La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mercredi 30 mai 2018

Mourir pour renaître (G XXIIII)

Pour donner suite au rayon de Création ou "théorie" des sept cosmos,
G. I. Gurdjieff interpelle P. D. Ouspensky (celui qui note l’enseignement) et lui demande
« de reprendre tout ce que je viens d’exposer du point de vue de vos dimensions ».

Il faut savoir que P. D. Ouspensky a déjà publié des ouvrages (en 1916),
dont l’un aborde le sujet des diverses dimensions dans le monde.

P. D. Ouspensky répond notamment en reprenant le rapport « de zéro à l’infini »
selon sa propre compréhension :
Il nous faut avant tout examiner ce que signifie le rapport de zéro à l’infini.
Si nous le comprenons, nous comprenons la relation d’un cosmos à un autre.
(…)

En géométrie, c’est la relation d’une unité d’un certain nombre de dimension
à une unité d’un plus grand nombre de dimensions.
La relation d’un point à une ligne,
d’une ligne à une surface,
d’une surface à un solide,
d’un solide, c’est-à-dire d’un corps tridimensionnel, à un corps quadridimensionnel,
et ainsi de suite.
(…)
Si nous considérons l’ "atome" – ou le "microbe", selon votre expression –
c’est-à-dire le Microcosme, comme un point,
alors par rapport à ce point, l’homme sera une « ligne »,
c’est-à-dire une figure à une dimension.
Le cosmos suivant, la terre, sera, par rapport à l’homme, une surface,
c’est-à-dire qu’il aura deux dimensions,
comme cela est réellement le cas pour notre perception directe. (Etc.)

Suite à cette explication, G. I. Gurdjieff renvoie à P. D. Ouspensky :
Il y a de nombreux éléments valables dans ce que vous venez de dire (…)
Notez, par exemple, que le temps est différent dans les différents cosmos.
Et il peut être calculé exactement ; en d’autres termes,
il est possible d’établir avec précision le rapport du temps d’un cosmos
avec le temps d’un autre cosmos.
Le temps est respiration – essayez de le comprendre.

* * *

Je glisse ici 3 schémas conçus à partir de ma compréhension. N'hésitez pas à intervenir,
des fois que je serais à côté de la plaque ou que j'oublie quelque chose ou autres...
La question (qui reste ouverte) : comment relier une dimension à l'autre ?





