Du conditionnement, le fil est à dénouer,
afin de suivre la Voie, que l’enfant a souhaité.
Le « Tao » peut être traduit en français par « Voie » ;
cependant, il semble s’agir d’une voie particulière (d’où la majuscule),
inconnaissable à l’avance et donc, indescriptible, ni conceptuelle ni modélisable.
Au sujet du « Tao », Lao Tseu nous apprend que :
Une voie qui peut être tracée, n’est pas la Voie éternelle : le Tao.
Le Tao est vide, mais il est inépuisable.
Quel abîme !
Pour Lao Tseu, la « Vertu » (avec majuscule pour la distinguer des vertus. Cf. plus avant*)
est le stade ultime du développement de l’être ou, pour le dire autrement,
la porte ou le passage ouvrant au Tao.
Il explique :
La suprême Vertu est comme l’eau.
L’eau et la Vertu sont bienfaisantes pour (tous) et ne luttent pas.
Elles occupent les places que tous les hommes détestent.
C’est pourquoi elles sont comparables au Tao.
Dans toute situation, la Vertu est humilité ;
dans le cœur, elle est profondeur insondable ;
dans l’assistance, elle est amour ;
dans la parole, sincérité.
Dans le gouvernement, elle est ordre et droiture ;
dans l’action, elle est capacité, et elle se meut avec opportunité.
Mais elle ne lutte pas ; c’est pourquoi elle est irréprochable.
Une indication, précision, concernant le Tao :
Lorsque l’œuvre utile est accomplie et que point la renommée,
que la personne s’efface : c’est la Voie du Ciel.
Voici quelques prescriptions concernant la « Vertu » :
Maintenir le corps et l’âme sensitive dans l’unité, pour qu’ils ne puissent se séparer ;
contenir la force vitale et la rendre docile, afin de devenir comme le nouveau-né;
se purifier en s’abstenant de scruter les mystères, pour rester sain ;
aimer le peuple, afin de pouvoir gouverner sans agir ;
que les portes du Ciel s’ouvrent ou se ferment, pouvoir être comme la femelle ;
étant inondé de lumière de tous côtés, pouvoir être ignorant ;
donner la vie, l’entretenir, produire sans s’approprier ;
agir sans rien escompter ;
diriger sans asservir.
Telle est la Vertu mystérieuse.
Lao Tseu de poursuivre, en revenant sur le Tao :
Regardant, on ne le voit pas, on le nomme l’Invisible ;
écoutant, on ne l’entend pas, on le nomme l’Inaudible ;
touchant, on ne le sent pas, on le nomme l’Impalpable.
(…)
En haut, il n’est pas éclairé ; en bas, il n’est pas obscur.
Il est éternel, éternel.
Il est sans nom.
Son origine est là où n’existe aucun être.
On peut dire qu’il est forme sans forme, figure sans figure ; c’est l’Indéterminé.
Allant à sa rencontre, on ne voit pas sa face ; le suivant, on ne voit pas son dos.
C’est en observant l’antique Tao qu’on peut régler l’existence actuelle.
Pouvoir connaître le commencement du passé, c’est tenir le fil du Tao.
Les Sages parfaits de l’Antiquité (…)
étaient attentifs ! comme celui qui traverse un cours d’eau en hiver ;
prudents ! comme celui qui craint ses voisins ;
réservés ! comme celui qui reçoit l’hospitalité ;
effacés ! comme la glace fondante ;
simples ! comme le bois non travaillé ;
vides ! comme la vallée ;
troubles ! comme l’eau limoneuse.
Qui peut, par le calme, clarifier peu à peu ce qui est impur ?
Qui peut naître peu à peu au calme et s’y maintenir toujours ?
Celui qui garde le Tao.
Il ne désire pas être plein, mais vide.
C’est pourquoi il peut paraître méprisable et dépourvu de perfection temporelle.
Ce que contient la Grande Vertu procède du Tao.
(…)
Celui qui se dresse sur la pointe des pieds ne peut se tenir debout.
Celui qui étend les jambes ne peut marcher.
Celui qui se met en vue reste obscur ;
celui qui est satisfait de lui n’est pas estimé ;
celui qui se glorifie est sans mérite ;
celui qui est orgueilleux cesse de croître.
Par rapport au Tao,
ces façons d’agir sont comme les vomissures et les tumeurs qui répugnent aux êtres.
C’est pourquoi celui qui a le Tao ne suit pas cette route.
(…)
On peut le considérer comme étant la Mère de l’Univers.
Ne connaissant pas son nom, je le désigne par le mot Tao.
(…)
L’homme se règle sur la terre (ah bon ? En la déréglant et ravageant ?)
la terre se règle sur le ciel,
le ciel se règle sur le Tao.
Le Tao n’a d’autre loi que lui-même.
(…)
Tout ce qui existe dans l’Univers est, par rapport au Tao,
ce que sont les ruisseaux des vallées par rapport aux fleuves et aux mers.
