La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 26 octobre 2018

Limites de la pensée

De l’ouvrage Cette lumière en nous, réunissant des propos de Jiddu Krishnamurti,
j’ai recopié des extraits portant sur le méfait des excès d’intellectualisation,
et de rationalisation.

Krishnamurti y parle pareillement de la pensée, de l’intellect,
du cerveau, de l’esprit et de la conscience.

On ne peut avoir conscience que de ce que l’on connaît
et on ne peut penser qu'à partir de ce que l’on sait et connaît ;
le cerveau étant l’organe rattaché à l’intellect,
et l’intellect étant ce qui permet de raisonner.

Au sujet de la conscience Krishnamurti tient un propos très actuel,
à considérer de toute urgence :
Une conscience et une morale totalement nouvelles sont indispensables
à l’avènement d’un changement radical au sein de la culture
et des structures sociales actuelles.
(…)
Les dogmes, les formules, les idéologies, quelle qu’en soit la nature,
font partie de notre vieille conscience passée ;
ce sont des élaborations d’une pensée qui fonctionne de manière fragmentaire
– en politique, la droite, la gauche et le centre en sont l’illustration.
Cette activité parcellaire entraîne inévitablement des effusions de sang orchestrées
soit par la droite, soit par la gauche, ou bien elle mène au totalitarisme.
(…)
Nous voyons la nécessité d’un changement sur le plan social,
économique et moral,

mais les réponses émanent de cette vieille conscience
qui laisse à la pensée le rôle principal.

Krishnamurti ajoute que : cette vieille conscience « ne nous poussera qu’à une destruction
réciproque et à l’anéantissement de la planète. C’est l’évidence même pour tout être sensé. »

♪ Aïe ♪ Ouille ♫ Le monde entier ♪ est un cactus ♫♪

Un seul moyen de lever la tête au-dessus de cette désespérante situation mondiale,
selon lui :
Il faut être à soi-même sa propre lumière.
Cette lumière est la seule et unique loi : il n’en existe pas d’autre.
Toutes les autres lois émanent de la pensée,
et sont donc fragmentaires et contradictoires.

Krishnamurti nous aide à cerner ce qu’est la pensée, ainsi que ses limites :
(…) ce qui est immobile recèle une immense énergie.
L’esprit, ce bavard impénitent toujours en mouvement,
l’esprit qui n’est autre que la pensée, perpétuellement tournée vers le passé,
vers les souvenirs, (…)
En fait, la pensée, c’est le temps,
or, le temps, c’est le mouvement, la mesure.

Voilà la raison du problème de l’hume-anus sapiens-tout (détruire) :
Toute votre vie, vous n’avez jamais rien connu d’autre que la pensée.
Vous lui avez attribué une importance démesurée,
pourtant la pensée est toujours vieille,
et jamais neuve,
elle n’est que le prolongement du souvenir.
(…)
La pensée a divisé les hommes en une myriade de religions, de nationalités.
La pensée est issue du savoir,
et le savoir n’est jamais absolu dans aucun domaine.
La pensée est donc limitée, et elle divise.
Chaque fois qu’une action a pour effet de diviser,
le conflit est inévitable, comme entre communistes et capitalistes (…)
Nous sommes entraînés, éduqués, dressés
à vouloir changer « ce qui est » en un idéal – « ce qui devrait être » –
et cela prend du temps.
Le processus par lequel la pensée couvre la distance
séparant « ce qui est de ce qui devrait être » n’est autre
que le temps requis pour changer la réalité en idéal (…)

Et voici maintenant l’impossibilité dans laquelle nous plonge la pensée :
La pensée est un mouvement entre « ce qui est » et « ce qui devrait être ».
La pensée est le temps qu’il faut pour passer de l’un à l’autre
et, tant que persiste la division qui sépare ces deux pôles,
ce mouvement n’est autre que le temps mental.
(…)
Et si l’on ne saisit pas parfaitement en quoi la pensée
est synonyme de temps et de mouvement,

jamais l’esprit ne parviendra à transcender ses propres limites.
(…)
Comment l’esprit, conditionné comme il l’est – façonné par l’environnement ambiant,
par la culture qui nous a vus naître –, comment cet esprit peut-il découvrir
ce qui est étranger au conditionnement ?
Comment un esprit perpétuellement déchiré par des conflits internes
peut-il découvrir ce qui n’a jamais connu le conflit ?

