et pourtant, je me retrouve derrière les autres.
Je nage ‒ crawl, brasse ‒, fais la planche, rame…
néanmoins, je coule, sombre, me sentant aspiré dans les profondeurs.
Je m’active, m’excite, m’affaire, voulant faire quelque chose d’utile, de sensé...
et pourtant, je me rends compte que je ne fais rien d’important.
Je marche, marche, et stagne à la même place.
Une place qui est la mienne ?
Je parle, communique, raconte, narre, rends compte…
mais je perds mon énergie, chacun entendant ce qu’il veut entendre.
J’écoute, ressens, entre en empathie, m’efforce de comprendre afin de nouer des relations…
cependant, peut-on admettre la futilité, le non-sens et les vaniteux égocentrés ?
Je souhaite faire le bien, aider, soutenir, aimer, me faire aimer, pour le moins apprécier…
et pourtant, je me confronte à du mépris, des malentendus, des conflits débiles, de la haine.
Je cultive les comportements vertueux, l’honneur, en cherchant le bon sens,
et me sens embourbé dans la vase de la corruption et de l’ignominie.
Je rêve de vérité mais dans les faits, au quotidien, le mensonge prédomine et vainc,
la vérité faisant peur, angoissant, rebutant et remettant en cause nos inconséquences.
Je me disais que ceux qui commandent et dirigent le pays et font régner la justice,
ne pouvaient qu’être des personnes intelligentes et raisonnables,
mais quels désespoir, désillusion, désenchantement,
de constater que ce sont, la plupart, les pires d’entre nous.
Si le gouvernement est sans droiture,
la droiture devient erreur,
et le bien devient perversité.
Les hommes sont égarés et cela dure depuis longtemps.
‒ Lao Tseu
J’ouvre les portes, mais me confronte à des murs.
J’ouvre grand les fenêtres et vois d’autres fenêtres ouvertes ou fermées,
mais ce ne sont que des trompe-l’œil.
Je monte sur le toit et m’y sens petit, au-dessous des autres.
Je descends à la cave et découvre qu’il y a des grottes,
des catacombes, des égouts, des tunnels s’enfonçant toujours plus bas.
Je me tais, appréciant le silence,
mais, en moi-même, ça n’arrête pas de discourir, estimer, commenter, ruminer, se faire du souci…
Et dehors : bruits incessants de voitures, de chantiers, d’avions, de blablas et sonneries de téléphones.
J’aurais aimé servir, non pas obéir à des ordres irresponsables.
Alors je reste enfermé, replié sur moi-même.
J’aimerais maintenant servir l’Âme Une, Intègre.
L’ambition gâte l’esprit,
la victoire exalte l’ego,
le pouvoir pourrit le cœur,
les savoirs exaltent le cerveau,
le béton rend l’instinct inopérant,
la sentimentalité fausse le sentiment,
l’argent nuit au relationnel et rend dépendant,
l’IA muselle l’intuition et tue l’esprit.
L’humain détruit et s’autodétruit. Il est doué pour ça, génial même.
Il est devenu son propre prédateur, un auto-prédateur.
Z’avaient raison nos ancêtres,
tels que Lao Tseu, 500 ans avant J-C,
et certains des Natifs d’Amérique, avant la colonisation :
ils préconisaient de ne pas agir, le non-agir, de ne pas faire (pour faire),
d’être en visant le non-être.
Nous ne comprenons pas la leçon.
Instruits et cultivés ou non,
nous restons des ignobles bêtes avides du toujours plus, et davantage.
Surtout ne rien changer. Peu importe les conséquences.
Pour l’instant, on peut encore rouler en voiture.
Faut voir le verre à moitié plein. Hips !
Je ferme portes et fenêtres et attends, écris, lis, prends soin de moi.
À quelle fin ? Pour mourir en me sentant le plus en paix possible avec moi-même,
la conscience tranquille. Tout le reste est pipeau de mégalo dont l’unique mérite
consiste à accélérer l’anéantissement de cette humanité décadente, délirante, démente.
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OUh !! je n'aurais pas si bien dit !
RépondreSupprimerEt j'aimerais tant savoir appliquer le non-agir, et j'aimerais ne pas faire pour faire ...
C'est difficile, très... (je trouve)
Supprimer:)) à + Vi