(…)
Le Grand Tao est partout ; sa puissance s’étend en tous sens.
Le Tao est éternellement sans agir ; cependant, tout est fait par lui.
*La suprême Vertu est sans vertus ; c’est pourquoi elle est la Vertu.
La vertu inférieure est attachée aux vertus, c’est pourquoi elle n’est pas la Vertu.
(…)
Le savoir n’est qu’ornement du Tao et commencement de l’erreur.
C’est pourquoi le Sage s’attache au réel et rejette les apparences ;
il s’intéresse au fruit plutôt qu’à la fleur ; il laisse ceci et saisit cela.
(…)
Le retour est le mouvement du Tao ;
la faiblesse est le moyen dont il se sert.
(…)
Quand un lettré d’une grande élévation entend parler du Tao,
il s’applique à le suivre avec zèle.
Quand un lettré moyen entend parler du Tao,
tantôt il le suit, et tantôt le délaisse.
Quand un lettré inférieur entend parler du Tao, il le tourne en dérision ;
même s’il n’en rit pas, cela ne signifie pas qu’il le suive.
C’est pourquoi il est une tradition qui dit :
pour le Tao, lumineux est comme obscur ;
avancer est comme reculer ;
étranger est comme familier.
Pour la suprême Vertu,
élévation est comme abaissement,
candeur comme honte,
générosité comme parcimonie,
vertu bien établie comme perversité,
probité comme malhonnêteté,
véracité simple comme duplicité.
Grand carré sans angles,
grand vase inachevé,
grande mélodie silencieuse,
grande image sans contours :
le Tao est caché et n’a pas de nom,
cependant sa Vertu soutient et accomplit tout.
Relevons combien le propos est actuel :
Quand le monde a le Tao, on renvoie les chevaux aux champs.
Quand le monde n’a plus le Tao,
les chevaux de combat se multiplient dans les faubourgs.
Sans franchir sa porte, on connaît l’Univers ;
sans regarder par sa fenêtre, on voit le Tao du Ciel.
Plus on sort et s’éloigne de soi,
moins on acquiert la connaissance de soi.
En s’adonnant à l’étude, on augmente chaque jour ;
en se consacrant au Tao, on diminue chaque jour ;
on ne cesse de diminuer, jusqu’à ce qu’on atteigne le Non-agir.
Par le Non-agir, il n’est rien que l’on ne puisse faire, certes !
Une distinction entre le Tao et la Vertu :
Le Tao donne la vie aux êtres, sa Vertu les nourrit.
« Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? », dit la sagesse.
De nos jours, la "sophistication" civile et administrative a tout inversé,
ainsi les "supérieurs", afin de nous manipuler, préfèrent :
« pourquoi faire simple alors qu’on peut tout compliquer et monnayer ».
La Grande Voie est toute simple,
mais le peuple préfère les sentiers.
Le pouvoir auto-guérisseur agit non seulement contre les maux physiques
mais aussi contre les maux de l’âme et encore,
sa conscientisation permet de remédier à nos erreurs de choix et de comportements :
Qu’est-ce qui motivait la haute estime des Anciens pour le Tao ?
C’est qu’aussitôt qu’on le cherche on le trouve en soi-même,
et qu’il délivre du mal.
C’est pourquoi il est ce qu’il y a de plus précieux au monde.
La Voie du Ciel ne peut-elle être comparée à celui qui fait un arc ?
Il abaisse ce qui est en haut,
il élève ce qui est en bas,
il enlève ce qui est en trop,
il ajoute ce qui manque.
Voici une explication pour saisir la différence entre une voie et la Voie :
La Vie du Ciel réduit ce qui est excessif,
complète ce qui est insuffisant.
La voie de l’homme est bien différente :
il enlève à celui qui n’a pas assez, pour le donner à celui qui a trop.
(Dingue ! Comme E. Macron !!)
Qui est capable, ayant du superflu, de le donner au monde ?
Celui-là seul qui a le Tao.
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Lien
* Influences et centre magnétique (Gurdjieff y parle de la « Voie »).
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Eric,
RépondreSupprimerSujet de haut vol que celui du besoin, de ce qu'il suffit.
Intéressant !
Tao, Macron pas le même combat.
Thierry
:)) ces gouvernements qui se succèdent sont loin,
Supprimermais sur "la voie de l'homme".
Et les chevaux (chars, camions plein de flics, hélicos, drones, etc.) se multiplient...
A + Thierry
Les Évangiles aussi parlent de la "Voie du Ciel" !
RépondreSupprimerCe matin, je me suis trouvé un roman, au libre-échange de livres.
Avant le premier chapitre, il s'y trouve un énoncé tiré de l'Évangile
selon St-Jean 3, 1-9 :
" Ne t'étonnes pas si j'ai dit :
Il vous faut naître d'en haut.
Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix,
mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va.
Ainsi en est-il de quiconque est né de l'Esprit."