Un constat : la médecine psychiatrique ne fait aucun progrès significatif depuis... ouf ! ;
et nous vouons un culte au cerveau, les transhumanistes en tête de peloton.
De mon point de vue, nous sommes de grands malades psy, névrosés dans le meilleur des cas,
de plus en plus borderline (à cheval entre la névrose et la psychose), les dirigeants en tête.
YUMENO Kyûsaku est un auteur japonais ayant écrit notamment un roman (atypique)
intitulé Dogra Magra.
« (...) une œuvre inclassable et étrange (…), dérangeante à l’extrême (…) »
Allons, gens, sus aux idées reçues non remises en question.
Le cerveau, est-il le siège de la pensée ?
Dans ce roman, Masaki est nommé professeur titulaire du département de psychiatrie.
Prenant place dans ses nouveaux locaux, le Pr Masaki choisit comme bureau
la pièce abritant à la fois la bibliothèque et la salle des spécimens.
Il explique au secrétaire administratif :
Avant que l'histoire (du roman) ne débute, le Pr Masaki se rappelle de sa thèse intitulée :
le cerveau n’est pas le siège de la pensée.
L'extrait copié ci-dessous provient de cette thèse (la mise en caractères gras est de mon fait, comme la présentation) :
Référence du livre
Dogra Magra, de YUMENO Kyûsaku, éditions Philippe Picquier,
2003 (traduction française), et 2006 en édition Picquier poche.
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* Corps malmené, raison déficiente.
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et nous vouons un culte au cerveau, les transhumanistes en tête de peloton.
De mon point de vue, nous sommes de grands malades psy, névrosés dans le meilleur des cas,
de plus en plus borderline (à cheval entre la névrose et la psychose), les dirigeants en tête.
YUMENO Kyûsaku est un auteur japonais ayant écrit notamment un roman (atypique)
intitulé Dogra Magra.
NB : Dogra Magra a été publié en 1935, pourtant le propos s'avère des plus actuels.À juste titre, il a été relevé en préface à ce roman :
« (...) une œuvre inclassable et étrange (…), dérangeante à l’extrême (…) »
Allons, gens, sus aux idées reçues non remises en question.
Le cerveau, est-il le siège de la pensée ?
Dans ce roman, Masaki est nommé professeur titulaire du département de psychiatrie.
Prenant place dans ses nouveaux locaux, le Pr Masaki choisit comme bureau
la pièce abritant à la fois la bibliothèque et la salle des spécimens.
Il explique au secrétaire administratif :
Je dois dire, puisque j’ai fini, moi qui vous parle, (...),
que le fond de la vérité, c’est que je suis moi-même fou,
du genre atteint de la folie de la recherche, aggravée de mégalomanie,
et comme vous voyez je suis le premier à le reconnaître. (…)
Toutefois, comme je ne peux pas signer mon bordereau d’internement
dans mon propre hôpital, il m’est venu l’idée d’exposer ici mon cerveau,
à titre de spécimen vivant, à côté de tous ces autres documents de référence…
Peut-être qu’en médecine générale ou en chirurgie ce n’est pas une pratique courante,
mais voyez-vous, en psychiatrie, il est capital au contraire
que le cerveau de professeur titulaire de la chaire soit lui-même étudié…
analysé sous toutes ses coutures…
C’est là ma conception d’une saine formation psychiatrique.
Avant que l'histoire (du roman) ne débute, le Pr Masaki se rappelle de sa thèse intitulée :
le cerveau n’est pas le siège de la pensée.
L'extrait copié ci-dessous provient de cette thèse (la mise en caractères gras est de mon fait, comme la présentation) :
(…) ce "cerveau" est justement le grand "Dieu-Mystère dans toute sa majesté",
cruel et trompeur, du monde scientifique d’aujourd’hui.
C’est lui le sphinx géant en protéines, le dernier organe inconnu du corps humain. (…)
Ce monstre qu’on appelle cerveau trône (…) en vrai tyran et oppresseur des autres organes,
et les pressure à merci de leur sang le meilleur et de leurs nutriments les plus riches.
Tout ce que le cerveau ordonne doit être exécuté sur-le-champ,
tout ce que le cerveau désire doit être obtenu sur-le-champ.
