La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

samedi 17 août 2019

En moi, c ki le chef ?

En vous-mêmes, en votre intériorité, qui commande et décide ?

Par quel moyen et sur qui ou quoi te bases-tu pour choisir et prendre des décisions ?

Avant de décider, demandes-tu l’avis d’autrui, d’un professionnel ou d’un parent
ou d’un scientifique reconnu et officiellement agréé conforme ou encore,
te fies-tu aux politiciens et à ce qui se dit à la TV ?


En chacun, il y a multitude. Au minimum, nous avons un moi raisonnable,
un moi sentimental, un moi affecté et affectueux,
un moi instinctif, un moi sensitif, un moi imaginatif…,
sans parler du Surmoi (notion psychanalytique)
et, parfois, d’une identité morcelée (plusieurs personnalités).

Je pose un postulat, le temps de cet article :
généralement, en chacun de nous, la prédominance, la tendance majeure,
est que : soit c’est la raison qui dirige, soit c’est le sentiment (qui est à entendre
au sens large du terme : affects, émotions et impressions générales).

L’instinct est une fonction réactive réflexe, naturelle et animale.
Lorsque l’on agit avec instinct on ne pense pas, soit : on ne passe pas par le raisonnement.
Notre mode de vie si vil tout-béton ne nous permet pas de n’utiliser que l’instinct,
c’est l’une des particularités qui nous différencie des autres animaux (qui, eux, meurent).
Nos autres divers moi pensent, jugent, jaugent, estiment, évaluent, considèrent le pour et le contre, etc.




Donc, en soi-même, la tendance dominante est, soit la tête, soit c’est le cœur.

Imaginons maintenant une balance (l’ancien modèle).

La balance elle-même pourrait représenter la pensée globale, la conscience qui soupèse, qui évalue.
L’un des plateaux de la balance représenterait le sentiment et l’autre plateau, la raison.




Reste une question : qui tient la balance ?

Sur quoi repose la pensée globale comprenant le penser du sentiment (affecté, sensible, moral)
ainsi que le penser raisonnant (indifférent, calculant froidement notre intérêt) ?


Qu’est-ce qui, en nous-mêmes, peut prendre suffisamment de distanciation
pour parvenir à observer le mécanisme de la pensée ?


Il existe forcément "quelque chose" en nous qui parvient à prendre conscience
que « je » pense ; et encore, que « je » peux penser de différentes façons.
Plutôt que d’avoir décidé cela, on aurait pu aussi décider ceci.
Plutôt que de s’adapter à ce mode de vie, on pourrait aussi résister, par exemple.

La question reste ouverte : qui tient la balance, sachant que chacun a l’intention
de prendre des décisions lucides et les plus appropriées possibles à son bien-être.
Certains ont même le souci du bien-vivre ensemble.


Nous, occidentaux, portons un regard sur le monde excessivement dualiste, manichéen :
soit cela est mal, soit c’est bien.

Nous avons privilégié la raison (politique, science tangible et démontrable, etc.) ;
et nous en sommes arrivés à considérer que le sentiment est faiblesse (!),
alors que la raison serait bien, force, progrès, et seule réponse possible.

On nous a appris à regarder, à écouter et à penser de façon binaire.
Nous rejetons un aspect du monde pour ne rentabiliser que l’autre aspect.
Nous jugeons quasi automatiquement en « c’est blanc ou noir, juste ou injuste,
vrai ou faux, etc. »
Et si cette façon de porter des jugements était erronée ou, pour le moins, limitative ?
Peut-être que les événements sont et bien et mal, et blanc et noir ;
peut-être même qu’ils sont et bien et mal et autre chose encore ?


Dépasser la dualité

Pouvons-nous dépasser la dualité ?

Se pourrait-il que nous puissions développer une autre instance,
une troisième fonction intérieure capable de décider en conciliant les opposés ?

Ne serait-ce pas cela la fonction de l’esprit ?

Se pourrait-il que la conscience (au sens large du terme, et non seulement au sens
d’état de veille que nous nommons « être conscient »), ou l’esprit, puisse prendre la balance
afin d'effectuer un discernement global plus lucide, judicieux et impartial, objectif ?

Plusieurs humains ont témoigné, et témoignent encore, d’entendre :
« une voix intérieure qui sait ».
Cette voix-qui-sait émane peut-être de la conscience, de l’Esprit, du Soi ou Moi supérieur
du divin ou Intègre s’exprimant en nous-mêmes ?

Pour quelles raisons ne nous apprend-on pas à écouter cette voix de sagesse ?




Rappel ou à savoir :

La raison est, symboliquement, rattachée au masculin, à l’action, à la créativité, etc.,
ainsi qu’à la couleur rouge (par rapport aux images du Tarot).

Le sentiment est rattaché au féminin, à la passivité, à la réceptivité, etc.,
ainsi qu’à la couleur bleue.

