La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

jeudi 5 décembre 2019

Une thérapie, pour avancer (II)




C’est mon corps, mes difficultés, ma vie

Se méfier des personnes prétendant savoir mieux que nous,
d’autant lorsqu’il s’agit de notre peau, de notre histoire, de notre vécu.

Un proverbe arabe indiscutable :
Seul celui qui porte la charge sait combien elle pèse.
Les thérapeute, médecin, guru et autres sont également concernés par ce proverbe.
Grâce à l’empathie on peut rejoindre une personne, comprendre un tant soit peu sa souffrance
et son fonctionnement, mais jamais complètement.

Demander et accepter de l’aide n’est pas anodin ni sans conséquence.
Il vaut mieux éviter de contrarier un professionnel.
À ce sujet, M. Gruber a relevé un fait inquiétant :
Ceux qui font métier d’aider les autres n’aiment pas qu’on méprise leur aide,
et il leur arrive plus souvent qu’on ne le croit d’user de représailles.

Une thérapie pour renaître

Par rapport à la relation au père, c’est-à-dire à l’autorité,
F. Herbert a écrit :
L’enfant qui refuse de voyager dans le harnais du père
est le symbole de la suprême capacité de l’homme.
« Je n’ai pas à être ce qu’a été mon père.
Je n’ai pas à obéir aux règles de mon père
ni même à croire à tout ce en quoi il croyait.
En tant qu’humain, ma force est de pouvoir faire mes propres choix
quant à ce que je crois et ce que je ne crois pas,
quant à ce que je dois être et ce que je dois ne pas être ».

Une guérison, ou un désir de mieux-être,
nécessite des changements de fonctionnement en soi-même.
Il se trouve que l’humain résiste aux véritables changements,
notamment par peur de l’inconnu, peur de perdre de son confort et ses repères
(ce qu’il croit savoir de lui et du monde) ; et l’humain tient à ses bénéfices secondaires
(ses plaisirs et habitudes, malgré la souffrance ou l’insatisfaction de fond).
Pour le dire autrement,
l’humain se raccroche au connu, même s’il s’y sent malheureux.
L’humain se débat contre lui-même.
André Fol note à ce sujet :
Retrouver la santé est moins simple qu’il ne semble.
Il y a des craintes à affronter,
des facilités à quitter,
des décisions à prendre.

Bref, c’est son propre mobile qu’il s’agit de recomposer.

G. I. Gurdjieff rappelle la motivation d’une demande d’aide :
Souviens-toi toujours que tu es venu ici  (en thérapie, par exemple)
en ayant déjà compris la nécessité de lutter contre toi-même,
et, par conséquent, sois reconnaissant envers tous ceux qui t’en offrent l’occasion.

Helen Palmer explique la nécessaire prise de distance,
l’attitude juste à adopter pour un travail sur soi :
D’une certaine manière, toute psychothérapie réussie
dépend de la capacité à détacher l’attention des habitudes
et à les décrire du point de vue d’un observateur extérieur neutre.

Comme vu dans la publication précédente,
il est utile, lorsque nous stagnons ou tournons en rond,
de se faire aider durant une période, d’aller consulter un professionnel.
R. D. Laing a expliqué la difficulté de s’en sortir par soi-même :
Le champ de conscience de ce que nous pensons et faisons se trouve limité
par ce que nous omettons d’y remarquer.
Et parce que nous ne remarquons pas ce que nous omettons de remarquer,
il y a donc peu de choses que nous pouvons faire pour nous changer,
à moins de nous rendre compte que ce que nous omettons de remarquer
influence nos pensées et nos actions.

Un thérapeute aide à considérer ce que l’on s’efforce à ne pas voir
de soi-même en relation avec le monde.

Avec le thérapeute, le client doit oser être, s’exprimer et poser des questions.
Se rappeler que c’est sa thérapie (au client), une thérapie que l’on monnaie.

James Redfield a écrit au sujet de se questionner (à soi-même) et de questionner (autrui) :
Le problème dans la vie n’est pas de trouver les réponses,
c’est de poser les bonnes questions.
Si la question est bien posée, elle trouve toujours sa réponse.

Comprendre et exprimer, notamment dans le cadre d’une relation d’aide,
restent un incessant jeu de reflets et d’échos.
Concernant la compréhension et l’expression de soi, Simone Berno a écrit :
Comprendre est un phénomène interne de la pensée,
tandis qu’exprimer en est l’aspect externe.
Comprendre est la reconnaissance, en soi-même, de ce qui se passe chez quelqu’un d’autre.
Exprimer est, par contre, la reconnaissance externe de ce qui se passe en soi-même.

