La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

dimanche 13 janvier 2019

Responsable, sans autorité

Pubère, sentiment de n’avoir pas de place dans ce monde (des humains).
Pas besoin de moi ici-bas.
Au contraire, puisque la plupart de se permettre de me conseiller,
de me dire comment je devrais être ou ce que je devrais faire,
en n’hésitant pas à couper-élaguer mes élans à mesure de leurs surgissements
brutalement « pour ton bien » : en me frappant, en me punissant,
et en m’injuriant, sur un fond de constant mépris.

On a voulu me mater, me soumettre aux autorités, me rendre docile.

Impression, alors, de n’être pas comme j’aurais dû être
à cause, également, de regards pressurisant et malmenant la différence
ainsi que la créativité, la sensibilité et, pire, la simple joie d’exister.

Des diverses autorités émanent des injonctions doubles, paradoxales,
parfois carrément contradictoires.
Difficile de contenter tout le monde, non ?
Un exemple : certains me reprochaient que
« il rit, est gentil, sentimental, ça ne va pas, il n’arrivera à rien »,
alors que d’autres, au contraire, se plaignaient que
« il n’obéit pas, il répond et dérange les autres… »

Malgré d'aliénantes doubles directives – insupportable infamie
générant une pression permanente, douloureuse et culpabilisante –,
en mon intériorité quelque chose niait leurs jugements à mon égard.

Adolescent, je m’opposais, parfois provoquais, les diverses autorités,
que ce soit celle de mes parents, de certains profs à l’école, des flics,
puis celle de certains responsables professionnels.

N’étant pas bagarreur (la violence physique me fige), jeune adulte,
ma façon de résister-lutter consistait à me cloîtrer dans le silence (en société)
en continuant à vivre, agir, selon mon idée, autant que possible,
en me faisant tout petit, en me voulant gentil et conciliant, compréhensif et tolérant,
en faisant en sorte de ne pas déranger (probablement pour qu’on m’accepte
et m’octroie le droit d’exister dans cette belle société où la correction règne).
J’ai pris sur moi, en m’isolant chaque fois que je me sentais débordé,
ou maltraité, avili, souillé, nargué, piétiné, raillé, rabaissé.
Je ne voulais pas rendre la pareille. Pas de vengeance ni autre.
Je voulais juste qu’on me fiche la paix, et vivre mes expériences.

Le plus indigeste de ces événements étaient les injustices,
par exemple lorsqu’on m’accusait, battait ou punissait, à tort.

C’est terrible dans notre société, au sein de ce Système,
d’avoir le sentiment de déranger par notre seule présence,
alors qu’on n’a pas demandé à naître dans cette $ivilisation.

On ne peut se rendre compte de la charge que porte autrui
qu’à la condition de la porter soi-même durant un moment
(par une attitude d'empathie, par exemple).

Ce témoignage pour relever le fait (qui n’est ni idée ni croyance)
qu’en soi, en chacun, nous sentons-savons ce qui est approprié,
par exemple concernant sa santé tant physique que psychique.
Nous sentons-savons ce qui est juste et injuste dans ce monde
(il n’y a qu’à écouter les divers témoignages des « gilets jaunes », par exemple).

Plusieurs autorités différentes (comme le surmoi psychanalytique)
nous "habitent", nous influençant de l’intérieur de nous-mêmes,
d’où la nécessité de mettre de l’ordre en soi-même et de les reconnaître
notamment en identifiant les divers « moi » dominant notre comportement ;
autrement, il se crée des interférences et conflits entre les « moi ». Tensions intérieures.
Et, surtout, autrement, les autorités extérieures influencent notre comportement facilement,
de façon subtile (non perceptible), simplement en titillant nos diverses instances intérieures
non conscientisées (impact d’un discours du Pape, par exemple, sur notre « moi » moral).

Je tente de faire ressortir de ce propos que
une personne à l’écoute d’elle-même n’a pas besoin d’autorité extérieure, sociale.

En chacun de nous, on trouve ce dont on a besoin au moment où on en a besoin.
Par exemples : vous croyez en la discipline ? Stimulez votre « moi » maître Yoga.
Vous croyez en la nécessité d’un meneur ? Cherchez votre « moi » directif.
Vous souhaiteriez être plus performant ? Au lieu de consulter un coach,
identifiez, en vous-même, le « moi » incitant à se dépasser ;
et écoutez-le, agissez en sorte.

