Trois conseils

Un homme attrapa un oiseau.
L'oiseau lui dit : « captif, je ne te serai d'aucune utilité.
Mais rends-moi ma liberté et je te donnerai trois précieux conseils. »

L'oiseau promit de donner le premier conseil
alors qu'il serait encore entre les mains de l'homme,
le deuxième lorsqu'il aurait atteint la branche d'un arbre,
le troisième une fois qu'il aurait gagné le sommet d'une montagne.

L'homme accepta et sollicita le premier conseil.

« Si tu perds quelque chose, dit l'oiseau,
même si tu y tiens autant qu'à ta propre vie – ne le regrette pas. »

L'homme lâcha alors l'oiseau qui vient se percher, en sautillant, sur une branche.

L'oiseau y délivra le deuxième conseil : « ne crois jamais rien sans preuve,
qui soit contraire au bon sens. »

Puis l'oiseau s'envola jusqu'au sommet de la montagne d'où il déclara : « Ô malheureux !
Mon corps renferme deux énormes joyaux. Si seulement tu m'avais tué,
ils t'appartiendraient maintenant ! »

L'homme éprouva du tourment à la pensée de ce qu'il venait de perdre.
Il demanda malgré tout à l'oiseau : « Donnes-moi au moins le troisième conseil ! »

« Quel idiot tu fais ! répartit l'oiseau. Tu es là à me demander encore un conseil,
alors que tu n'as même pas accordé une pensée aux deux premiers !
Je t'ai dit de ne pas te tourmenter si tu perds quelque chose
et de ne pas ajouter foi à ce qui est contraire au bon sens.
Et c'est ce que tu es précisément en train de faire en ce moment !
Tu te laisses aller à croire à de ridicules absurdités
et tu t'affliges parce que tu as perdu quelque chose !
Je ne suis pas assez gros pour contenir deux énormes joyaux.
Tu es un sot.
Tu resteras donc prisonnier des limitations habituelles imposées à tout homme. »

– Attar (Maître Soufi)

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