L’intellect, nous le déifions :
(…) l’intellect ne représente qu’une partie de notre vie.
Certes, il a droit à une place normale, mais, partout dans le monde,
les hommes ont toujours accordé une énorme importance à l’intellect,
à l’aptitude au raisonnement, à la logique,
à la capacité de fonder leur action sur la raison et la logique.
Or les êtres humains ne sont pas de simples entités intellectuelles,
mais des êtres complexes à tout point de vue.
L’homme – vous l’aurez sans doute remarqué – est à la recherche de quelque chose
qui soit à la fois rationnel et porteur d’un sens profond qui ne doive rien à l’intellect ;
et il poursuit cette quête depuis les temps les plus reculés.

Note : dans ce chapitre, Krishnamurti évoque notre rapport aux religions
quand il dit que l’humain cherche à la fois la sécurité du rationnel et du connu
et, à la fois, contradictoirement, « un sens profond » qui ne soit pas idéologique
(et donc, qui échappe au rationnel, « à l'intellect »).
Krishnamurti y parle de la foi et de la quête de transcendance, de Sainteté,
ce qui n’est pas du tout une affaire de l’esprit commun conditionné,
précise-t-il, en déplorant l’emprise des diverses Églises-Autorités.


La pensée, l’intellect, en chacun, agit tel un organe de contrôle, explique Krishnamurti :
(…) Qui dit contrôle dit répression, voie toute tracée, soumission à un modèle,
imitation, conformisme.
(…)
Mais ce système de contrôle omniprésent est tout aussi absurde.
Le contrôle n’existe que lorsque la compréhension fait défaut.
(…)
Mais qui est au juste celui qui prétend contrôler ?
(…)
Lorsqu’un esprit est parfaitement « sous contrôle »,
ce contrôle est instauré par la pensée.
La pensée est limitée,
et ses désirs sont l’expression de ses limites,
voilà pourquoi elle dit : « Je dois tout contrôler ».
L’esprit ainsi contrôlé est devenu l’esclave d’une idée,
et non d’un fait ;
il est l’esclave d’un concept, d’une conclusion toute faite (…)

Précision : « mais qui est au juste celui qui prétend contrôler ? »
Cette question est introspective,
c'est-à-dire : « qui », lequel des "moi" en moi-même, « prétend contrôler ».


Relevons ce qu’est, à la base, la discipline.
Et ensuite, comment tenir, entretenir et diriger, son esprit :
Étymologiquement, « discipline » signifie l’acte d’apprendre :
ce n’est pas une soumission mécanique, comme dans l’acception actuelle du terme.
Ce dont il est ici question, c’est (…) d’un esprit libre de tout contrôle
et capable d’apprendre.
Dès lors qu’on apprend, toute forme de contrôle est superflue.
Autrement dit, apprendre, c’est agir.

Rappel : en la pensée – en l’intériorité, en le dialogue intérieur, en le raisonnement –
il est également nécessaire d’identifier et répertorier nos diverses influences
(je rebondis sur la publication précédente).
Par exemple : si je juge l’émotion de colère comme étant négative,
d’où – de quoi et de qui – me vient cette opinion, cette idée (car dans les faits,
comme écrit, l’émotion de colère est tout à fait normale, animale et donc, humaine.
Ne pas éprouver d’émotion, comme la colère, est anormal, bestial, monstrueux,
puisque signe d’hyper contrôle et, par conséquent, de non-vie).
Cette précision pour souligner l’importance d’identifier ce qui nous influence,
autant dans notre comportement que dans nos regard et façon de penser le monde
que dans notre imaginaire et que dans notre quête personnelle (foi, transcendance, etc.)