* * *

G. I. Gurdjieff poursuit en reprenant le sujet de l’éveil.
Il revient sur la dynamique de l’éveil/mort/naissance :
« Si le grain ne meurt après qu’on l’a jeté en terre, il demeure seul ;
mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits » (Évangile de Jean, XII, 24)
(…)
À propos de ce dont nous parlons maintenant, ce livre (d’aphorismes) disait :
« L’homme peut naître, mais pour naître il doit d’abord mourir,
et pour mourir il doit d’abord s’éveiller. »
Ailleurs, ce même livre dit :
« Lorsque l’homme s’éveille, il peut mourir ;
lorsqu’il meurt, il peut naître. »
(…) Naître n’est qu’un autre mot pour désigner
le commencement d’une nouvelle croissance de l’essence,
le commencement de la formation de l’individualité,
le commencement de l’apparition d’un "Moi" indivisible.
Mais pour être capable d’y atteindre,
ou tout au moins de s’engager sur cette voie,
l’homme doit mourir ; cela veut dire qu’il doit se libérer
d’une multitude de petits attachements et d’identifications
qui le maintiennent dans la situation où il se trouve actuellement.
Dans sa vie il est attaché à tout,
attaché à son imagination, attaché à sa stupidité,
attaché même à ses souffrances
– et plus encore peut-être à ses souffrances qu’à toute autre chose.
Il doit se libérer de cet attachement.
L’attachement aux choses, l’identification aux choses,
maintiennent vivants dans l’homme un millier de "moi" inutiles.
Ces "moi" doivent mourir pour que le grand « Moi » puisse naître.
Mais comment peuvent-ils être amenés à mourir ?
Ils ne le veulent pas.
C’est ici que la possibilité de s’éveiller vient à notre aide.
S’éveiller signifie réaliser sa propre nullité,
c’est-à-dire réaliser sa propre mécanicité, complète et absolue,
et sa propre impuissance, non moins complète, non moins absolue.
(…)
Un homme a vu en lui-même quelque chose qui l’horrifie.
Il décide de s’en débarrasser, de s’en purger, d’en finir.
Quelques efforts qu’il fasse cependant, il sent qu’il ne le peut pas,
que tout demeure comme auparavant.
C’est là qu’il verra son impuissance, sa misère et sa nullité ;
ou encore, lorsqu’il commence à se connaître lui-même,
un homme voit qu’il ne possède rien,
c’est-à-dire que tout ce qu’il a regardé comme étant à lui,
ses idées, ses pensées, ses convictions, ses habitudes,
même ses fautes et ses vices, rien de tout cela n’est à lui :
tout a été pris n’importe où, tout a été copié tel quel.
(…)
Cette conscience continuelle de sa nullité et de sa misère
lui donnera finalement le courage de "mourir",
c’est-à-dire de mourir non pas simplement dans son mental, ou en théorie,
mais de mourir en fait, et de renoncer positivement et pour toujours
à tous ces aspects de lui-même qui ne présentent aucune utilité
du point de vue de sa croissance intérieure, ou qui s’y opposent.
Ces aspects sont avant tout son "faux Moi",
et ensuite toutes ses idées fantastiques sur son "individualité", sa "volonté",
sa "conscience", sa "capacité de faire", ses pouvoirs, son initiative,
ses qualités de décision, et ainsi de suite.
Mais pour devenir un jour capable de voir une chose « tout le temps »,
il faut d’abord l’avoir vue une fois, ne serait-ce que pour une seconde.
Tous les pouvoirs nouveaux, toutes les capacités de réalisation
viennent d’une seule et même façon. Au commencement,
il ne s’agit que de rares éclairs, qui ne durent pas plus d’un instant ;
ensuite, il peuvent se reproduire plus souvent
et durer chaque fois plus longtemps, jusqu’à ce qu’enfin,
après un très long travail, ils deviennent permanents.
La même loi s’applique à l’éveil.
Il est impossible de s’éveiller complètement, d’un seul coup.
Il faut d’abord commencer par s’éveiller pendant de très courts instants.
« Mais il faut mourir tout d’un coup et pour toujours »,
après avoir fait un certain effort, après avoir triomphé d’un certain obstacle,
après avoir pris une certaine décision sur laquelle on ne puisse pas revenir.
(…)
Mais il y a des milliers de choses qui empêchent l’homme de s’éveiller
et le maintiennent au pouvoir de ses rêves.
Pour agir consciemment dans l’intention de s’éveiller,
il faut connaître la nature des forces qui retiennent l’homme
dans le sommeil (…) hypnotique, qu’il maintient et renforce lui-même.

G. I. Gurdjieff continue en racontant un conte oriental (déjà publié).

Ensuite, G. I. Gurdjieff a insisté sur le besoin de rencontrer
un autre humain ou un groupe d’humains plus éveillés que soi :
notamment afin que l’autre (plus éveillé) aide à prendre conscience
de son « faux-Moi » ou de sa « fausse personnalité ».

G. I. Gurdjieff aborde le sens et le bienfait du silence (approprié) :
(…) il est très difficile pour un homme de garder le silence
sur les choses qui l’intéressent.
Il voudrait en parler à tous ceux à qui il a l’habitude de confier ses pensées,
comme il dit. C’est là le plus mécanique de tous les désirs, et, dans ce cas,
le silence est la forme de jeûne la plus difficile.
Par contre, si un homme le comprend, ou tout au moins s’il suit cette règle,
ce sera pour lui le meilleur exercice de rappel de soi
et de développement de la volonté.
Seul un homme capable de garder le silence quand cela est nécessaire
peut être son propre maître.


2 commentaires:

  1. Eric,
    Oui c'est une grande maîtrise le silence, surtout pour les conteurs...
    @+

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    1. Une affaire de rythme, non ? Et de respiration,
      le silence permettant d'inspirer à fond (en musique en tout cas)
      A + Thierry

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