La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

dimanche 29 décembre 2019

Méfiant de se sentir aimé


Les démonstrations d’amour, par des attentions et gestes,
les jeux de séduction et les désirs sexuels d’autrui,
peuvent s’avérer, pour certains, difficiles à recevoir, à accepter, à gérer.

Le désir d’autrui peut être ressenti, par certains, comme une agression.
Il faut reconnaître qu’un élan d’amour peut se révéler intrusif ;
n’est-ce pas son objectif d’investir les corps et esprit ?
N’est-ce pas sa visée de pénétrer dans le monde de l’autre,
dans sa pensée, en épousant ses désirs et rêves,
en découvrant son paysage intime, ses formes,
ses odeurs, ses anfractuosités, ses capacités,
son rythme, ses défauts, ses manies et plaisirs… ?
Certains individus n’ayant pas été aimés durant leur enfance ‒ ou peu ou mal aimés ‒
restent spontanément méfiants, peinant à baisser leur garde face aux autres personnes.
En ces individus, les nouvelles sympathies provoquent de l’anxiété ‒  parmi d'autres ressentis  ‒
ainsi qu’un signal, clignotant en rouge, affichant le mot "danger" !
En eux-mêmes,
quelque chose s'oppose de façon instinctive (sans être réfléchie) à la constitution de liens familiers.


Il s'agit de considérer le fait que les personnes censées avoir aimé ces enfants, leurs parents,
se révèlent être celles qui les ont fait souffrir, qui les ont blessés intérieurement,
et souvent brutalisés, maltraités physiquement, tout au long de leur croissance,
de leur formation tant physique que psychique.

Dans le regard fuyant ou absent de ses proches, un enfant non-aimé n'y voit que réprobation :
« tu ne devrais pas être là, tu n’aurais pas dû naître ».


Pour comprendre, on peut établir des associations notamment entre la maltraitance (dans les faits)
et le discours social des parents se prétendant bien intentionnés. Pour l'enfant en souffrance cela donne :
être aimé, c'est subir de la violence.
Pour comprendre, il faut aussi se mettre à la place de l'enfant rejeté, qui se demande si :
aimer ses parents c'est accepter de se laisser malmener, en obéissant ?

Pour ces individus intérieurement blessés, une fois adultes,
des mots comme « famille et amour filial » leur rappellent le pire, de mauvais souvenirs,
la douleur, l'incompréhension, l'insupportable, la confusion des sentiments
oscillant de façon de plus en plus marquée entre l'amour et le rejet haineux de ses proches.

Avoir l'impression de s'aliéner à force de ne plus savoir comment se comporter.

Le rejet et/ou la haine de sa famille (ressenti intérieur) perturbe l'adolescent-malmené,
qui culpabilise,
et qui se retrouve, triste, face à la honte d'être parcouru de pensées noires
contre ses parents-adorés-qui-ne-sont-jamais-contents-de-lui.
Par conséquent et pour supporter cette situation ingérable et infernale,
l'enfant cesse de s'aimer,
pour pouvoir continuer d'aimer ses proches et prendre soin d'eux.




Un enfant non-aimé grandit, se construit,
avec l’impression constante que sa présence dérange, gêne les autres.
N’est-ce pas ce que lui faisaient entendre ses parents et éventuelle fratrie ?

En commençant la puberté, l’enfant finit par croire qu’il a quelque chose en lui-même qui ne va pas.
Il se persuade qu'on en peut pas l'aimer.

Peut-on penser qu'on dérange les autres,
tout en acceptant l’idée qu’autrui puisse nous aimer ?
Voilà le dilemme insoluble d'une âme sans reflet*.


Au contraire,
j’imagine qu’un enfant "trop" aimé (de quoi résulte qu'une fois adulte il se sente mal-aimé)
à qui on répète des phrases du type : « je me sacrifierais pour toi, tu es tout pour moi »
ou encore, « que ferais-je sans toi, tu es toute ma vie », etc.,
le(a) chéri(e) en vient sûrement à penser que sa présence est absolument indispensable ?
Il doit se sentir le centre du monde parmi ses proches.
Tu m’étonnes qu’il y ait autant de gens suffisants,
de prime abord propres et polis, mais si susceptibles et vindicatifs !




Combien d'entre nous se soucient du monde intérieur  des enfants,
de leurs angoisses et souffrances, souvent informulées,
de leurs craintes concernant leur condition de vie,
leurs désirs (sans libido), leurs cauchemars et rêves… ?

(…) se rendre compte avec le recul que rares sont les brutalités innocentes infligées aux plus jeunes,
que toute souffrance, aussi modeste soit-elle, abîme et érode ce qu’un enfant a en lui de plus pur,
de plus fragile.
‒ Dennis Lehane


« Mais ce ne sont que des enfants ! » :
quelle expression dévalorisante,
quel défaut de considération !
Quel mépris de la sensibilité et aussi,
de la différence (que représente le regard pur et innocent de l’enfant).