En fin de compte, l’homme existe-t-il pour le cerveau ou le cerveau pour l’homme,
on a beau soupeser le problème dans tous les sens, c’est à n’y rien comprendre…
tel est le despotisme de ce dieu des organes humains,
de ce dictateur souverain de la civilisation de l’humanité,
le Grand l’Unique Seigneur Cerveau.
Or, dans tout ceci, il y a quelque chose qui cloche.
Ce quelque chose, le voici : ce bloc de protéines qui se fait appeler cerveau,
aujourd’hui comme hier et inversement, quel rôle joue-t-il dans le corps humain,
à quoi sert-il ?...
À étudier la question de façon strictement scientifique,
on doit se résoudre à admettre qu’ "on n’en sait rien".
(…),
disons que "le cerveau fait en sorte que jamais au grand jamais
le cerveau-en-personne ne comprenne quelle est la fonction du cerveau-en-personne"
(…)
Cette idée (que le cerveau est le lieu où se forment les pensées)
est à l’heure actuelle l’une des croyances les plus inébranlables de l’humanité,
quand elle ne passe pas pour le plus élémentaire bon sens.
(…)
(…) "est-ce mon cerveau qui contrôle mon corps…
ou mon corps qui contrôle mon cerveau ?..."
(…)
… "Le cerveau lieu où se forment les pensées" est le pire ennemi de l’homme…
Le plus grand et le plus dangereux de tous les diables de l’univers…
(…)
… Ouvrez les yeux…
… Regardez combien ce cerveau malfaisant est diabolique.
… Et débarrassez-vous de toutes vos superstitions et aveuglements à propos du cerveau.
(…)
"Le cerveau est le Créateur de la civilisation scientifique."
"Le cerveau est le Dieu omniscient et omnipotent du monde réel."
(…)
… Le répertoire des péchés du cerveau épuise les cinq articles suivants…
"s’est imposé à l’homme comme étant supérieur à Dieu",
telle est la première page du répertoire des péchés du cerveau ;
"a conduit l’homme à se révolter contre la Nature", telle en est la deuxième page ;
"a renvoyé l’humanité dans le monde des bêtes", comme il est dit à la troisième page ;
"a rendu l’humanité folle en la faisant se tourner vers un monde de néant
uniquement composé de matière et d’instincts", comme il est dit à la quatrième page ;
"a fait glisser l’humanité sur la pente de l’autodestruction",
comme il est dit à la page finale.
(…)
À la suite de quoi, le "cerveau-qui-pense-les-choses",
après avoir mis Dieu K.O. de superbe manière,
poussa l’homme à se rebeller contre la Nature.
Alors il créa la civilisation matérialiste à l’usage de l’homme.
Tout d’abord, le cerveau donna à l’homme diverses sortes d’armes
et favorisa les tueries.
Il inventa de nouvelles techniques médicales
et leur fit contredire les méthodes naturelles de santé,
il fit prospérer les malades et accorda à l’homme le contrôle des naissances à volonté.
Il fit fonctionner toutes les machines et confina l’homme dans un monde plus étroit.
Il créa toutes sortes de nouvelles lumières et chassa le soleil, la lune et les étoiles. (…)
Puis il lui enseigna l’usage de l’alcool, de la nicotine (…)
Il y habitua si bien l’homme que celui-ci ne put plus vivre un seul jour sans artifice.
… Ce n’est pas tout…
(…) (le cerveau) déroba également
toutes les manifestations de cœur naturelles à l’homme
qui promettent son accroissement (…), la paix et le bonheur.
Autrement dit, il lui fit refuser en bloc l’amour (…), la chasteté, la confiance, la pudeur,
la reconnaissance, la compassion, (…) sous couvert de la raison spécieuse que
"ces émotions ne sont pas logiques au regard de la science matérialiste,
donc ne sont pas naturelles".
Puis il fit advenir un monde individualiste
reposant uniquement sur la matière et les instincts bestiaux.
(…)
Et maintenant, le "cerveau-qui-pense-les-choses", sans que personne s’en doute,
entreprend d’exterminer l’humanité.