Actuellement, quelque quarante ans après ma jeunesse inoubliable,
alors que je me trouve aux portes de la vieillesse,
on veut encore me mater (!),
me faire plier face à des autorités qui, j’ose le prétendre,
se révèlent incompétentes la plupart du temps.

Les postes clés du Système sont occupés par de nombreux incapables
qui obéissent sans réfléchir, sans esprit critique et sans état d’âme.
Exécution et indifférence.

Nous vivons dans un monde d’esprits flics et de "savants" fonctionnaires
– assistante sociale (AS), médecin ou juge, par exemple,
juge qui ne se réfère qu’aux rapports de l’AS et du dr (notons le circuit fermé).

Ils savent. Leurs machines savent. Ils ordonnent donc les comportements…
Plus fort encore, ils prétendent connaître aussi l’histoire (des personnes concernées)
ainsi que la dynamique relationnelle familiale (!) et Dieu sait quoi encore.
Manager AS, manager médecin-tout-puissant et manager super-juge.

Toutes les voies de résolution mènent aux docteur et juge.
Les AS écrivent des pages sur les personnes reçues,
notamment concernant leurs besoins et manques,
après deux ou trois visites !
Wonder AS.

Les entretiens avec ces gens-là – c’est-à-dire le relationnel –
se limitent à : « contentez-vous de répondre à nos questions ! ».

Circuits fermés : dr – AS – juge.

Dans cet exemple de situation,
les personnes concernées n’ont pas connaissance
de ce que ces "experts" écrivent à leurs sujets ;
alors que les écrits de l’AS, tout comme le diagnostic du docteur,
sont déterminants pour les décisions du juge,
qui, lui, reste dans sa bulle prestigieuse
à lire des quantités importantes de rapports plus subjectifs les uns que les autres.
Et lorsque, enfin, le juge reçoit la personne concernée,
le juge regarde une image de ce qu’il a retenu des divers rapports,
au lieu de se forger ses propres sentiment et opinion sur la personne
et/ou l’affaire la concernant ; au lieu de l’écouter un moment.
Je trouve ce procédé… inconcevable, déshumanisant, délirant.

Au lieu de communiquer, d’interagir les uns avec les autres,
il faut écouter et obéir aux "supérieurs"
qui traitent les victimes prévisibles, nécessaires à ce Système,
de « racailles », de « sans dent », de « fainéants »
et autres termes annihilant l’estime de soi
et propageant la haine des bêtes.
En plus d’être rejetées, les victimes du Système, on les accuse de…
C’est un comble. Le comble de l’ignominie.
Générer la misère, la précarité de certains,
pour le profit exagéré d’une poignée d’autres ;
puis, suggérer à ceux échappant à la misère de mépriser les victimes,
en les accusant des dysfonctionnements du Système.
Des monstres, au sens littéral du terme.
De vrais monstres nous devenons, la plupart d’entre nous.


La notion de citoyen semble être devenue synonyme de "débile-à-prendre-en-charge"
avec qui il n’est pas besoin ni de communiquer ni de rendre compte.
Juste ordonner, commander, et veiller à ce que cela soit effectué.

Bip-bip


4 commentaires:

  1. Eric,
    Très intéressant cet article. Ton analyse éclaire beaucoup le témoignage qu'on prend frontalement puis on descend encore plus bas.
    Ta réflexion concorde avec certains écrits que je mène en ce moment. Merci de ton aide.
    Le cercle des A me parle bien.
    @ bientôt.
    Thierry

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    1. :)) j'ai pensé à toi en refaisant le cercle des A
      A + Thierry

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  2. Salut,
    le système ne veut que des moutons et sinon... J'aime bien cette article !
    Et je laisse ici une reprise faite par des passionné (je pense)
    https://www.youtube.com/watch?v=yHH1Ox1BiA4&list=LL6EEmYXVKK0-8NhJWsXnajA&index=474&t=0s
    Je te souhaite une bonne soirée et @ bientôt :))))

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    1. Effectivement, des moutons à genoux qui prix Dieu Production-Consommation
      ;))
      J'aime beaucoup la vidéo.
      A + Cres

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