Pour un réel changement, J. Krishnamurti préconise :
Nous devons mourir à tout ce que nous connaissons.
Avez-vous déjà essayé ?
Se libérer du connu,
se délivrer de ses souvenirs,

ne fût-ce que quelques jours ;
être libéré de ses plaisirs, sans le moindre argument, sans la moindre peur ;
mourir à sa famille, à sa maison, à son nom ;
devenir parfaitement anonyme.
(…)
Cette démarche psychologique – car il ne s’agit pas d’abandonner votre femme,
votre mari, vos enfants, votre maison ou votre garde-robe,
il s’agit d’une attitude intérieure –,
cette démarche consiste à n’être attaché à rien.
(…)

Pour explorer, pour avoir une vision plus large,
pour savoir s’il existe un objet transcendant, qui ne soit pas le fruit de la pensée,
il faut d’abord que cesse la pensée.
(…), la nécessité impérieuse de savoir s’il existe quelque chose d’autre que la pensée
suscite l’énergie qui met fin à la pensée. (…)
C’est aussi simple que cela.

Ne compliquez pas tout.
Si je veux nager, je dois apprendre.
L’intention de nager est plus forte que la peur.

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8 commentaires:

  1. Je viens de commencer la lecture d'un livre sur l'Ho'oponopono et ça se rejoint beaucoup.
    Nous sommes les créateurs du monde dans lequel nous vivons et en changeant nos mémoires erronées, nous sommes capables de le transformer radicalement. Nous sommes les créateurs de notre vie et de tous les événements grands ou petits qui la composent. Notre pensée façonne l'énergie à sa manière selon ses inspirations mais aussi selon ses schémas négatifs, ses croyances limitantes, ses mémoires erronées, ses peurs invalidantes, créant ainsi un monde constitué d'ombres et de lumières.
    " Nous devons mourir à tout ce que nous connaissons." "Se libérer du connu,
    se délivrer de ses souvenirs,
    ne fût-ce que quelques jours ;
    être libéré de ses plaisirs, sans le moindre argument, sans la moindre peur".
    C'est exactement le même discours : " L'origine de nos problèmes, ce n'est pas nous...mais ce sont nos mémoires. Elles sont comme des tâches qui empêchent la lumière d'entrer en nous. Lorsque nous nettoyons ces mémoires, nous changeons notre façon de penser et notre réalité se transforme obligatoirement. il faut arrêter de se poser en victime, arrêter de penser que les problèmes proviennent toujours des autres, ne pas fonctionner sur la rancœur, la haine et alors la réalité changera. Intéressant tout ça ! j'ai hâte de poursuivre ma lecture !

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    1. J'en entends bcp parler de l'Ho'oponono. Pas lu.
      J'comprends ta hâte de poursuivre.
      Oui, notre rapport à nos mémoires ; lorsque dans certains textes je parle
      de "purifier le sentiment", c'est de ça qu'il s'agit.
      D'abord comprendre, discerner (le vrai du faux), puis nettoyer...
      ;)
      A + Vi

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  2. Bonsoir Eric,
    encore une publication pour moi à méditer dessus, tes publications apportent bcp merci.
    C'est un long travail en tout cas pour nettoyer la pensée et dans notre société
    actuelle moi j'avoue avoir peur de + en + de voir la méchanceté des personnes je m'ouvre moins quand quand j'étais + jeune, mais je me dis je suis propre maître de moi même.
    Encore à revenir méditer ici Eric pour me délivrer de certains souvenirs.
    Te souffle un coucou du soir
    A + Eric

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    1. Sans vouloir en ajouter, je crois qu'il y a de quoi avoir peur en ce moment.
      Oui, et c'est bien dommage, mais effectivement,
      à force de déceptions, "on s'ouvre moins".
      Être maître de soi, c'est être responsable notamment de ses actes.
      Les politiciens et autres décideurs, ont-ils été responsables ?
      Maintenant, pour y avoir participé, pour avoir consommé, nous sommes tous responsables...
      Ciao Lucette
      ;)

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  3. Un petit truc pour toi: http://sendpictures.free.fr/up/1540666399.jpg

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    1. :) Touché !
      Merci Lucette, joli (elle me plaît bien) !
      et j'obtiens la réponse à la question que je me posais ;)
      Agréable jour à toi

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  4. Avec plaisir ravie que tu aimes,
    heu tu corrigeras sur mon texte le 1er (quand) et mettre: que :-)))
    Les politiciens la plupart sont responsables mais juste pour les apéros:-)
    Ciao Eric

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    1. :)) ... suivis des repas gastronomiques
      A + la faiseuse-d'image

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