Les âmes sans reflet ont une façon défensive de penser et de se comporter,
leur esprit traitant et interprétant toute approche d'autrui telle une menace.
C'est sur ce plan-là, dans cette dimension des choses, que les âmes sans reflet restent sauvages.

Il y a des adultes intérieurement sauvages, avec qui il faut prendre le temps de s’apprivoiser.

Comme si un tort allait lui être reproché, ce type d'individus se sent mal à l’aise et en péril
lorsque l'autre se montre avenant, prévenant, familier, ou séducteur et entreprenant.

Ce type d’adultes appréhende irrationnellement (excessivement) ce qui risque de le blesser,
de lui faire mal, de lui causer du tort, de nuire à son équilibre intérieur, à sa tranquillité.




Ce type d’individus, mal ou non-aimé durant l’enfance, évolue en état de manque : d’affections,
d’attentions, de considérations positives, d’encouragements, du sentiment d’identité sociale, etc.

Ce qui est terrible c’est que, à cause de leur manque d’affection et de reconnaissance,
ce type d’individus rejette automatiquement les autres (intéressés par sa personne), sans distinction,
alors même qu’il a un besoin important d’amour (convivialité, fraternité, sexualité, confiance relationnelle) !
Réaction paradoxale.

La peur de se retrouver en souffrance et/ou d’être rejeté, abandonné,
provoque un comportement laissant penser aux autres que l’individu n’a besoin de rien ;
de la sorte, ce sont les autres qui finissent par se sentir rejetés par l’individu en manque de considération.

Ouroboros ! Le serpent se mord la queue



Tu as ta place en ce monde.
Tu en représentes un élément important,
ni plus ni moins nécessaire que les autres éléments.

Si tes parents ne t’ont pas reconnu comme tel c’est leur problème, leur erreur, pas la tienne.
Tu n’as pas à devenir comme tes tortionnaires en mal de civili$ation répétant sans cesse « cpourtonbien ».

Tu n’as pas à culpabiliser ni à justifier ton désir de vivre, respirer, ressentir, vibrer, aimer, Rêver.


_____________________________________________________________________________________

Note
* Les âmes sans reflet désignent les enfants non ou mal aimés qui ne reçoivent que rejet et haine, ou indifférence,
des regards et comportements de leurs parents ; c'est pourquoi, peu à peu, l'enfant ne s'identifie plus à eux.



_____________________________________________________________________

8 commentaires:

  1. Il fait bon à lire ton article je te suis à 100%

    RépondreSupprimer
  2. Je trouve ça triste mais vrai et bizarrement (...) me fait penser un peu a moi, la confiance en soi je connais pas et j'ai une carapace passif qui fait que on a l'impression que je n'ai pas beaucoup de sentiment (je ne les cache pas pourtant), pour dire, un exemple mes parents m'enfermais dans ma chambre assez souvent sans raison quand j'étais gamin (je ne m'en souviens pas c'est mon frère qui me l'a soufflé), je les aime même si je préféré me protéger comme ne pas passer les fêtes avec eux pour quoi faire boire avec eux fumé internet, si je rentre chez eux ce serra pour de bonnes raisons (tas vueh jeu suis - puddick hein ;))
    Le vrai souci c'est que ni ma sœur ni mon frère avons confiance en nous(vous avez dis bizarre) ...
    Bon voila la fin de l'année déjà ... T'as des bonnes résolutions??
    Bip a + l'ami bon repas et bon repos :)))
    https://www.youtube.com/watch?v=KRwpPXIZKds
    PS: je vais bien malgré les fêtes !!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour ce témoignage, Cres.
      ... "se protéger" ...

      Résolutions ? Nan, aucune.
      Pas de résolution : pas de déception, ni désillusion, ni échec, ni autres.
      Aaah, si, une : m'intéresser à l'anarchie
      ;))
      A +

      Supprimer
  3. Oui, les parents peuvent faire beaucoup de mal... les conjoints aussi... Moi, depuis ce qui m'est arrivé je me protège, je m'encarapaçonne, ça me fait peur...
    Trop aimer, mal aimer, ne pas aimer, que c'est difficile la vie ! ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La dernière phrase me "parle" bien.
      ;) (c'est triste comme constatation, pffff...)

      Supprimer
  4. Ah, mince, j'oubliais ! Résolutions ? je n'en ai jamais faites jusqu'en 2018, et je m'y suis tenue, la résolution de ramasser les déchets que je trouvais lors de mes promenades, alors, je continue en 2020, c'est une résolution facile à tenir, et j'ai fait mieux cette année, bon, ce n'est peut-être pas bon signe remarque, est-ce que ça veut dire qu'il y a encore plus de gougnafiers ? Non, on va dire que j'ai été plus efficace dans le ramassage ! :D

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Lol !!
      Vi, agente d'entretien de la forêt.
      :)) à +

      Supprimer