Chercher en soi le Soi, accompagné ou non,
afin de rétablir un rapport harmonieux entre soi et le monde.
 J.-Y. Leloup a écrit :
Il y a en nous un Être qui est « non temps », « non espace »,
c’est là qu’il faut chercher la véritable identité de l’être humain.

Un mal-être et une fausse motivation qui se retrouvent chez beaucoup d’entre nous,
surtout ceux ayant souffert durant l’enfance, est expliqué par Claudia Rainville :
Le paradoxe de la dépendance affective,
c’est qu’autant notre besoin d’être aimé est grand,

autant nous ne nous en croyons pas digne.
Voilà pourquoi nous mettons tant d’efforts à vouloir conquérir l’autre.

Une citation des A. A. (Alcooliques Anonymes) :
La folie, c’est continuer à faire les mêmes choses de la même façon
tout en espérant que le résultat soit différent.
Attention aux thérapies qui s’étirent sur une durée excessive.

À ce sujet, Philippe Claudel a relevé que :
Au fond, raconter n’est peut-être pas un remède si sûr que cela.
Peut-être qu’au contraire raconter ne sert qu’à entretenir les plaies…
Commentaire : en thérapie, il ne s’agit pas de « raconter » mais de se dire,
d’exprimer ce que l’on contient au fond de soi,
de mettre des mots sur ses ressentis et sentiments (impressions générales), etc.
Effectivement, raconter n’est pas un remède, c’est aussi vain que de ressasser.


Un bon exemple, selon moi, d’une relation thérapeutique ressort du film de Gus Van Sant, Will Hunting :
le client (joué par Matt Damon) ne s’en laisse pas imposer et n’est nullement impressionné
par le thérapeute (joué par Robin Williams).
Le thérapeute, non directif, se plie aux besoins du client avec souplesse, tact, Intelligence,
et aussi grâce à une douce assurance, à de la fermeté, à sa persévérance et son humilité,
le thérapeute encaissant les remarques critiques et virulentes, parfois lucides, du client.
Le thérapeute doit accepter, lui aussi, de se remettre en question durant une séance.
Alors et dans ces conditions, l’apport thérapeutique se fait "tout seul"
notamment grâce à la présence mature du thérapeute et à ce qu’il renvoie au client,
grâce à la qualité des interactions entre eux, c'est-à-dire grâce à la relation qu'ils entretiennent
(et non pas grâce à des théories changeantes à la mode du moment,
ni à des techniques particulières ni à la gentillesse ni autres).




Conclusion

Pour changer de direction et de façon de fonctionner, il faut que l’esprit se "tue" lui-même.
On ne peut vraiment changer qu’on supprimant ce que l’on a été (façon d’être et de fonctionner),
symboliquement : qu’en mourant.
C’est la délicate mission d’un guide valable : aider son client à mourir, pour qu’il puisse renaître.
Pour se faire, encore faut-il trouver un thérapeute efficace, plus avancé que soi
et suffisamment Intelligent, pédagogue et rusé, pour nous faire lâcher prise
notamment sur ce qu’on croit être et savoir.


Je termine avec deux citations merveilleuses (je trouve) et surprenantes de Nelson Mandela :
C’est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui nous effraie le plus.

Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toute limite.


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7 commentaires:

  1. Le problème dans la vie n’est pas de trouver les réponses,
    c’est de poser les bonnes questions.
    Si la question est bien posée, elle trouve toujours sa réponse.
    C'est ben vrai le glodde ;))

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  2. j'ai lu tes deux articles avec attention, belle analyse de la thérapie.
    Oui, le thérapeute nous permet d'exprimer nos problèmes, oui, il nous permet de voir ce que l'on ne veut pas voir. Personnellement j'ai arrêté la thérapie quand ça ne me servait plus à rien de raconter sauf à ressasser et à me sentir encore plus mal. Mais, le thérapeute avait su aussi me bousculer et me faire comprendre que j'avais la solution en moi si j'arrêtais de me considérer comme une victime. il fallait que je me prenne en mains au lieu d'attendre que la situation évolue toute seule, chose qui n'arriverait jamais; ça, j'ai eu du mal à l'entendre mais ça a fini par cheminer et je m'en suis sortie de cette situation que je pensais inextricable. Et j'ai eu de la chance je n'ai vu qu'un seul thérapeute et c'était le bon !

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    1. On peut aussi tourner en rond avec son thérapeute. Tu t'es écoutée, joli !
      Tu emploies un verbe important : bousculer. Effectivement, une thérapie
      ça bouscule, sinon à quoi bon ?
      Merci pour ton témoignage, Vi, à +

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  3. Hier on regardait justement un reportage sur la dépression, les médicaments... Ton article complète fort bien ! Merci.

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  4. https://www.youtube.com/watch?v=Q5xG5tObMF4
    A le ska toutes ma jeunesse !!!
    A plus :))

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