Sans éthique ni bon sens

- À ton avis, pourquoi ce sont les pires salopards qui gagnent toujours (jusqu'ici) ?

- T’exagères, non ?

- Ben non. Regarde le monde : ce sont les plus salauds et dingos qui imposent leurs idées
et visions des choses. Ce sont eux qui ont le plus d’argent et donc de pouvoir, de terres,
de droits, de privilèges, de sbires et espions, etc.
Ils ont même le droit de brûler la forêt Amazonienne, par exemple.

- Ouais, ça craint, t’as pas tort. Pfff...
Maintenant ce sont les multinationales qui imposent leurs lois chimiques.
Ceux qui refusent d’empoisonner les terres se retrouvent au tribunal, même un maire !
J’sais pas pourquoi on laisse faire ; mais j’sais qu’il y a aussi des gens corrects et honnêtes.

- Bien sûr, mais ils sont en voie de disparition, comme les dernières tribus vivant hors civilisation,
comme les animaux sauvages. Les personnes saines représentent une toute petite minorité qui,
en plus, se fait maltraiter, persécuter, emprisonner, torturer, tuer ou sinon,
ces personnes vivent pauvrement et discrètement. Politiquement, elles n’ont que peu, voire pas,
d’influence et aucun pouvoir ou sinon, elles sont taxées d'anarchistes, communistes, terroristes
et pareil, elles se font persécuter.
Le monde appartient aux sans-âmes, et les bonnes gens ont laissé faire, en croyant bien faire.

- Le problème des gentils c’est qu’ils sont gentils : ils pardonnent, préconisent la non-violence,
ils sont sentimentaux et ne parviennent même pas à seulement concevoir que les salopards n’ont,
eux, aucune morale, aucune retenue, aucune pitié derrière leurs façades de rectitude,
leurs manières distinguées et leurs sourires hypocrites, alors qu’ils n’hésitent jamais
à utiliser les méthodes violentes, la brutalité, etc., certes par procuration.
J’viens de lire un livre un peu naze, mais j’ai retenu une phrase qui me parle, ça dit :
« l’innocent et l’imbécile se ressemblent comme des jumeaux ».

- Mmmouais… Donc, de s’efforcer à rester sensé, sain et honnête, fait de toi un imbécile ?

- Ben, ça me travaille, mais ouais : dans le monde d’aujourd’hui, c'est avéré :
d’être bon ne mène nulle part. Tu l’as dit toi-même : ce sont les pires d’entre nous qui gagnent.
De toute façon, qui peut se prétendre innocent ?

- Y a pas d’innocent, c’est sûr. Vivre sainement ne fait pas de toi un innocent. Personne n’est innocent,
sauf le nouveau-né et les déficients mentaux. On est tous responsables de ce qu’il se passe.

- Putain, c’est que de nos jours va savoir qui est l’imbécile et qui est l’intelligent.
On finit par croire que la normalité c’est d’être malhonnête, sans âme ni conscience.
C’est peut-être ce qu’ils veulent, ceux qui dirigent depuis l’ombre : nous faire croire
que c’est normal de tricher, tromper, mentir, asservir autrui et amasser le plus possible
de biens en ne pensant qu’à sa pomme.

- En Amérique, avant les colons, y avait beaucoup de tribus qui vivaient en harmonie avec la Nature.
Ils étaient simples et sûrement plus évolués que nous sur le plan spirituel.
Le connard de président du Brésil les traite « d’hommes préhistoriques » pour justifier leur extinction
et ce, à seule fin de raser la forêt amazonienne pour du fric.

- C’est sûr. Ça craint un max., même vers le Pôle Nord ça brûle !

- ...
On est devenu des mous du genou.

- Hein ?

- Nos réflexes se sont amoindris, ralentis : on a beau taper dans le genou, il ne bouge qu’avec peine,
trop occupés que nous sommes à regarder la dernière série TV, le smartphone dans la main,
en commentant sur les réseaux sociaux du Net-pas-net au sujet du meilleur acteur à gros bras
et de l’actrice la plus sexy à gros nichons, ou des tweets de Trump.

- Ouais, des mous du genou mis à genou ; et bientôt, à genou, on bouffera de la poussière radioactive
et du goudron emballés dans du plastique.