver des solution durable...Dans quelques année j’espère ne plus boire ni fumer, c'est une porte qui ne mène nulle part mais bon chacun sa manière de géré ses angoisses son temps libre !!!
    Bon malgré ça je veux montrer comment on né mouton (comme sur un autre blog;) mais bon j'aie un boulot une voiture 2 ami et bah ça me suffit je ne souhaite et ne serrait faire la paix la solidarité tu sais il est beau leur pays, je préféré boire que de bien faire que de chercher des solution vu que pour moi je reste en colère qui est embaumé, mais qui en a foutre de l'avis d'un fou hein personne ne veut aider son voisin, on veut du fric une grosse bagnole aussi grosse que les nibards de leur meufff..Je suis pas n'aie a la bonne époque ou quoi je suis un clous de travers qu'on reconditionner...ETc
    Bon voila pour ce soir le maitre mot est "écouter pas se qu'on dis de toi mais essayer d’écouter la voix en toi qui se fait tabasser par les bon gens" !!!!

    https://www.youtube.com/watch?v=o298WwumwRo
    https://www.youtube.com/watch?v=0eSVuzp_vB4
    @++ merci :)))

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    1. Suis surpris par le conseil de l'infirmier ! ... ?
      Le mieux, Cres : écoute-toi, même pour fuir et te péter la tête (ou non),
      je veux dire choisis tes produits, selon l'envie du moment, selon ce qui te convient le mieux.
      C'est exactement ce que tu écris à la fin
      :))
      Peut-être as-tu besoin qu'on te tire les oreilles ?
      Tu as conscience que quelque chose ne va pas dans cette société,
      mais, en même temps, tu acceptes les diagnostics des membres agréés de cette société.
      Crois en toi. Respecte-toi, même si tu as bu des verres. Aime-toi.
      ;)
      J'vais écouter plus tard les clips
      A + Cres (j'ai réagi spontanément)

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    2. ++ Dr Arthur Janov, psychologue, a écrit :
      « La névrose est la drogue de l'homme qui ne se drogue pas. »

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    3. ^^ Je vois deux infirmier un pour les addictions l'autre plus pour mon humeur, je vois ma psychiatre un quart d'heure tous les trois mois, et oui je me suis fait rabâchè mon clapé plusieurs fois pour dire mon avis, je ne discute plus j'écoute, il y a aussi la confiance qui mérite du temps ;))
      S'aimer oui...Sa me donne envie d’écrire mais en privée sur un cahier avec des dessins, mais je vais mieux après mon traitement ça me calme un peu !!!
      Merci et a bientôt :))))

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    4. Un quart d'heure tous les 3 mois ? c'est du foutage de gueule !
      Le secteur de la psychiatrie est en crise.
      T'écouter, sans chercher l'aval d'autrui (t'as raison, avec eux, vaut mieux la fermer).
      A + Cres

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  3. Bonsoir Eric,
    pour ma part je trouve que les gens deviennent malsains et égoïstes, la société à poussé le bouchon bien loin. Moi je m'aimes et me respecte
    mais j'ai trié les amis même des personnes que je connaissais depuis + de 10 ans. Si c'est pour voir des gens qui vont me prendre pour une imbécile et qui pense juste à montrer! alors je préféré coupé les ponts, moi je suis simple et j'ai les vrais valeurs qui de nos jours se font rares mais cela fait partie de mon éducation.
    Le monde à changé Eric et tout devient de + en + dur et les gens sont devenus (cons)
    Suis pas une sainte , je me drogue pas pas de médicaments et bois que pour les occasions mais vais pas me gêner si j'ai envie de m’ouvrir une bouteille :-)) faut
    aussi s'amuser dans la vie.
    Bon je vais arrêter la sinon je vais écrire deux pages:-))
    Faudrait que je me procure le roman Demian de Hermann Hesse.
    Encore un bel article:-)
    Bonne soirée Eric


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    1. Le "but" c'est d'être bien avec soi
      et de faire avec cette la société (même en résistant, pour que ça change par exemple).
      La société, c'est nous, tous.
      Le Système, c'est nous tous qui l'avons accepté et qui le faisons fonctionner...
      :o
      Le "but" n'est pas d'être parfait ni de devenir un saint, mais de vivre...
      :)
      Agréable soirée à toi aussi, Lucette

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  4. Waouh ! ça fait peur ce texte ! on dirait vraiment qu'il a été écrit de nos jours ! Il est tout à fait d'actualité ! Donc comme avec la vidéo de l'autre jour sur le réchauffement climatique, on sait, on savait mais on a continué sur la même lancée ! Bon il y a eu la guerre pour entre deux, est-ce que c'est un éternel recommencement ? N'y aurait-il pas quelqu’un qui nous regarde là haut et qui se moque bien de nous ? Pfff ! Ils n'ont toujours rien compris, ils recommencent les mêmes bêtises, toujours et encore !

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    1. Voilà le caractère terrible : "on savait mais on a continué".
      Idem pour le glyphosate, depuis ~1985 on connaît sa nocivité.
      Etc.
      C'est à se taper la tête contre les murs !
      ;)

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