La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

lundi 1 juin 2020

Et ta barque ?


- Qu’ont-ils, Maître Foudchoc, que leur arrive-t-il ?

- Ils ont perdu leurs barques.

- Une barque ? Mais de quoi parlez-vous ?

- En chacun, en notre intériorité, un monde, un paysage.
Comme dans le monde extérieur, il s’y écoule au moins un ruisseau, un fleuve.
En notre intériorité, le fleuve en mouvement symbolise notre propre rapport au Temps
et aussi, à la source du vivant sous toutes ses formes.
- Et la barque, que représente-t-elle ?

 
Source : Net


- La barque représente un refuge pour l’être, pour l’enfant-en-l’adute.
Sur la barque, l’être se sent en paix, loin du tumulte des affairé$.

Chaque fois que possible (vu son emploi du temps chronométré),
l’enfant-en-soi remonte dans sa barque amarrée près du rivage,
pour retrouver son ambiance
et calmer ses émotions, pensées, contrariétés et blessures.

De la barque, l’être est relié à Tout, à ce qui dépasse l’entendement rationnel.

De sa barque, l’enfant-adulte contemple le monde et il essaie de le comprendre.

Les parents et autres adultes assurent aux enfants que la vie doit se passer sur la rive
où se trouvent les logements, l’école, les camarades, les voitures, le travail, les impôts, etc.
Ils recommandent aux enfants de ne plus se soucier de leur barque, car, prétextent-ils,
« ce sont les gamins demeurés et sans avenir qui restent accrochés à leurs barques ;
or, il vous faut devenir des adultes responsables (du compte en banque)
et penser à vos carrières professionnelles, pour vos retraites ».

- Et la rive, que représente-t-elle dans cette métaphore ?

- La rive est le monde cérébral des humains.
Plus précisément, la rive représente le piège de l’imagination et le pouvoir du mental.

- Qu’entendez-vous par-là ?

- Sur le rivage, l’humain a imaginé un mode de vie.
Et là, assis, il pense et calcule, théorise et planifie, produit ce qu’il peut de la matière,
se construisant des châteaux, des buildings, des centrales nucléaires, etc.
Pour se faire, il puise inconsidérément du pétrole et autres matières premières
afin de les transformer en objets superflus, addictifs et polluants…
Bref, sur la rive, les humains non-évoluent dans une abstraction,
un peu comme s’ils étaient prisonniers dans une bulle spéculative.
Et leurs existences s'y déroulent au travers de l’activité mentale
et ce, pour réaliser l’idéal d’une infime poignée d’entre nous tous.
« Non-évoluent » car, dans les faits, les humains agissent comme s’ils luttaient contre Temps.
Au nom de Progrès, fascinés, ils stagnent, comme s’ils étaient incrustés dans une image.

- La rive est donc un monde virtuel ?

- La rive est monde naturel à l’origine,
mais l’humain y lutte contre Nature au nom d’idées induites
concernant ce que devrait être notre rapport au monde : travailler, consommer
et assouvir les ambitions, lubies et la soif insatiable de pouvoirs des dominants.
En fait, chaque humain croit évoluer en vivant son existence comme il le souhaite,
alors qu’il vit sur la rive des dominants en y ayant intégré leur idéal de mégalos.
Au fil du temps, les regard, pensée et rapport au monde des humains se sont comme figés.
Et l’humain, de la sorte, se détruit, en s’activant à ravager le monde naturel, pourtant nourricier.
Paradoxalement, il se persuade de progresser, en faisant du sur-place
et, pire, en répétant constamment les mêmes erreurs.

Et les fleuves continuent de s’écouler,
pendant que l’humain s’enfonce dans sa propre merde pleine de phosphates et de plastiques.

Pour répondre à ta question : oui, la rive symbolise un monde factice,
un leurre noir comme le pétrole (d’où la nécessaire électricité) et virtuel comme le Net.
Un faux-monde qui s’est superposé à la Réalité méprisée car imprévisible et incontrôlable.

Et la plupart des humains ont oublié leurs barques.

Afin de ne pas succomber à cette maladie mentale figeant les esprits et étiolant les germes d’âme,
l’humain a besoin de retourner souvent dans sa barque pour s’y retrouver (l’enfant qu’il a été),
pour s’y ressourcer, s’y reposer, lâcher-prise et, surtout,
pour s’y relier avec le vivant et se rappeler à son Rêve d’Amour.

Certains rares humains, un jour ou l’autre, désamarrent leur barque et s’en vont à l’aventure,
à la rencontre d’autres âmes germées, d’autres rivages sains…

Ne perds jamais de vue ta barque et prends-en soin, quoi qu’il se passe et se dise sur les rivages.

Sois toujours prêt à embarquer…




4 commentaires:

  1. Réponses
    1. Yo... ♪ ♫ ♪ ♫
      (M'est d'avis que tu fais partie de ceux prenant soin de leur barque.
      Une demeurée, quoi)
      ;))

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  2. Puissamment symbolique tout en étant parfaitemetn concret ton conte, bravo.

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