(…)
Le "cerveau-qui-pense-les-choses" use de son influence pernicieuse
pour que chaque homme se perde dans le monde de néant des illusions,
et par un tour de passe-passe particulièrement travaillé,
fait de l’homme son pantin à lui faire exploser la tête.
(…) (le cerveau) qui a pensé lui-même toutes les théories scientifiques
(…)
Le cerveau, qui pense pourtant jusqu’aux plus profonds mystères de l’univers,
laisse de côté uniquement ce qui concerne le cerveau lui-même ?...
Comme c’est étrange !
Parmi toutes les thèses et théories savantes, n’y en a-t-il pas une seule à ce jour
qui donne une explication correcte du fonctionnement du cerveau ?
D’autre part, n’est-ce pas une bien étrange étourderie que vous… ou, si vous préférez,
que les cerveaux de tous les savants du monde
qui pensent en lieu et place de vos cerveaux à vous,
ne se soient encore jamais rendu compte jusqu’à ce jour de cette contradiction ?
…Voyez !... Le cerveau humain a permis de faire aboutir les recherches
sur le corps humain dans toutes les directions. (…)
Or, que le cerveau, qui a organisé toutes ces recherches,
ait laissé celles sur le cerveau et ses maladies, seules parmi toutes ces disciplines,
dans le même dénuement qu’aux temps les plus reculés (…)
Exemple encore plus ironique et singulier : le somnambulisme.
À vrai dire les savants, sectateurs du cerveau omnipotent,
ont abandonné cette maladie comme inabordable et inexplicable,
car les somnambules titubants, comme s’ils se payaient la tête de ces savants,
se montrent capables de toutes sortes de miracles…
(…)
Voilà comment le cerveau de tous ces spécialistes qui croient à la superstition
du "cerveau siège de la pensée", "siège de l’émotivité" et "siège de la mémoire",
bouche les tuyauteries de toutes leurs capacités de jugement.
(…)
(…) les savant défendent le prestige de leur propre cerveau,
mais n’est-il pas comique que ces mêmes savants trouvent sous leur microscope
des animaux inférieurs sans cul ni tête, et donc bien sûr sans cerveau,
qui reconnaissent pourtant parfaitement le chaud du froid,
qui savent choisir leurs aliments selon leur goût,
et qui peuvent même prédire le temps qu’il va faire
avec une justesse dont l’homme est incapable ?
Par-dessus le marché, ces animaux inférieurs n’ont nul besoin de parler,
c’est avec leur corps qu’ils disent :
"Il n’y a pas besoin de cerveau pour penser les choses."
"Chez nous c’est notre corps entier qui est le cerveau."
(…) "mais comment le cerveau pourrait-il penser le cerveau ?"
(…)
Le secret du "truc" du cerveau…
de l’art des faux-fuyants de ce diable pire que tous les diables…
(…)
"Le cerveau-siège-de-la-pensée n’est pas capable
de penser le cerveau-siège-de-la-pensée", telle est la loi éternelle,
au même titre que le postulat de la physique
"Deux corps ne peuvent exister simultanément en un même point"
(…)
Notre âme… ou notre conscience vitale, elle n’est nulle part.
Elle est dans notre corps entier (…)
(…) ce qu’on appelle les désirs, les sentiments, la volonté, la mémoire, le jugement,
les convictions… tout ce qui est perpétuellement présent à notre conscience
est contenu en totalité et dans un égalité parfaite dans chacune
des trois mille milliards de cellules qui composent notre corps.
Ainsi le cerveau n’est rien de plus qu’un assemblage de cellules dont la fonction
est de transmettre le contenu de la conscience de chacune des cellules du corps
à l’ensemble de toutes les cellules du corps sans en oublier une seule.
Les rouges appellent chaque membre du Parti une cellule.
On peut donc considérer chaque cellule comme un être humain,
et assimiler le corps entier à une métropole,
au centre de laquelle se trouve le cerveau dans le rôle du central téléphonique.
Et on voit bien alors qu’il n’est que cela et rien de plus. (…)
C’est pour cela que chacune de ces cellules primordiales possède déjà
des facultés psychiques illimitées,
(une cellule) est capable d’exprimer, en fonction de l’environnement,
une conscience, des sentiments, une capacité de jugement.