La femme de l’arcane Tempérance manipule deux brocs, l’un de couleur rouge et l’autre, bleue.
C’est un peu comme si elle tenait raison et sentiment à bout de bras, (un peu comme
dans l’image du funambule).
Elle transvase un liquide pur (blanc) d’un broc à l’autre, comme en pleine opération alchimique
ou de transmutation.
Pour ce faire, elle utilise autant le sentiment que la raison.

La femme dans l’arcane la Justice se tient immobile avec notamment une balance ;
elle réfléchit, elle est en train de soupeser le pour et le contre,
d’évaluer, d’estimer, de discerner.

La femme dans Tempérance agit directement avec les deux instances,
en les considérant toutes deux et même, en les manipulant à volonté.

La question revient :
qui (ou quoi) en soi-même peut tenir et manipuler autant le sentiment que la raison ?

* * * * * * *

Rappel : G. I. Gurdjieff distinguait la raison courante, mécanique, scolaire, basique,
de la Raison (comme avec l’esprit et l’Esprit, le soi et le Soi, l’intelligence et l’Intelligence, etc.)
La Raison sous-entend notamment les capacités de considérer les ressentis et impressions,
d’être sensible et raisonnable,
de parvenir au plus d’objectivité possible (distance d’avec l’affect, l’imagination et les idéaux).

* * * * * * * * *

Je rappelle  des tendances générales :

L’homme fonctionne plutôt avec la raison et, c’est important de le noter,
il a la fâcheuse tendance à préférer ses rêves ou idéaux à la Réalité, à ce qui est.

La femme fonctionne plutôt avec le sentiment.

Se rappeler qu’il y a du féminin dans le masculin, et vice-versa ;
qu’un homme peut privilégier son sentiment et qu’une femme dite « de tête »
peut privilégier son raisonnement ; pour le dire autrement,
de caractère, un homme peut être sensible et une femme virile.


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8 commentaires:

  1. Ma balance est sacrément déréglée en ce moment et je ne suis plus capable d'utiliser autant le sentiment que la raison, je crois que je bascule dans le sentiment et même l'égarement, se reprendre ? Ou lacher prise ? y'a plus de chef en moi, c'est la Bérézina...

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  2. Parfois il est bon de lâcher prise alors qu'à d'autres moments il vaut mieux se reprendre.
    De mon expérience, lâcher prise, autant dans sa tête que par rapport à "ce qu'on doit et veut faire", ben ça fait sacrément du bien, cela permettant notamment de relativiser, de se rappeler que nous ne sommes que poussière (ou atome) éphémère, que la terre continuera à tourner sans nous...
    (J'ai bcp à réagir, merci pour ton intervention Virevolte)
    Effectivement, en excès ou sinon en manque (d'affection, de réconfort, par exemple), le sentiment finit par nous happer, absorber... Les personnes sensibles ont cette tendance (selon mon observation).
    Le sentiment frustré fait perdre la raison ; alors que l'excès de raison gèle le sentiment...
    :)) à + Vi

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    1. Encore faut-il réussir à lacher prise... C'est ce que j'ai du mal à faire en ce moment. oui, relativiser, c'est en général ce qui me remet sur la route. le sentiment qui nous happe, nous absorbe oui, c'est exactement ça... j'ai craqué vendredi après avoir regardé une vidéo sur une famille qui a des ennuis énormes, les sentiments ont débordé, je ne voyais plus rien...j'ai fui l'ordi, la maison dans un état de mal être horrible, c'est le retour à la réalité qui m'a fait revenir sur terre. je me suis fait peur ! Quand je suis dans cet état, plus rien ne fonctionne dans la tête, c'est panique à bord, heureusement que mon amie a su me redonner le sourire et elle a le don pour savoir quand ça ne va pas, je ne sais pas comment elle fait ?
      je suis tout à fait d'accord aussi avec ta phrase sur l'excès ou le manque de sentiment ou de réconfort !

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    2. Ton amie, elle a peut-être elle-même traversé des moments pareils ?
      Bel exemple d'une relation amicale et d'une écoute : entendre les mots et aussi,
      au-delà des mots, les troubles (et/ou la souffrance) jusqu'à les ressentir,
      et "savoir" réconforter, ne serait-ce qu'en étant présent.
      ;)

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  3. Dépasser la dualité vaste programme le projet de toute une vie !

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    1. Peut-être n'y a-t-il rien d'autre à faire (une fois s'être occupé de son enfant) ?
      A + Thierry

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  4. Salut Eric, "je vois qu'une chose aller danser",
    https://www.youtube.com/watch?v=8oTh-WTVgCU
    Ce qui tiens la balance c'est la Vie ;))
    @++ :))

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    1. :)) j'aime bien que tu l'aies écrit avec une majuscule.
      Mais ça ne marche que pour les autres animaux :(
      Nous, on a cette putain de pensée et cette non moins putain d'imagination...

      Bon, c'est pas tout, mais euh... t'aurais pas 2 ou 3 balles ?
      C'est pour aller danser.
      Dans tous les cas, à + Cres

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