Libre de ne pas l'être

Le simple fait de parler de « liberté » révèle le sentiment (au sens d’impression générale) :

celui de se sentir comme en prison, privé de liberté.

Quand on est libre, on n’en parle pas.
On n’en ressent pas le besoin.

La liberté, elle se vit, s’éprouve à chaque instant.

Au sein du Système, dans nos sociétés « incivilités, tolérance zéro »,
un citoyen ne représente qu’un élément ‒ occupant tel poste de travail, tel rang social,
avec tel revenu permettant un tel mode de vie, etc. ‒ parmi d’autres éléments bien éduqués,
propres et polis, conformes, obéissant aux lois et règles institutionnelles.

Est-il possible d'être à la fois un bon citoyen, civilisé, et à la fois un individu libre ?

Nous sommes plus de sept milliards d’humains à respirer, à se rencontrer, à se croiser,
à devoir travailler ensemble, à vivre dans une même ville, dans le même immeuble, etc.
Aspirant chacun à la liberté ?
Quelle bonne blague !

Le prix à payer pour faire partie de cette civilisation progressiste à la pensée capitale unique
est... notre liberté. 

Peut-on se sentir libre en s’interdisant certaines émotions comme la colère,
et en faisant en sorte, tout au long du quotidien, d’éviter les situations conflictuelles ?

Éviter les conflits, c’est renoncer  à lutter pour sa liberté d’être, de penser et de faire ;
ce qui, au fil du temps, nous plonge dans un état permanent de résignation.

‒‒‒ ♪ ding, dingue, dong ♫ Annonce gouvernementale ♪ ding, dingue, dong ♫ ‒‒‒

En cas de désaccords et disputes,
veuillez vous adresser aux gentils gendarmes serviables,

non sans avoir au préalable demandé l’avis d’un avocat,

puis de s’en tenir à la décision d’un juge.

Vos conflits sont nos conflits, que nous réglons pour vous, en veillant sur vos droits.

Prêt possible pour le paiement des honoraires avec seulement 6,66 % d’intérêts !

‒‒‒‒‒‒‒‒‒  ♪ ding, dingue, dong ♫ ‒‒‒‒‒‒‒‒‒

De nombreuses personnes préfèrent évoluer dans un fonctionnement hiérarchisé
pour se contenter de faire ce qu’il leur est demandé de faire, en occupant une place désignée.
S’exécuter pour plaire et se sentir considéré par les autres, surtout par les cadres supérieurs.
Sentiment d’importance et de bien agir.
Rendre grâce aux "supérieurs".
Ô Colt, qu’ils sont forts, et intelligents, et bien habillés, et si sophistiqués.
Photos et selfies.
Se pavaner librement avec femme et enfants dans la cour des grands qui réussi$$ent.

Il est temps de sortir de cette cour de récréation de l’école des adultes-enfants que nous sommes, non ?

Un animal sauvage est libre.

Un animal domestiqué n’est pas libre.

Il en va de même en ce qui concerne l’animal humain.

Pour compenser la frustration du renoncement à la liberté-dont-nous-ne-savons-plus-rien,
on boit de l’alcool, avant et après avoir avalé des médicaments et autres drogues ;
et aussi, on se réfugie dans un parti politique ou une église,
en appliquant à la lettre les saintes Écritures ou de doctes théories,
dont la fonction secrète consiste à nous faire accepter le sacrifice de notre âme (liberté d’être qui l’on est).

Pour accepter notre résignation à vivre une existence pré-programmée,
des situations-leurre de liberté notamment de s’exprimer et de choisir ont été prévues :
voter, impérativement, pour l’un des candidats politiques, celui qu’on veut, parmi les désignés.
Nous avons également la "liberté" de choisir nos programmes TV, dans ce qui est proposé.
Nous choisissons la couleur de nos vêtements et de la tapisserie dans notre logement.
Nous pouvons imaginer librement un monde de rêve sur Big-E-Brother pour y jouer la personnalité idéale.
Nous pouvons décider d’aller à un match de football ou plutôt au cinéma ou au bar ou sinon,
d’investir de nos économies pour acheter un ticket de loterie (100 % garanti gagnants), etc.

Qu’est-ce que la « liberté » ?

La liberté est le point de l’être où elle le consume.
(…)
Cet endroit où la liberté s’élaborait en vous, c’était avant toute chose l’endroit
où s’établissait la possibilité terrible d’une rencontre avec une autre liberté.
Pour cela, la vôtre devait, en retour, en payer le prix, être mise en danger,
être confrontée à son propre néant.
Elle devait se consumer dans l’autre pour établir sa paradoxale ‒ mais vitale ‒ existence.

‒ M. G. Dantec

Que représente la liberté pour toi ?

Et pour quelqu’un de riche, que représente la liberté ?
Et pour celui qui mendie sur le trottoir ?
Et pour ceux qui vivent dans la jungle sans connaître la notion de liberté ?

Un humain contemporain ‒ webcams, micros et satellites tout autour de lui ‒,
perçoit-il la liberté pareillement que ses lointains ancêtres d’avant la civilisation ?

L’assurance-tout-risques Closyeux
vous permet de rester libre longtemps et en toute sécurité.

Prix défiant toute concurrence. Cadeau de bienvenue.
Libre à vous de passer à côté d’une telle offre.

En tenant compte des personnes voulant la sécurité, au prix de leur liberté,
dont elles ne savent que faire sans culpabiliser ni se noyer le cerveau dans le sexe-alcool-drogues,
combien d’humains vivent vraiment  libres sur Terre ?
À mon avis, pas beaucoup, une faible minorité d’entre nous.


Souriez : quelque part, quelqu’un a peut-être pris le contrôle de votre webcam
pour vous mater depuis votre ordinateur ou votre smartphone… Libre à lui, ou elle, ou il-elle.
😬
Faire comme si de rien, tout va bien : les voitures roulent, les avions volent,
les arbres tombent, les animaux sauvages meurent et il fait chaud en plein hiver, quoi de mieux ?


La liberté, à notre époque, n’est plus qu’un mot-souvenir corrompu.
Blablabla, pffff…, vent soufflant un air nauséabond, mais faisant illusion sur écrans.

Liens
* Un monde sans conflit
* Oh non, pas de conflit


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