Assimilant les corps organiques ou inorganiques extérieurs,
se multipliant se dédoublant,
elle possède même la faculté psychique de partager par action sympathique-réflexe
ses sensations et ses pensées avec ses compagnes cellules mitoyennes
issues de ce dédoublement.
(…)
Parmi ces êtres vivants de toutes sortes,
ceux qui présentent le plus faible degré d’évolution jusqu’aux méduses,
comme vous pouvez le constater, ne possèdent ni cerveau ni cellules nerveuses
ni aucun de ces organes chic-modernes.
(…)
Alors que les êtres vivants tels que nous qui ont évolué jusqu’à une complexité extrême,
comme vous le savez bien, ont une conscience complètement saturée.
La distance entre les cellules s’est agrandie,
la taille du corps a augmenté au point que dans votre baignoire vous faites bouger
vos doigts de pied en vous demandant "est-ce encore moi, là-bas au bout ?"
C’est pourquoi, tout comme les membres et les organes des sens se partagent le travail
chacun selon sa spécialité, pour ce qui est de la conscience,
un transmetteur central automatique à liaisons multiples
auquel on donne le nom de "cerveau" a été fabriqué,
qui transmet la conscience et les sensations des trois mille milliards de cellules du corps
dans toutes les directions par action sympathique-réflexe sans intervention de l’homme…
C’est alors que commencent à lui venir des idées, c’est moi qui suis moi…
c’est moi qui vis…
(…)
Les globes oculaires seuls ne voient rien.
Les oreilles seules n’entendent rient.
Tous ont besoin à l’arrière-plan des sensations et du jugement
de toutes les cellules du corps.
De la même façon, le cerveau seul ne peut ni penser ni sentir les choses.
À l’arrière-plan, il lui faut toutes les cellules du corps
à la fois dans leur subjectivité et leur objectivité.
Sans cela, le cerveau humain est aussi inutile
qu’un appareil de projection sans écran ni spectateurs. (…)
… Ahem… Le cerveau humain, comme je viens de vous l’expliquer,
est donc comme une sorte de catadioptre à réflecteurs sphériques
qui transmet par effet sympathique-réflexe la conscience de toutes les cellules
du corps petites et grandes et les focalise en un point unique.
De la même façon que l’œil de la libellule peut percevoir ce qui l’entoure
dans toutes les directions, le cerveau humain examine simultanément
l’univers plénier des sensations conscientes qui tournoient dans chacune
des trois mille milliard de cellules du corps.
(...) autrement dit l’individualité de l’homme, son identité spécifique,
contenue uniformément dans chacune de ses cellules,
comme le montrera mon expérience,
n’est rien d’autre que l’accumulation de l’activité psychologique
transmise héréditairement par toutes les générations de ses ancêtres sans exception…
en d’autres termes, ce que l’on appelle l’homme normal, donc,
est la manifestation de la rémanence psychologique
des innombrables expériences vécues par les générations de ses ancêtres,
unifiées par l’action sympathique-réflexe du cerveau
et maintenues mutuellement en harmonie en un point focal (…)
Référence du livre
Dogra Magra, de YUMENO Kyûsaku, éditions Philippe Picquier,
2003 (traduction française), et 2006 en édition Picquier poche.
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* Corps malmené, raison déficiente.
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Comme sur la route il y a des embouteillage?
RépondreSupprimerEt je pense a l'âme, elle est malade de temps en temps elle aussi
Bon weekend et merci pour ses texte qui font du mouvement :))
Lol, c'est le cerveau qui crée les embouteillages.
Supprimer:o
Oui, nos âmes sont malades, tout le temps, dans ce système ;
enfin, tant qu'on n'en prend pas soin, de notre âme,
ce qui se fait par le corps et au travers des relations que nous entretenons...
;)
Salut Cres
Eric,
RépondreSupprimerPassionnant. C'est clair que nous sommes souvent cébrébro triangulaires (ou pyramidaux si on a la 3d) comme dans la société et pourtant le cercle, c'est bien aussi.
Thierry
Tu veux dire "cérébro circulaire" 3d ?
SupprimerJ'crois que nous ne sommes même pas "triangulaires",
mais linéaires, soit : cérébro 2d
;o
Ciao Thierry