Respirer

Oh, j’ai pas l’temps, là !

Tu vois bien que j’suis occupé,
c’est pas l’moment, pas maint’nant,
et après j’dois encore aller travailler, moi.

Pas le temps de quoi, au fait ?

D’aimer ?

D’aimer se sentir vivre*,

d’aimer éprouver le monde vivant,
de le ressentir en soi-même,
d'interagir et vibrer avec cet incroyable et merveilleux ensemble
produisant d’innombrables formes de vie (enfin, il était une fois, il n’y a pas si longtemps).

D’aimer la joie de communiquer avec les autres,
prenant le temps de se sentir vivre…

Pas le temps.

Et nous sommes imparfaits.

Culpabiliser en tapant dans l’estime, nous rendre honteux,
afin de nous maintenir dans un sentiment d’infériorité :

Durant ces quelques deux mille ans passés,
les représentants autoproclamés de la parole de Dieu
nous ont fait nous sentir imparfaits, vivants dans le péché,
devant être civilisés, conduits dans le droit chemin…

Depuis le déclin de l’emprise des représentants de leur Dieu,
voilà que les techno-sciences viennent frapper à leur tour :
notre corps serait imparfait, fragile et, ô horreur, il meurt.

Pour vivre mieux demain, il va falloir nous « augmenter ».

Et paf, rebelote, nous sommes toujours
et encore pour longtemps
des citoyens inférieurs qu’il faut améliorer.

Et qui établit, et décide, et programme,

de ce qu’il faut améliorer dans cette masse d’individus hypnotisés ?

Aimer,
kesako en langage mathématique, numérico-algorithmé ?

Vivement une nouvelle application...

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Note

* Clin d'oeil à Elfine

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