La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

dimanche 4 mars 2018

Paraître et être, un juste dosage (G XX)

Dans cette rubrique paraît une série d’articles portant sur la connaissance de soi,
articles se composant d’extraits de l’enseignement de G. I. Gurdjieff,
selon les notes prises par P. D. Ouspensky, l’un de ses élèves.
G. I. Gurdjieff tenait sa connaissance de la « tradition ancienne ».

Ma motivation : se désenvoûter (un max. d'entre nous).
 
Soyez votre propre flambeau et votre propre recours.
– Sagesse orientale
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M. Gurdjieff, comment distinguer la personnalité de l’être (ou « essence ») ?
(…) le destin ne concerne qu’une seule partie de l’homme,
« son essence ».
Rappelons que l’homme est constitué de deux parties :
« essence » et « personnalité ».
L’essence dans l’homme est « ce qui est à lui ».
La personnalité dans l’homme est "ce qui n’est pas à lui".

"Ce qui n’est pas à lui" signifie : ce qui lui est venu du dehors, ce qu’il a appris,
ou ce qu’il reflète ; toutes les traces d’impressions extérieures laissées dans la mémoire
et dans les sensations, tous les mots et tous les mouvements qui lui ont été enseignés,
tous les sentiments créés par imitation, tout cela est "ce qui n’est pas à lui",
tout cela est la personnalité.
(…)
Un petit enfant n’a pas encore de personnalité.
Il est ce qu’il est réellement.
Il est essence.
Ses désirs, ses goûts, ce qu’il aime, ce qu’il n’aime pas,
expriment son être tel qu’il est.
Mais aussitôt qu’intervient ce que l’on nomme "éducation",
la personnalité commence à croître.
La personnalité se forme en partie sous l’action d’influences intentionnelles,
c’est-à-dire de l’éducation, et, en partie,
du fait de l’imitation involontaire des adultes par l’enfant lui-même.
Dans la formation de la personnalité,
un grand rôle est également joué par la "résistance" de l’enfant à son entourage
et par ses efforts pour leur dissimuler ce qui est "à lui", ce qui est "réel".
L’essence est la vérité dans l’homme ;
la personnalité est le mensonge.
Mais à mesure que grandit la personnalité,
l’essence se manifeste de plus en plus rarement, de plus en plus faiblement ;
souvent même l’essence s’arrête dans sa croissance
à un âge très tendre et ne peut plus grandir.
Il arrive très souvent que le développement de l’essence d’un homme adulte,
même d’un homme très intellectuel ou, dans le sens courant du mot, très cultivé,
se soit arrêté au niveau de développement d’un enfant de cinq ou six ans.
Cela signifie que rien de ce que nous voyons dans cet homme « n’est à lui » en réalité.
Ce qui est à lui, ce qui lui est propre, c’est-à-dire son essence,
ne se manifeste habituellement que dans ses instincts
et dans ses émotions les plus simples.

Toujours, à nouveau, il ressort une question d’équilibre,
ici entre les développements de la personnalité et de l’être (« essence ») :
L’essence a plus de chances de se développer
chez les hommes qui vivent en contact étroit avec la nature
,
dans des conditions difficiles,
où il faut constamment combattre et surmonter des dangers.
Mais en règle générale la personnalité de tels hommes est très peu développée.
Ils ont plus de "ce qui est bien à eux",
mais de "ce qui n’est pas à eux" ils en sont à peu près dépourvus ;
en d’autres termes, ils manquent d’éducation et d’instruction,
ils manquent de culture.
La culture crée la personnalité ;
en même temps, elle en est aussi le produit et le résultat. (…)
Sans une certaine somme de connaissances,
sans une certaine quantité de ces éléments "qui ne sont pas à lui",
un homme ne peut pas commencer le travail sur soi,
(…)
Ainsi l’évolution n’est pas moins difficile pour un homme sans culture
que pour un homme cultivé.
(…)
Pour qu’un travail sur soi puisse être entrepris avec succès,
il faut l’heureuse conjoncture d’une personnalité
et d’une essence également développées. (…)
Tout cela se rattache à ce problème fondamental :
comment se libérer de la personnalité ?
La personnalité trouve sa pâture dans l’imagination et le mensonge.
Lorsque le mensonge dans lequel vit l’homme aura diminué,
et que l’imagination se sera affaiblie,
la personnalité elle-même ne tardera pas à décliner.



Liens
* Moi et l’autre
* Être et persona
* TTE, rester sur l’essentiel

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2 commentaires:

  1. Eric,
    Cette réflexion me paraît être rondement bien menée.
    Merci pour le partage.
    Thierry

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    1. Vaut mieux rondement que carré ment
      A toute Thierry

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